Présidence de l'Union européenne : la Suède pourrait mettre « l'immigration au centre des débats »

ENTRETIEN. Le 1er janvier, la Suède a pris la présidence du Conseil de l'Union européenne pour six mois. Si cette fonction ne revêt pas pour Stockholm la même importance que pour la République tchèque, qui l'a précédée, elle devrait, néanmoins, lui permettre d'imposer à l'agenda certains débats, notamment l'immigration ou encore l'écologie. En outre, ce premier semestre devrait être marqué par les divisions des Vingt-Sept qui peinent à s'accorder sur la réponse à opposer au protectionnisme américain. Sandrine Levasseur, économiste à l’OFCE Science Po, fait le point pour La Tribune sur ce qu’on peut attendre de cette présidence suédoise.
Coline Vazquez
La 1er janvier, la Suède a pris la présidence de l'Union européenne pour six mois.
La 1er janvier, la Suède a pris la présidence de l'Union européenne pour six mois. (Crédits : Reuters)

C'est désormais au tour de la Suède. Depuis le 1er janvier, le pays a pris la présidence de l'Union européenne (UE), plus précisément du Conseil de l'UE pour six mois. Elle succède à la République tchèque et, avant elle, à la France qui avait occupé le poste du 1er janvier au 30 juin 2022. Mais contrairement à ses deux prédécesseures, qui ont multiplié les réunions de ministres et imposer des sujets forts au cours de leur mandat, sur fond d'une actualité européenne mouvementée, la Suède est, pour l'instant, restée vague sur ceux qui seront à l'honneur durant cette demi-année. Maintenir l'unité des Vingt-Sept sur l'Ukraine face à l'agression russe, le climat, et la défense des « valeurs fondamentales », tels sont les objectifs annoncés par le Premier ministre Suédois, Ulf Kristersson. Néanmoins, un point devrait s'imposer : celui de la compétitivité économique des Vingt-Sept et la réponse à apporter au protectionnisme affiché outre-Atlantique avec le plan « Inflation Reduction Act » américain. De quoi susciter des débats au sein des pays membres entre partisans d'un libéralisme affiché comme la Suède et ceux qui, comme l'Allemagne, aimeraient voir l'UE protéger ses entreprises. Pour La Tribune, Sandrine Levasseur, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE)-Sciences Po, fait le point sur ce qu'on peut attendre de cette présidence qui s'annonce « en demi-teinte ».

Sandrine Levasseur

[Sandrine Levasseur, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE)-Sciences Po. Crédit : DR]

Cette présidence était-elle très attendue par la Suède à l'instar de la République Tchèque et de la France avant elle ?

Il est vrai que pour la France et surtout la République Tchèque occuper la présidence du Conseil de l'Union européenne avait une valeur symbolique très importante. En ce contexte de guerre en Ukraine, cela a permis à Prague d'affirmer une fois de plus son appartenance à l'UE et à ses valeurs démocratiques. Or, si les Suédois ont toujours été pro-européens, bien qu'une partie ait voté pour le parti des Démocrates de Suède (DS) qui prônait, jusqu'à il y a peu, la sortie de l'UE, il ne faut pas oublier qu'ils ne font pas partie de la zone euro (les 20 pays à avoir adopté la monnaie unique, ndlr) et n'en feront jamais partie. Il n'est donc pas certain que cela soit une grande présidence avec de grands enjeux. Le pays n'a d'ailleurs pas organisé de passage de flambeau avec la République Tchèque, comme cette dernière l'avait fait avec la France, ni encore annoncé de réunion avec les ministres des Etats membres. Tout va dépendre de l'actualité. Néanmoins, occuper la présidence de l'UE permet au pays en question d'imposer certains sujets, de les mettre sur le haut de la pile. Durant son mandat, la Slovénie avait, par exemple, mis en avant le débat sur l'élargissement de l'UE aux pays des Balkans.

Quels sujets la Suède pourrait-elle placer au centre de cette présidence ?

Il y a les questions d'approvisionnement énergétique, car ce sont des questions clé pour bon nombre de pays de l'UE. Un autre sujet devrait également se trouver au centre des débats : celui de l'immigration. Comme l'énergie, c'est une préoccupation pour l'ensemble des Etats membres et qui pourrait constituer une priorité pour la Suède compte tenu de son gouvernement dans lequel les Démocrates de Suède occupent une place importante du fait de leur large victoire aux élections législatives. D'autant qu'en novembre et en décembre, l'UE a connu de nouveaux afflux de réfugiés sur le territoire européen notamment par l'Italie. C'est donc un sujet qui revient sur le devant de la scène. Il est d'ailleurs au coeur des débats sur l'intégration au sein de l'espace Schengen de la Roumanie et la Bulgarie. L'Autriche a, en effet, brandi son véto, mettant en lumière les craintes que ces deux pays ne parviennent pas à contrôler leurs frontières externes. Enfin, la question de la transition écologique pourrait également être portée par la présidence suédoise, le pays ayant pris ces dernières années une série de mesures en ce sens. Ce n'est pas du tout un mauvais élève, au contraire, l'ancien gouvernement, à gauche, l'avait placé en bonne voie vers la décarbonation. Or, du côté de l'Europe, on constate que cela commence à freiner et certains membres mettent davantage en avant l'importance de stabiliser l'économie et de renouer avec la croissance.

Lire aussiEn Europe, le risque démocratique de la crise énergétique

Quels enjeux économiques devraient rythmer les six mois de présidence par la Suède ?

L'inflation, bien sûr. C'est un sujet qui concerne particulièrement la Suède où elle a atteint, en novembre dernier, un nouveau record depuis plus de 30 ans à 11,5% sur un an. En outre, la réponse de l'Union européenne au plan américain d'« Inflation Reduction Act » pourrait également diviser les Vingt-Sept. Il prévoit de débloquer 420 milliards de dollars d'investissements, dont 369 pour le climat, ainsi que des réformes et des subventions favorisant les entreprises implantées aux Etats-Unis, notamment dans les secteurs des véhicules électriques ou des énergies renouvelables. Ce qui a particulièrement inquiété certains pays comme la France, mais aussi l'Allemagne. Cette dernière a demandé à l'Europe les réponses nécessaires pour protéger les entreprises européennes. Mais la Suède a, elle, historiquement une position très libérale qui entre en désaccord avec toute mesure de protectionnisme.

Coline Vazquez
Commentaire 1
à écrit le 12/01/2023 à 20:12
Signaler
Bonjour, La mine de fer du nord de ce pays vient d annoncer un gisement terre rare, le souci c est que greta thunberg à eu son raz le bol à cause des transports de minerai de cette mine il y a bien longtemps, et que la russie va peut être attaquer l...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.