L’UE plafonne le prix du gaz : « Inacceptable », dénonce la Russie

Par latribune.fr  |   |  579  mots
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a condamné l'accord sur le plafonnement du prix du gaz par l'Europe. (Crédits : SPUTNIK)
Lundi, les Vingt-sept se sont accordés sur un plafonnement des prix de gros du gaz dès qu'ils dépasseront 180 euros le mégawattheure (MWh) pendant trois jours consécutifs. Une décision vivement condamnée par Moscou qui y voit « une violation du processus de marché pour la formation des prix ».

C'était attendu : le Kremlin voit d'un mauvais œil la décision des Vingt-sept de plafonner le prix de gros du gaz. Les Etats membres de l'Union européenne sont, en effet, parvenus à un accord, lundi. Il consiste en un mécanisme permettant de plafonner les prix de gros du gaz dès qu'ils dépasseront 180 euros le mégawattheure (MWh) pendant trois jours consécutifs.

Le sujet avait donné lieu à d'âpres négociations. Une partie des Etats membres, dont l'Espagne, la Pologne, la Grèce ou encore l'Italie réclamaient un net assouplissement des conditions d'activation du mécanisme. À l'inverse, d'autres, à l'instar de l'Allemagne, des Pays-Bas ou encore de l'Autriche, se montraient réticents à toute intervention et exigeaient des « garde-fous » drastiques pour éviter qu'un plafonnement menace les approvisionnements européens. Le risque étant que les fournisseurs de gaz naturel liquéfié (GNL) délaissent l'Europe au profit de clients asiatiques payant leur gaz à des prix plus attractifs.

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Pour y remédier, les États se sont entendus pour n'activer le plafond que si la différence entre le prix du TTF et le prix mondial du gaz naturel liquéfié (GNL) est égale ou supérieure à 35 euros. Le mécanisme peut également être désactivé à la demande de la Commission européenne en cas d'urgence. D'autres dispositions prévoient, par ailleurs, sa suspension automatique, notamment si la demande de gaz augmente de 15 % en un mois ou de 10 % en deux mois, si les importations de GNL diminuent de manière significative, ou encore si le volume négocié sur le TTF diminue de manière significative par rapport à la même période de l'année précédente.

« Garde-fous » ou pas, la Russie juge, elle, cet accord « inacceptable ». « C'est une violation du processus de marché pour la formation des prix », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, cité par les agences de presse russes. « Toute référence à un "plafonnement" (des prix) est inacceptable », a-t-il insisté.

Un plafonnement des prix du pétrole déjà en vigueur

Moscou subit déjà les conséquences du plafonnement des prix du pétrole, en vigueur depuis peu par les Européens. Seul le pétrole russe vendu à un prix égal ou inférieur à 60 dollars le baril peut, en effet, continuer à être livré. Ainsi, au-delà de ce prix, il est interdit pour les entreprises basées dans les pays de l'UE, du G7 et en Australie de fournir les services permettant le transport maritime (négoce, fret, assurance, armateurs, etc.).

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En guise de représailles, Vladimir Poutine a menacé l'Occident de « réduire la production » de pétrole russe « si nécessaire », assurant que : « le plafond proposé (à 60 dollars) correspond aux prix auxquels nous vendons aujourd'hui. En ce sens, cela ne nous affecte en rien ». Pour les pays importateurs de pétrole russe, « suivre cette solution nocive "non-marchande" serait stupide pour tout le monde », a-t-il lancé face à la presse. Un tel mécanisme « concerne tout le monde », a-t-il encore ajouté « puisque si quelqu'un convient une fois que le consommateur déterminera le prix, cela conduira à l'effondrement de l'industrie (pétrolière), car le consommateur insistera toujours pour que le prix soit le plus bas possible ». Et d'insister : « Nous ne serons perdants sous aucun prétexte ».

(Avec AFP)