Eolien en mer  : la France revoit ses objectifs de déploiement à la hausse

Par latribune.fr  |   |  834  mots
A ce jour un seul parc éolien est en service, depuis 2022 au large de Saint-Nazaire, et deux doivent commencer à tourner en 2023, à Saint-Brieuc et Fécamp. (Crédits : STEPHANE MAHE)
La France va devoir « probablement » encore revoir à la hausse ses objectifs de déploiement de l'éolien en mer pour faire face à ses besoins d'électricité. Un objectif de 40 gigawatts (GW) d'éolien offshore, soit environ 50 parcs, a été annoncé pour 2050 par Emmanuel Macron. La ministre Agnès Pannier-Runacher estime que cet objectif constitue un plancher.

Après le plan de sobriété énergétique, le gouvernement s'attaque désormais à une montée en puissance de la production d'électricité, grâce, en partie, au déploiement de l'éolien en mer. Un objectif de 40 gigawatts (GW), soit environ 50 parcs, a été annoncé pour 2050 par Emmanuel Macron.

Lire aussiL'Etat veut construire plus de nouveaux réacteurs nucléaires et plus d'éoliennes en mer

« Cet objectif de 40 GW, c'est très clairement un plancher, probablement pas un plafond. Ça va être un des enjeux de la loi de planification énergétique sur laquelle nous travaillons en ce moment », a déclaré Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, à l'ouverture du salon des énergies renouvelables marines Seanergy. Quarante GW en 2050, « ce sera environ un quart de notre électricité qui sera d'origine éolienne marine ».

Un processus de planification par façade maritime

Mais la France, avec à ce stade 8 GW de parcs installés ou dans les tuyaux, devra accélérer fortement le déploiement des installations. A ce jour un seul est en service, depuis 2022 au large de Saint-Nazaire. Deux doivent commencer à tourner en 2023, à Saint-Brieuc et à Fécamp. Un autre, situé à 11 km au large d'Yeu et à 16 km de Noirmoutier, devrait entrer en service au second semestre 2025. De nouveaux appels d'offres devraient être lancés d'ici la fin de l'année 2023 pour 2,5 GW, sur la base d'extensions de parcs déjà identifiées.

L'Etat vient en conséquence de lancer un processus de planification par façade maritime, avec débat public à l'automne, afin d'établir pour 2024 une cartographie des zones d'implantation. Concernant la Méditerranée, Agnès Pannier-Runacher a confirmé mardi une seconde zone d'implantation, à 22 km au large du golfe de Fos-sur-Mer, pour un parc flottant de 250 MW (10 à 20 éoliennes) avec mise en service « envisagée en 2031 » (avant extension ultérieure de 500 MW). Ce parc et son extension répondront aux besoins électriques d'environ 1,4 million d'habitants.

Lire aussiLe port de Nantes Saint-Nazaire fait le pari de l'éolien flottant

L'éolien flottant est une technologie encore émergente (contrairement aux parcs « posés »), sur laquelle la France compte placer son industrie. A ce stade, elle ne compte que des pilotes, mais trois appels d'offres commerciaux sont déjà lancés, au sud de la Bretagne, en Méditerranée au large de la Narbonnaise et, donc, au large de Fos. « Avec trois parcs commerciaux pour l'éolien posé, et trois fermes pilotes pour l'éolien flottant en phase de construction, jamais la France n'avait connu une telle activité pour l'éolien en mer », constate Frédéric Moncany de Saint-Aignan, président du Cluster Maritime, association des acteurs de l'économie maritime.

« Nous ne pouvons que nous réjouir du développement des énergies renouvelables », a réagi le maire de Fos, René Raimondi, regrettant cependant que « Fos demeure parfois le lieu d'élection de projets dont d'autres territoires ne veulent pas ».

Le choix de la zone de Fos-sur-Mer « fait de la Région Sud le terrain de jeu idéal pour l'éolien flottant », s'est félicitée la région Paca.

« Bâtir l'acceptabilité des parcs éoliens en mer »

Cette démarche est « aussi un levier pour bâtir avec les citoyens l'acceptabilité des parcs éoliens en mer, qui dans les années qui viennent pourront devenir une source de fierté collective comme le sont devenus nos barrages et nos centrales nucléaires », a souligné la ministre. « Dans un objectif de minimisation de l'impact sur la biodiversité », une campagne « inédite » d'acquisition de données sur trois ans sur les oiseaux du Golfe du Lion, portée par l'Office français de la biodiversité

Il « permettra la meilleure prise en compte des enjeux avifaune tout au long de la vie du projet », assure le ministère. Enfin, souligne la ministre de la Transition énergétique « je n'oublie par les autres énergies marines, qui ont toute leur place, en particulier l'hydrolien » (technologie en développement utilisant les courants marins).

7.500 emplois grâce aux énergies marines

Avec la future planification énergétique, les opérateurs d'hydroliennes voudraient retrouver le soutien de l'État, fortement réduit après la faillite en 2018 d'un acteur du secteur. Ils ont pu mettre en avant en début de semaine la création par la filière en 2022 de plus de 7.500 emplois (équivalent temps plein) en France, liés notamment à la construction des parcs. C'est plus de mille emplois nets en plus par rapport au bilan de l'an dernier, indique l'Observatoire des énergies marines, qui traite des données de la filière.

Le chiffre d'affaires global de la filière a approché l'an dernier deux milliards d'euros, à 1,95 milliard, dont un quart réalisé à l'export (par exemple par les Chantiers de l'Atlantique, qui se sont spécialisés dans la fabrication de sous-stations électriques pour les parcs). Outre l'éolien, l'Observatoire recense plus de 500 emplois dans les « technologies océaniques », notamment l'hydrolien, « un moteur nouveau et puissant » pour les prochaines années.

(Avec AFP)