Carrefour : la rémunération d'Alexandre Bompard atteint au moins 4,5 millions d'euros en 2023

Par latribune.fr  |   |  768  mots
Alexandre Bompard est à la tête de Carrefour depuis juillet 2017. (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)
Le PDG de Carrefour, Alexandre Bompard, touchera au moins 4,5 millions d'euros pour l'année 2023. Un montant dans la continuité des années précédentes, auquel s'ajouteront ultérieurement des actions, si les actionnaires donnent leur feu vert lors de l'assemblée générale, prévue le 24 mai prochain.

Dans la série des rémunérations colossales, le PDG de Carrefour n'est pas en reste. Alexandre Bompard devrait toucher, en comptant rémunérations fixe et variable, 4,54 millions d'euros au titre de 2023, selon un document d'enregistrement universel du groupe mis en ligne fin mars et consulté ce mardi par l'AFP. Un montant dans la droite ligne de celui de ces dernières années puisque le patron du groupe, à sa tête depuis juillet 2017, a touché 4,43 millions d'euros au titre de l'année 2021 et 4,54 millions d'euros au titre de 2022.

Dans le détail, cette rémunération est composée d'une part fixe (1,6 million d'euros) et d'une part variable (2,85 millions d'euros), de 75.000 euros de rémunération au titre du mandat d'administrateur et d'un peu moins de 17.000 euros d'avantages en nature, notamment un véhicule de fonction. À ces sommes, s'ajoute une « rémunération long terme » prenant la forme d'une « attribution d'actions de performance, pour une valorisation représentant 55% de la rémunération globale maximum », soit au maximum 5,3 millions d'euros. Ce, sous réserve que des « conditions de performance aient été atteintes » et qu'Alexandre Bompard soit présent dans l'entreprise au 14 février 2026.

Le document financier, repéré dans un premier temps par le média en ligne L'Informé, précise qu'Alexandre Bompard détient à date un peu plus d'un million d'actions Carrefour. Celle-ci valait 15,875 euros à la clôture des marchés jeudi dernier, valorisant l'ensemble environ 16,3 millions d'euros.

Lire aussiGrande distribution : le propriétaire des Galeries Lafayette cède sa place de premier actionnaire de Carrefour

Possible hausse en 2024

La rémunération en actions doit néanmoins encore être soumise au vote des actionnaires pendant l'assemblée générale annuelle du groupe, qui aura lieu le 24 mai prochain.

Pour rappel, lors de la précédente en 2023, les actionnaires de Carrefour n'ont approuvé qu'à 60,69% la rémunération du PDG pour 2022, et à 56,75% pour 2023. Une contestation massive, rare au sein des grands groupes. Et les syndicats, notamment la CFDT et la CGT, ont critiqué la rémunération du patron en la mettant en regard avec son bilan social, dont le passage de nombreux magasins en location-gérance et en franchise, qu'ils assimilent à une externalisation. La CFDT a d'ailleurs assigné début mars le groupe devant le tribunal judiciaire d'Evry.

Lire aussiLa CFDT accuse Carrefour de « délocalisations locales » et l'attaque en justice

Plusieurs votes attendus

Des critiques que le groupe semble avoir pris en compte. Dans sa communication financière publiée fin mars, il indique que les votes des actionnaires en 2023 sur le sujet de la rémunération d'Alexandre Bompard « ont fait apparaître une attente d'évolution et un besoin supplémentaire d'explication ». À la suite d'échanges, « une structure de rémunération qui réponde aux principales préoccupations des actionnaires » sera proposée à l'AG de mai, indique-t-il.

Les actionnaires du distributeur seront en outre amenés à se prononcer sur l'entrée au conseil d'administration de Marguerite Bérard, inspectrice des finances et énarque issue de la promotion Senghor comme Emmanuel Macron. Elle était depuis 2019 et jusqu'à la mi-mars à la tête des activités de détail en France de BNP Paribas.

Ce rendez-vous sera aussi l'occasion pour eux de voter une autre décision qui devrait leur plaire davantage : le paiement d'un dividende de 0,87 euro par action, soit une « hausse de 55% » par rapport à l'année précédente. Car le groupe a estimé, fin février, s'être bien sorti d'un « environnement difficile » de forte inflation en 2023, avec des ventes en hausse de +3,6% à 94,1 milliards d'euros pour un bénéfice net en forte hausse (+23%) à 1,66 milliard d'euros.

Lire aussiCarrefour va verser à ses actionnaires un dividende en hausse de 55%

Des millions pour les patrons du CAC40

Si la rémunération d'Alexandre Bompard est déjà impressionnante, ce n'est pas la plus élevée parmi les patrons des entreprises du CAC40, l'indice parisien rassemblant les plus grosses entreprises de France à l'instar de Michelin, L'Oréal, Bouygues ou encore Danone et TotalEnergies. Tous les montants ne sont pas connus, mais ceux des constructeurs automobiles Renault et Stellantis sont sortis.

Ainsi, la rémunération du directeur général du groupe au losange, Luca de Meo, a quasiment atteint les 5,3 millions d'euros au titre de l'exercice 2023 - soit 106 rémunérations médianes des salariés. Un chiffre en augmentation de +19% sur un an. C'est toutefois encore bien loin de la rémunération de son homologue chez Stellantis, Carlos Tavares. Celle-ci pourrait atteindre, à terme, 36,5 millions d'euros pour l'année 2023, soit une augmentation de +56% sur un an.

(Avec AFP)