En pleine relance de son programme nucléaire, la Suède tend la main à la France. Le Premier ministre suédois Ulf Kristersson a évoqué, ce mardi à l'occasion d'une visite à Paris, la possibilité d'un partenariat avec la France pour construire les futures centrales nucléaires du pays scandinave, qui a pris la tête de la présidence tournante de l'Union européenne le 1er janvier.
« Le partenariat franco-suédois dispose d'un bon potentiel en matière d'énergie nucléaire », a affirmé Ulf Kristersson dans la cour de l'Elysée aux côtés du président français Emmanuel Macron. « Le nouveau gouvernement suédois est déterminé à construire de nouvelles centrales nucléaires et nous sommes très impressionnés par l'expérience française (...) ».
« Je suis entièrement ouvert à ce que la France soit un des pays qui fassent en sorte que la Suède ait plus de nucléaire », a-t-il ajouté, précisant à des journalistes suédois que la Suède a « besoin d'acheter deux réacteurs nucléaires ».
La relance du nucléaire, un tournant en Suède
Arrivé aux affaires mi-octobre, la nouvelle coalition de droite, où figurent les nationalistes des Démocrates de Suède (SD), a promis dès son entrée que de nouveaux réacteurs allaient être bâtis, en rupture totale avec la politique du précédent gouvernement. La relance du nucléaire y est populaire, y compris chez l'activiste Greta Thunberg qui s'y dit favorable. Sous les Sociaux-Démocrates au pouvoir pendant huit ans, la Suède avait réduit de moitié sa production électro-nucléaire.
Six de ses douze centrales ont été fermées. Aujourd'hui, le nucléaire fournit un tiers de la production d'électricité locale. Les six réacteurs actuellement en opération sur trois centrales différentes dans le pays datent de la décennie 1975-1985.
L'industrie nucléaire française est déjà présente en Scandinavie. En Finlande, Areva achève aux côtés de Siemens l'EPR Olkiluoto 3 qui devrait fonctionner en 2023 malgré douze ans de retard dans les travaux.
Désormais, les voisins finlandais et suédois veulent miser sur des réacteurs nucléaires de petites tailles SMR, identiques à ceux qu'Emmanuel Macron veut développer en France. Dans les pays nordiques, les industriels français feront face à la concurrence locale, notamment celle de l'énergéticien finlandais Fortum, qui entend se spécialiser sur ce segment des petits réacteurs.
(Avec AFP)