« Le temps n'est plus à l'incertitude mais au développement pour Mécachrome », assure Christian Cornille, qui a pris les rênes du groupe le 1er avril. Le fruit d'une rencontre entre cet ingénieur désireux de piloter une grande entreprise et les représentants des actionnaires.
Bpifrance, Ace Management et le Fonds de solidarité des travailleurs du Québec (TFQ), qui avaient annoncé en 2017 leur volonté de céder l'entreprise, y ont finalement renoncé faute d'offre suffisamment élevée. Ils sont restés propriétaires du mécanicien spécialisé dans l'aéronautique civile et militaire, et dans l'automobile, non sans avoir confié une mission précise à Christian Cornille. En l'occurrence, retrouver une profitabilité de l'ordre de 10 %, devant permettre à l'entreprise de mener de futures opérations de croissance interne. À la clé de cette consolidation en cours, une compétitivité accrue pour l'ETI de 3000 salariés.
Un prestigieux portefeuille de clients dans l'aéronautique et l'automobile
Avec 400 millions d'euros de chiffre d'affaires réalisé en 2018, Mécachrome est resté en deçà des 5 % de résultat net.
« La décision des actionnaires de désinvestir a occasionné un ralentissement. Tous les salariés ont été atteints moralement, constate le nouveau PDG. Je dois maintenir écrire avec eux une nouvelle page de cette belle entreprise. Pour cela, il faut d'abord retrouver la confiance de nos clients, notamment sur un plan logistique. »
Implanté au premier chef dans l'aéronautique, Méchachrome fabrique dans son usine d'Amboise des structures de voilure et de fuselage pour Airbus et Boeing. Le site de Sablé-sur-Sarthe produit, quant à lui, avec Safran, les moteurs Leap des nouveaux Airbus A350. L'équipementier dispose d'un portefeuille de clients aussi prestigieux dans l'automobile. L'usine d'Aubigny-sur-Nère conçoit ainsi les moteurs de constructeurs de Formule 2 et Formule 3, dont Renault, et usine des pièces pour Porsche et Ferrari.
Un passionné d'aviation qui place l'humain comme valeur première
L'ancien directeur général d'Airbus Helicopters n'a pas été choisi au hasard pour relancer le groupe industriel. Sa carrière, essentiellement passée dans le secteur aéronautique, donne une vraie légitimité à Christian Cornille en tant que maître du chantier de redressement de Mécachrome. Ce diplômé de l'École nationale des arts et métiers d'Aix-en-Provence voue une véritable passion à l'aviation.
« Pour un ingénieur, l'aéronautique est passionnante à plus d'un titre. C'est le monde du défi technologique par excellence. Il est aussi merveilleux. Faire voler un objet reste en effet magique et continue à faire briller les yeux des petits garçons que nous sommes restés. »
En le recrutant, Mécachrome s'alloue aussi un président qui place la prise en compte de l'humain comme première valeur du chef d'entreprise. « Partout où j'ai été, le principal pour moi a été de partager des tranches de vie avec des communautés d'hommes et de femmes, indique Christian Cornille. Connaître les gens qui vous entourent est particulièrement nécessaire dans un monde de savoir comme l'aéronautique ». Ces recettes managériales, Christian Cornille a déjà commencé à les appliquer concrètement, une semaine après son arrivée, en visitant les principaux sites de Mécachrome. Le Camarguais mise sur son indéniable charisme pour faire croître l'entreprise dont on vient de lui confier les clés de 20 % à 25 %, à 500 millions d'euros de recettes d'ici à trois ans.
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MINIBIO
- 1963 Naissance à Arles, dans le delta du Rhône
- 1983 Diplômé de l'École nationale des arts et métiers d'Aix-en-Provence
- 2009 Président d'Aérolia, filiale d'Airbus Commercial Aircraft
- 2014 Vice-président d'Airbus Helicopters
- 2019 Président du groupe Mécachrome
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