Les Européens veulent plafonner le prix du gaz…sans savoir comment faire

Plusieurs Etats membres de l'Union européenne veulent temporairement plafonner le prix du gaz, quelle que soit son origine. C'est-à-dire pas uniquement le gaz russe comme l'avait initialement préconisé Bruxelles. Cette mesure permettrait aussi de faire baisser les cours de l'électricité. Reste que sa mise en œuvre demeure encore très floue.
Juliette Raynal
Au-delà de la volonté de plafonner le prix du gaz, la réunion d'aujourd'hui entre les ministres de l'Energie européens n'a pas accouché de solutions concrètes.
Au-delà de la volonté de plafonner le prix du gaz, la réunion d'aujourd'hui entre les ministres de l'Energie européens n'a pas accouché de solutions concrètes. (Crédits : Reuters)

Face à la flambée des prix du gaz et de l'électricité ces derniers jours, la présidence tchèque de l'Union européenne a convoqué un conseil extraordinaire des ministres de l'Energie ce vendredi 9 septembre. A l'issue de cette réunion, les ministres semblent s'accorder sur un point : la nécessité de plafonner le plus rapidement possible les prix du gaz naturel. En revanche, le périmètre de ce plafonnement et la manière d'y parvenir restent encore très flous.

Pour rappel, agir sur le prix du gaz permet également d'agir sur les cours de l'électricité puisque ces derniers, lors des pics de demande, s'ajustent mécaniquement au coût de fonctionnement des centrales à gaz, aujourd'hui très élevés.

Mercredi dernier, Ursula von der Leyen, la cheffe de l'exécutif européen avait présenté cinq mesures, encore à l'étude, pour endiguer les prix stratosphériques de l'énergie. Parmi elles, la volonté de plafonner les prix du gaz russe importé par gazoducs.

Plafonner le prix du gaz, quelle que soit son origine

« Mais les ministres [européens de l'Energie, ndlr] ont demandé aujourd'hui d'analyser un plafonnement pour le reste du gaz importé par l'Union européenne », a souligné Kadri Simson, la commissaire européenne à l'Énergie.

C'est notamment le cas de la Croatie qui, lors de la séance publique, s'est dite favorable « au plafonnement du prix du gaz, quelle que soit l'origine du gaz ». Une position également défendue clairement par la Pologne.

« Il y a une réflexion qui est plus large que le plafonnement du seul gaz russe, qui est livré par gazoducs. De manière générale, les pays appellent à réfléchir au plafonnement du prix du gaz. La question se pose en termes techniques différents qu'il s'agisse de gaz importé [par voies maritimes, ndlr] ou du gaz qui arrive par gazoducs. Tous ces sujets sont aujourd'hui sur la table », a commenté, en marge de ce conseil, la ministre française de l'Energie Agnès Pannier-Runacher.

« Une affaire compliquée »

« Le plafond du prix du gaz s'envisage sur le plan du marché et c'est une affaire compliquée », a reconnu Kadri Simson. « Il faut réfléchir à l'impact que cela génèrerait. Il nous faut plus de temps afin de définir plus clairement où ce plafond se situerait et comment il serait mis en œuvre »a-t-elle ajouté.

La commissaire européenne de l'Energie a notamment fait part de ses doutes sur le plafonnement du prix des importations de gaz naturel liquéfié (GNL), qui, selon elle, pourrait « constituer un risque sur la sécurité d'approvisionnement » de l'Union européenne, « car le GNL est un marché mondial », où la compétition est de plus en plus vive. Difficile donc d'être en position de force pour négocier.

« Ce qui est intéressant c'est qu'il y a une volonté commune d'avancer sur ce sujet-là et c'est un message très fort envoyé aux marchés pour éviter qu'il y aient des transactions financières sur le marché du gaz qui s'apparentent à un jeu et pas à une réalité physique des flux énergétiques » a pointé, pour sa part, Agnès Pannier-Runacher.

Plafonner les prix de l'électricité produite à partir de gaz dans l'UE

De ces commentaires, une certitude se dessine : aujourd'hui, aucune solution concrète et unique n'apparaît clairement. En attendant, la France continue, elle, de plaider pour une extension du régime d'exception dont bénéficient actuellement l'Espagne et le Portugal.

Concrètement, Madrid et Lisbonne plafonnent le prix du gaz fossile à 40 euros le MWh afin d'abaisser largement le coût de fonctionnement des centrales à gaz, auquel s'ajustent les autres opérateurs (renouvelable, nucléaire ou au charbon). Ainsi, si le gaz importé en Espagne coûte 300 euros le MWh, l'Etat paie la différence entre 40 et 300 euros. Cela revient, en quelque sorte, à subventionner le gaz naturel.

Cette mesure apparaît efficace pour faire baisser le cours de l'électricité. En effet, depuis plusieurs mois, les prix sur les marchés de gros des deux pays ibériques ont été nettement inférieurs à ceux du reste de l'Union européenne - entre 150 et 200 euros le MWh en moyenne, quand la France peine à descendre sous les 400.

Une nouvelle réunion d'urgence fin septembre

L'extension de ce mécanisme est aussi « soutenue par la Suède », a affirmé Agnès Pannier-Runacher, tandis que l'Italie et l'Autriche se sont également montrées favorables à un « découplage des prix du gaz de ceux de l'électricité ».

Outre la création d'un plafond, l'achat groupé de gaz à l'échelle européenne, sur le même modèle que l'achat groupé de vaccins, permettrait de négocier des prix à la baisse. Cette option a largement été poussée par les ministres européens de l'énergie. Toutefois, pour l'heure, aucun achat commun de gaz n'a encore été effectué.

« Nous testons des options préliminaires, un groupe consultatif d'industriels va bientôt être mis en place. Il faut encore mettre en place les éléments juridiques nécessaires », a précisé Kadri Simson.

A la fin des échanges, les ministres se sont dits prêts à se réunir à nouveau d'ici la fin du mois de septembre pour acter des mesures exceptionnelles destinées à contrer la flambée des prix de l'énergie.

Juliette Raynal
Commentaires 25
à écrit le 26/09/2022 à 14:41
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L'occident et son deux poids deux mesures, une histoire sans fin. si vous voulez plafonner le gaz algérien, eux aussi ont le droit de vous demander le plafonnement des prix des produits que vous exporter : blé, médicaments, machines industriels, voi...

à écrit le 11/09/2022 à 9:47
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@Valbel89, si vous étiez au courant des plans occidentaux pour l'Ukraine, vous sauriez que les Ukrainiens ont déjà perdu leurs libertés. A l'issu de cette guerre, ils seront soumis soit à la Russie, soit aux financiers de l'UE et des EU. Quelque soit...

à écrit le 10/09/2022 à 22:03
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Ah, une belle brochette incompétents... Il suffit de décréter une mesure exceptionnelle comme l’état de guerre ou de menace sur les intérêts économiques et stratégiques pour imposer à tous fournisseurs de l'UE de respecter un prix plancher sans contr...

le 11/09/2022 à 11:14
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Vous voulez expliquer au Quatar que dorénavant il doit vous vendre son gaz a un prix P sinon vous nationalisez ? le PSG ? Ou alors Engie, doit vous vendre à P sinon elle est nationalisée mais elle continuera à acheter > P au Quatar et donc devra fair...

le 11/09/2022 à 13:16
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la verite est que m macron a une grande part de responsabilite dans la crise energetique et qu'il refuse d'assumer ce' n'est pas aux francais de payer son incompetences lui seul doit trouver la solution ou degager

le 11/09/2022 à 16:44
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OK les fournisseurs sont à l'étranger... vous ne savez pas vraiment comment fonctionne le marché des hydrocarbures, hein ? Total a des concessions dans tous les pays producteurs... Le Quatar a ses propres entreprises, tout comme les EAU ou la Russie,...

à écrit le 10/09/2022 à 20:44
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Je vous conseille d'écouter l'intervention de Poutine à Vladivostok avec l'excellent Président xi: il est sûr de lui et les sanctions occidentales n'ont aucuns effets sur la Russie et son alliance stratégique avec la Chine communiste le fera gagner p...

à écrit le 10/09/2022 à 15:19
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En attendant le résultat des courses de l'UE, à Saint-Pétersbourg et Moscou, ça commence à sentir le gaz pour le tsar. Députés: SPb, 07/09, demande de dépôt pour "accusations de haute trahison" Moscou, 08/09, demande de démission. Infos publiques...

à écrit le 10/09/2022 à 14:11
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Vous avez accepté des ausweiss pour promener son chien, un confinement obligatoire sauf pour aller travailler, les passes vaccinaux, les interdictions de travailler pour les non vaccinés et les "fact checking" orientés des media, ne me parlez pas de ...

à écrit le 10/09/2022 à 14:11
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Vous avez accepté des ausweiss pour promener son chien, un confinement obligatoire sauf pour aller travailler, les passes vaccinaux, les interdictions de travailler pour les non vaccinés et les "fact checking" orientés des media, ne me parlez pas de ...

le 11/09/2022 à 11:20
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nous sommes libres de critiquer ces décisions, c'est pas rien. Pour le reste, dès lors qu'il y a un état des lois et une police, la liberté n'est jamais totale. La liberté totale ne permet pas la vie en société, il faut bien un compromis. J'ai bien ...

à écrit le 10/09/2022 à 8:19
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Au cas où certains l'auraient oublié c'est bien le vendeur qui fait le prix,. Le client lui ne peut qu'accepter ou aller voir ailleurs si le gaz est meilleur et moins cher! Les rodomontades de la Commission de Bruxelles ne servent qu'à donner l'illus...

à écrit le 10/09/2022 à 1:17
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Je propose de construire un kiosque à Bruxelles pour plafonner le prix du gaz. C'est à se demander pourquoi nous payons aussi cher nos députés européens s'ils sont obligés de quémander aux médias des solutions pour avancer leur carrière politiq...

à écrit le 09/09/2022 à 21:39
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Votre histoire ressemble à celle où les souris avaient décidé d'aller attacher un grelot au cou du chat de manière à être alerté de tout mouvement de chat, ainsi ce dernier ne pourrait plus les embêter. Sauf que le problème a été de trouver quel ind...

à écrit le 09/09/2022 à 21:32
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Moi aussi je veux plafonner le prix de mes courses, mais Lidl, refuse de me laisser plafonner le lait à 10ct, pourtant, je leur ai dit: "Prend ca Poutine"

le 09/09/2022 à 22:07
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@remi Faut pas aller chez Lidl ( ou Aldi). Il faut acheter local en circuit court 😇

le 10/09/2022 à 8:35
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En parlant de bouffe : Le 24 juin 2022, l’Union européenne faisait sauter le plafond de 70 000 tonnes de viande de volaille d’Ukraine pouvant entrer sans droit de douane sur le marché commun. Selon Gilles Huttepain, vice-président de l’interprofe...

à écrit le 09/09/2022 à 20:56
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Si on doit continuer à imiter toutes les imbécilités de nos voisins européens, pourvu qu'ils ne décident pas de sauter par la fenêtre...

à écrit le 09/09/2022 à 20:21
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Il y a un livre intéressant qui explique que les femmes et les hommes parlent un langage différent "Les hommes viennent de mars et les femmes de vénus". Là c'est un peu pareil, les élus démocratiques européens et les acteurs économiques parlent un la...

à écrit le 09/09/2022 à 19:49
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Bruxelles est la maison des lapins crétins ! Il n'y a plus de doute .

à écrit le 09/09/2022 à 19:13
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J'aime.... quand tout se passe sans accros!! Mais, depuis que nos voisins ne savent pas quoi faire, on les imite! ;-) C'est beau l'administration de Bruxelles!

à écrit le 09/09/2022 à 18:39
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L'Europe s'enterre de plus en plus dans le déni de la réalité

le 09/09/2022 à 19:24
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Et vous proposez quoi ?

le 09/09/2022 à 20:05
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@marc469 : Je propose de laisser les prix de l'énergie monter. Plus vite on sera face à la réalité, plus vite on fera attention à ce qu'on consomme, et plus vite on sera responsabilisés. Peut-être aussi que l'opinion publique changera par rapport aux...

le 09/09/2022 à 22:12
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@ réponse de Charlie Vous troquez la liberté des Ukrainiens pour des m3 de gaz ou des gallons de pétrole...sans imaginer une seconde que la liberté des Ukrainiens est aussi la notre, accessoirement la vôtre, à moins que vous aimiez ce que fait Pouti...

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