EPR de Flamanville : accord au démarrage sous conditions

Par Dominique Pialot  |   |  569  mots
Le nouveau couvercle de l'EPR aurait d'ores et déjà été commandé au japonais JSW.
L'ASN a validé, ce 28 juin, le démarrage de la cuve de l'EPR mais EDF devra changer le couvercle d'ici fin 2024.

(Article publié le 28 juin à 14h49. Dernière mise à jour à 19h01)

Suite à la réunion d'un groupe d'experts lundi et mardi pour examiner des solutions proposées par EDF et Areva, concepteur de la cuve, aux anomalies annoncées par l'ASN (Autorité de sûreté nucléaire) en avril 2015, le gendarme du nucléaire organise de 28 juin une conférence afin de faire connaître "sa position et les orientations qu'elle envisage de retenir pour la cuve de l'EPR".

D'après les déclarations de personnalités ayant participé aux travaux des deux derniers jours, dont celles de Yannick Rousselet, chargé des questions nucléaires chez Greenpeace France, à l'AFP, la cuve a été validée à condition de contrôles intervenant pendant plusieurs semaines tous les deux ou trois ans. L'Autorité de sûreté nucléaire a considéré que "les caractéristiques mécaniques du fond et du couvercle de la cuve étaient suffisantes au regard des sollicitations auxquelles ces pièces sont soumises, y compris en cas d'accident", détaille un communiqué de presse. L'ASN a cependant demandé à EDF de changer le couvercle d'ici fin 2024.

Un coût encore alourdi par de nouvelles dépenses

Les contrôles ne sont toutefois pas envisageables techniquement sur le couvercle, également défectueux. C'est pourquoi un nouveau couvercle aurait d'ores et déjà été commandé au japonais JSW.

Cette décision, si elle est avérée, enlève une épine du pied de l'opérateur national, pour lequel une interdiction de démarrage pure et simple aurait pu définitivement sceller la fin de l'aventure EPR.

Elle s'accompagne cependant de dépenses supplémentaires et de nouveaux délais, qui pourraient refroidir les ardeurs de ses partenaires et clients. Selon M.Rousselet, plusieurs représentants de l'autorité nucléaire chinoise et de l'exploitant des réacteurs de Taïshan ont assisté à la réunion de lundi et mardi, de même qu'un représentant de l'autorité de sûreté britannique.

Les dépenses sont de deux ordres :  celles liées aux périodes d'arrêt du réacteur pour les contrôles de la cuve, exigés par l'ASN -  sachant que chaque jour d'arrêt entraîne un manque à gagner d'un million d'euros -, auxquelles s'ajoute l'achat d'un nouveau couvercle, qui se chiffrerait selon Greenpeace à plusieurs centaines de millions d'euros, venant alourdir un budget déjà passé de 3,5 milliards à 10,5 milliards d'euros.

Nouveau retard au démarrage de l'EPR...et de la transition ?

C'est aussi sur le front du calendrier que la décision est lourde de conséquences. Ce couvercle ne pouvant pas être livré avant 2024 en raison du carnet de commandes trop plein de son fabricant japonais, le seul capable de le fournir, cela contrarie l'ouverture jusqu'ici prévue pour 2019, avec déjà sept ans de retard sur le calendrier initial. A moins que le changement de couvercle soit autorisé après la mise en place de l'EPR, et non pas imposé comme un préalable à son démarrage.

En plus des réactions en chaîne que pourrait avoir ce nouveau retard sur l'activité EPR d'EDF et donc sur sa situation financière, la fermeture de Fessenheim étant conditionnée à la mise en service de Flamanville, symboliquement, c'est le coup d'envoi de la transition énergétique française qui s'en trouve retardé. A moins que le nouvel exécutif impose à EDF de déconnecter les deux événements.