Le pétrole à 20 dollars : Total va se serrer la ceinture

Par Jérôme Marin  |   |  525  mots
(Crédits : Stephane Mahe)
En raison du plongeon des cours du baril, le groupe français va réduire ses investissements cette année et suspendre les embauches. Mais il continuera à verser des dividendes.

"Nous ne pouvons pas ne rien faire". Face au plongeon des cours du brut, qui ont été divisés par près de trois depuis le début de l'année, Total va se serrer la ceinture. Le groupe pétrolier va notamment réduire ses investissements cette année, mais ne prévoit pas d'abaisser ses dividendes. "J'ai une grande confiance dans notre capacité à résister à cette crise", assure Patrick Pouyanné, le patron de Total, dans un message vidéo adressé à l'ensemble des salariés.

 A 25 dollars pour le Brent à Londres, le baril de brut évolue à son plus bas niveau le début des années 2000. Les cours sont victimes d'un double choc. Un choc de demande, d'abord, précipité par l'épidémie de coronavirus et ses conséquences sur l'économie. Un choc d'offre, ensuite, en raison du conflit opposant l'Arabie saoudite et la Russie, deux des trois plus gros producteurs mondiaux, après l'échec de leurs négociations pour réduire la production afin de soutenir les prix.

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Pour Total, la chute des cours pourrait représenter un "trou de 9 milliards de dollars" en 2020. A condition toutefois que le baril se maintienne autour des 35 dollars en moyenne sur l'ensemble de l'année. Une hypothèse qui pourrait être jugée optimiste, tant la récession de l'économie mondiale s'annonce sévère. Les mesures annoncées lundi par Total devraient permettre de combler pour environ 5 milliards de dollars. Le solde sera compensé par un recours accru à l'endettement, a indiqué Patrick Pouyanné.

Gel des embauches

Concrètement, Total va réduire ses investissements de 20%, ce qui représentera une économie de 3,3 milliards de dollars. La majorité de cet effort concernera l'exploration-production, le métier qui demande le plus d'investissements. La société va par ailleurs doubler son programme d'économies, espérant désormais réduire ses coûts d'exploitation de 800 millions d'euros. Cela passera notamment par le "gel immédiat" des recrutements, sauf dans des secteurs jugés prioritaires comme les énergies nouvelles et le numérique.

Enfin, Total va interrompre son programme de rachat d'actions, qui aurait dû se chiffrer à deux milliards de dollars en 2020. Cela représentera une économie de 1,5 milliard d'euros - le groupe avait déjà racheté pour 500 millions de dollars de ses propres titres depuis le début de l'année. En revanche, Patrick Pouyanné n'a pas annoncé une baisse des dividendes. Un moyen de ne pas plomber encore davantage le cours de son action, qui a déjà été divisé par deux depuis début janvier.

"Nous sommes dans une situation très différente par rapport à celle de 2014", date de la précédente chute des cours du pétrole, promet le directeur général de Total. Exemple: le point mort, le prix du baril qui permet à la société d'être rentable, a été divisé par quatre en six ans. Il est passé de 100 dollars à 25 dollars. Les coûts de production ont été réduits de moitié, tombant à 5 dollars le baril. Et le niveau d'endettement a fortement été abaissé.