La Chine aurait-elle dépensé des milliards pour... contaminer l'eau des robinets de Pékin ?

Par Arezki Amarouche  |   |  330  mots
Pour libérer l'espace nécessaire à ce projet qui a coûté plus de 80 milliards de dollars, environ 500.000 chinois ont dû se déplacer, où se sont faits reloger.
Pour alimenter toute sa population en eau, la Chine a entamé la construction d'un projet de transfert d'eaux du sud au nord. Mais écologistes et scientifiques affirment que ce projet est responsable d'un taux très dangereux de plomb à l'intérieur de réservoirs d'eau.

"Un niveau dangereux" de plomb a été détecté dans un des réservoirs de Pékin, qui fournit plus de la moitié des robinets de la ville, affirment des chercheurs de l'Académie Chinoise de Sciences et de l'Institut Australien des Rivières dans une étude publiée par le Journal de l'Environnement et de l'Informatique.

Entre 2007 et 2010, le réservoir de la ville de Danjiangkou contenait 200 microgrammes de plomb par litre d'eau, soit une concentration vingt fois plus élevée que les niveaux considérés "sans dangers" par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

L'étude a également constaté "des augmentations dramatiques" d'azote, d'ammonium, de chrome, et d'arsenic.

500.000 personnes déplacés et 80 milliards de dollars pour un projet

Cependant, du côté du gouvernement chinois, les autorités assurent que dans 70% des cas, le niveau de plomb présent dans les réservoirs était inférieur à 10 microgrammes par litre, soit beaucoup moins que la norme nationale (50 microgrammes/l).

Pourtant, la sécurité, la valeur, et le matériel du projet de transfert d'eaux du sud au nord de la Chine sont désormais remis en cause.

De plus, pour libérer l'espace nécessaire à ce projet qui a coûté plus de 80 milliards de dollars, environ 500 milles personnes ont dû se déplacer, ou se sont faites reloger, affirme le journal Quartz. Pire encore, il aurait apparemment conduit à de graves dommages environnementaux dans les rivières alentours.

Un projet qui engendrera la disparition de certaines rivières chinoises

En 2020, soit à la fin du 13e plan quinquennal de développement national, le gouvernement voudrait atteindre une capacité de production de 350 gigawatts grâce à ses barrages hydroélectriques. Mais selon les écologistes, cela reviendrait à endommager d'autant plus les rivières du sud-ouest de la Chine, qui alimentent les réservoirs d'eau.

«À la fin du 13ème plan, les rivières du sud-ouest de la Chine auront essentiellement disparu", assure au Financial Times Stephanie Jensen-Cormier, porte-parole de l'ONG International Rivers.