Face à la flambée des prix du gaz et de l'électricité ces derniers jours, la présidence tchèque de l'Union européenne a convoqué un conseil extraordinaire des ministres de l'Energie ce vendredi 9 septembre. A l'issue de cette réunion, les ministres semblent s'accorder sur un point : la nécessité de plafonner le plus rapidement possible les prix du gaz naturel. En revanche, le périmètre de ce plafonnement et la manière d'y parvenir restent encore très flous.
Pour rappel, agir sur le prix du gaz permet également d'agir sur les cours de l'électricité puisque ces derniers, lors des pics de demande, s'ajustent mécaniquement au coût de fonctionnement des centrales à gaz, aujourd'hui très élevés.
Mercredi dernier, Ursula von der Leyen, la cheffe de l'exécutif européen avait présenté cinq mesures, encore à l'étude, pour endiguer les prix stratosphériques de l'énergie. Parmi elles, la volonté de plafonner les prix du gaz russe importé par gazoducs.
Plafonner le prix du gaz, quelle que soit son origine
« Mais les ministres [européens de l'Energie, ndlr] ont demandé aujourd'hui d'analyser un plafonnement pour le reste du gaz importé par l'Union européenne », a souligné Kadri Simson, la commissaire européenne à l'Énergie.
C'est notamment le cas de la Croatie qui, lors de la séance publique, s'est dite favorable « au plafonnement du prix du gaz, quelle que soit l'origine du gaz ». Une position également défendue clairement par la Pologne.
« Il y a une réflexion qui est plus large que le plafonnement du seul gaz russe, qui est livré par gazoducs. De manière générale, les pays appellent à réfléchir au plafonnement du prix du gaz. La question se pose en termes techniques différents qu'il s'agisse de gaz importé [par voies maritimes, ndlr] ou du gaz qui arrive par gazoducs. Tous ces sujets sont aujourd'hui sur la table », a commenté, en marge de ce conseil, la ministre française de l'Energie Agnès Pannier-Runacher.
« Une affaire compliquée »
« Le plafond du prix du gaz s'envisage sur le plan du marché et c'est une affaire compliquée », a reconnu Kadri Simson. « Il faut réfléchir à l'impact que cela génèrerait. Il nous faut plus de temps afin de définir plus clairement où ce plafond se situerait et comment il serait mis en œuvre », a-t-elle ajouté.
La commissaire européenne de l'Energie a notamment fait part de ses doutes sur le plafonnement du prix des importations de gaz naturel liquéfié (GNL), qui, selon elle, pourrait « constituer un risque sur la sécurité d'approvisionnement » de l'Union européenne, « car le GNL est un marché mondial », où la compétition est de plus en plus vive. Difficile donc d'être en position de force pour négocier.
« Ce qui est intéressant c'est qu'il y a une volonté commune d'avancer sur ce sujet-là et c'est un message très fort envoyé aux marchés pour éviter qu'il y aient des transactions financières sur le marché du gaz qui s'apparentent à un jeu et pas à une réalité physique des flux énergétiques » a pointé, pour sa part, Agnès Pannier-Runacher.
Plafonner les prix de l'électricité produite à partir de gaz dans l'UE
De ces commentaires, une certitude se dessine : aujourd'hui, aucune solution concrète et unique n'apparaît clairement. En attendant, la France continue, elle, de plaider pour une extension du régime d'exception dont bénéficient actuellement l'Espagne et le Portugal.
Concrètement, Madrid et Lisbonne plafonnent le prix du gaz fossile à 40 euros le MWh afin d'abaisser largement le coût de fonctionnement des centrales à gaz, auquel s'ajustent les autres opérateurs (renouvelable, nucléaire ou au charbon). Ainsi, si le gaz importé en Espagne coûte 300 euros le MWh, l'Etat paie la différence entre 40 et 300 euros. Cela revient, en quelque sorte, à subventionner le gaz naturel.
Cette mesure apparaît efficace pour faire baisser le cours de l'électricité. En effet, depuis plusieurs mois, les prix sur les marchés de gros des deux pays ibériques ont été nettement inférieurs à ceux du reste de l'Union européenne - entre 150 et 200 euros le MWh en moyenne, quand la France peine à descendre sous les 400.
Une nouvelle réunion d'urgence fin septembre
L'extension de ce mécanisme est aussi « soutenue par la Suède », a affirmé Agnès Pannier-Runacher, tandis que l'Italie et l'Autriche se sont également montrées favorables à un « découplage des prix du gaz de ceux de l'électricité ».
Outre la création d'un plafond, l'achat groupé de gaz à l'échelle européenne, sur le même modèle que l'achat groupé de vaccins, permettrait de négocier des prix à la baisse. Cette option a largement été poussée par les ministres européens de l'énergie. Toutefois, pour l'heure, aucun achat commun de gaz n'a encore été effectué.
« Nous testons des options préliminaires, un groupe consultatif d'industriels va bientôt être mis en place. Il faut encore mettre en place les éléments juridiques nécessaires », a précisé Kadri Simson.
A la fin des échanges, les ministres se sont dits prêts à se réunir à nouveau d'ici la fin du mois de septembre pour acter des mesures exceptionnelles destinées à contrer la flambée des prix de l'énergie.