EDF : Le Maire a déjà eu de « longues discussions » avec la Commission européenne

Par latribune.fr  |   |  774  mots
(Crédits : GONZALO FUENTES)
Face à « l'option la plus probable » d'une coupure des approvisionnements de gaz russe, le ministre de l'Economie, des Finances et de la Relance négocie déjà avec son homologue à Bruxelles, la commissaire à la Concurrence Margrethe Vestager. « C'est maintenant que nous devons prendre les décisions », insiste Bruno Le Maire.

C'est l'annonce économico-politique de la semaine: la renationalisation d'EDF. Lors de son discours de politique générale le 6 juillet, la Première ministre a confirmé « l'intention de l'Etat de détenir 100% du capital d'EDF ».

« Cette évolution permettra à EDF de renforcer sa capacité à mener dans les meilleurs délais des projets ambitieux et indispensables pour notre avenir énergétique », a déclaré Elisabeth Borne devant l'Assemblée nationale.

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La coupure des approvisionnements doit être « l'option la plus probable »

L'objectif du gouvernement est clair: pouvoir entamer plus sereinement les discussions avec la Commission européenne, qui sera intransigeante sur le respect des règles de la concurrence, et donc très à cheval sur la régulation du nucléaire. Lors des Rencontres économiques d'Aix 2022, le ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle a rapporté, à quelques journalistes, avoir « eu de longues discussions avec (la commissaire à la Concurrence) Margrethe Vestager sur ce sujet, donc nous reprendrons nos très longues discussions ».

La nationalisation de l'énergéticien doit permettre d'agir plus vite face à une crise énergétique qui va être un « problème considérable », la coupure des approvisionnements de gaz russe étant « l'option la plus probable », a ajouté Bruno Le Maire cité par l'AFP.

« Nous sommes confrontés à une crise énergétique qui peut avoir un impact absolument majeur sur nos vies quotidiennes, sur l'emploi, sur le fonctionnement de nos entreprises, sur l'outil industriel français », a-t-il poursuivi.

Des débats légitimes avec les actionnaires

La montée au capital de 84 à 100% « change beaucoup de choses parce qu'il y a beaucoup de projets qui peuvent prendre parfois quelques semaines ou quelques mois de plus, parce qu'il y a des débats qui sont légitimes à partir du moment où il y a une part d'actionnaires qui ne sont pas des actionnaires de l'Etat », a encore dit le locataire de Bercy.

L'Etat devrait donc lancer une offre publique d'achat suivie d'un retrait obligatoire pour acquérir les quelque 16% du capital qu'il ne détient pas dans EDF. Pour cela, il va mandater une, voire plusieurs, banques d'affaires qui réaliseront une due diligence afin de déterminer le prix de l'offre. Il lui faut alors convaincre suffisamment d'actionnaires de vendre leurs titres pour détenir 90% du capital. A partir de ce seuil, l'actionnaire a alors la possibilité de retirer la société de la Bourse, car les titres restants aux mains du public sont obligatoirement apportés à une offre publique de retrait obligatoire (OPRO), même si les actionnaires restants ne sont pas d'accord sur le prix proposé.

« Là, vous aurez une unité de commandement totale. Cela nous permet de prendre des décisions plus rapides sur le sujet stratégique de la production d'électricité décarbonée en France », a embrayé le ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique.

« C'est maintenant que nous devons prendre les décisions »

A plus court terme, le gouvernement prépare pour l'hiver prochain une série de mesures pour prioriser les ménages et certaines industries en cas de production insuffisante d'électricité. « Il faut nous mettre en ordre de bataille maintenant sur l'organisation, le délestage, la sobriété, la réduction de consommation... C'est maintenant que nous devons prendre les décisions » a-t-il enchaîné, non sans ajouter que le sujet relevait de la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher.

« Le travail est en cours [...] On ne va pas exposer les Français les plus modestes à des hausses inconsidérées du prix de l'énergie. [...] Mais il faut passer de mécanismes généraux à des mécanismes plus ciblés », avait fait savoir, dès le 9 juillet, la cheffe du gouvernement, Elisabeth Borne, devant la presse à Aix-en-Provence.

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EDF vient en effet d'être contrainte de mettre à l'arrêt de manière imprévue 12 réacteurs, sur les 56 que compte le parc français, pour des problèmes de corrosion.  Néanmoins, la disponibilité des réacteurs sera normalement plus élevée cet hiver, continue-t-on d'assurer chez EDF.

« Traditionnellement, il y a un pic de maintenance l'été, quand la demande est plus faible. Plusieurs réacteurs reviendront sur le réseau d'ici à fin décembre, parmi lesquels des réacteurs à Civaux et Chooz », après remplacement des pièces touchées par le phénomène de corrosion sous contrainte, précise-t-on chez l'énergéticien.

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