5.297.829 euros : tel est le montant de la rémunération du directeur général de Renault, Luca de Meo, au titre de l'exercice 2023. Soit une augmentation de 19% par rapport à 2022. Une hausse qui s'explique par « l'augmentation du nombre et la meilleure valorisation comptable des actions de performance qui lui ont été attribuées en 2023 », justifie le groupe.
Dans le détail, ce montant inclut un salaire fixe annuel brut de 1,3 million d'euros, inchangé. Ainsi qu'une part variable annuelle de 1,95 million, contre 1,885 l'année précédente. S'y ajoutent des actions à hauteur de 1,9 million d'euros, qui ne seront toutefois versées qu'en 2026, et uniquement si des critères de performance (électrification des ventes en Europe, dividendes pour les actionnaires, etc) sont atteints.
La rémunération de Luca Meo est ainsi équivalente à 106 rémunérations médianes des salariés du groupe qui a, elle, augmenté de 2% en 2023, à 50.115 euros.
Nouvelle politique de rémunération dès 2024
Si le chiffre paraît impressionnant pour le commun des mortels, il est toutefois loin de la rémunération de Carlos Tavares, le patron de Stellantis, 4e groupe automobile mondial avec ses marques Peugeot, Fiat ou Dodge. Celle-ci pourrait atteindre, à terme, 36,5 millions d'euros pour l'année 2023, soit une augmentation de 56% sur un an.
Une différence qui a motivé le conseil d'administration de Renault à modifier, mi-février, la politique de rémunération des dirigeants du groupe. Son but est notamment d'« assurer l'attractivité de la rémunération du directeur général » par rapport à 13 autres sociétés de l'automobile, comme Stellantis, mais aussi Volkswagen, et de secteurs connexes avec Michelin ou Siemens. C'est un rattrapage, selon le conseil d'administration de Renault.
« La politique de rémunération en 2020 », quand Luca de Meo est arrivé, « avait été adaptée au contexte de l'époque et avait conduit à un calibrage de la rémunération inférieur aux pratiques de [ses] pairs », explique le conseil.
Cette nouvelle politique a été publiée sur le site du constructeur et repérée lundi par les Échos. Elle doit encore être soumise au vote des actionnaires lors de l'assemblée générale du groupe, le 16 mai prochain, pour être validée.
5,5 millions désormais assurés
Concrètement avec ce changement, la rémunération fixe annuelle de Luca de Meo passerait à 1,7 million d'euros annuels. Sa rémunération variable annuelle (jusqu'à 225% de la rémunération fixe) et le nombre d'actions de performance sur le long terme augmentent aussi.
Au cours actuel de l'action Renault, les actions de performance, versées sur le long terme, représentent plus de 5 millions d'euros supplémentaires. Le comité des rémunérations a également mis en place une distribution d'actions liée à la réussite du plan stratégique « Renaulution », pour un total de 4,437 millions sur quatre ans.
Cela représente au total une rémunération annuelle, hors actions de performance, de 5,53 millions d'euros. Et fait passer Luca de Meo du bas au milieu du classement des patrons des 13 sociétés comparées.
Les 30.000 salariés du groupe, quant à eux, profiteront d'une augmentation de... 4,5% en 2024, résultat obtenu au terme des négociations annuelles obligatoires (NAO). Quelque 0,5% de l'augmentation est dû au titre de la nouvelle convention collective nationale de la métallurgie. Dans le détail, cette hausse représenterait une augmentation générale de 2,5% pour les premières catégories et de 1,5% d'augmentation individuelle. Les cadres, eux, auraient 4% d'augmentation individuelle à laquelle s'ajouterait une part variable. Renault a par ailleurs annoncé qu'un nouveau plan d'actionnariat salarié sera proposé aux collaborateurs en 2024 et souligne que 5,25% de la part du capital de l'entreprise est détenue par les salariés. Le constructeur ambitionne d'atteindre les 10% d'ici 2030. En 2023, Renault a proposé un budget en augmentation de 7,5% pour soutenir le pouvoir d'achat de ses salariés, qui garantissait une augmentation moyenne de 110 euros nets par mois pour chacun d'eux. « Des mesures qui ne sont ni historiques, ni exceptionnelles, alors que l'année 2023 a été historique et exceptionnelle », a regretté le syndicat Force Ouvrière auprès de l'AFP. Le constructeur français a en effet confirmé son retour en piste en 2023 après des années difficiles. Son résultat net (part du groupe) s'est affiché à près de 2,2 milliards d'euros et son chiffre d'affaires a atteint 52,4 milliards d'euros, soit une hausse de +13,1% sur un an.+4,5% pour les salariés
(Avec AFP)
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