Après Moody's et Fitch, S&P place Casino en défaut de paiement

Par latribune.fr  |   |  576  mots
La restructuration doit être bouclée au premier trimestre 2024, moment où le nouveau PDG Philippe Palazzi, un ancien dirigeant du distributeur Metro, prendra les rênes de Casino. (Crédits : Eric Gaillard)
S&P, dans la foulée de Mood'ys et Fitch, a placé à Casino en défaut de paiement en raison d'intérêts non payés sur sa dette, alors que le groupe est en pleine restructuration financière. Dans le cadre d'un plan de reprise de Casino par les milliardaires tchèque Daniel Kretinsky et français Marc Ladreit de Lacharrière, adossés au fonds britannique Attestor, un accord de principe a été trouvé avec les créanciers.

La traduction de la descente aux enfers de Casino. Après Moody's et Fitch, au tour de S&P de dégrader une nouvelle fois sa note, la deuxième fois en moins d'un mois, de CCC- à D. L'agence, qui va arrêter de noter le groupe stéphanois à sa demande, s'attend à un défaut de paiement pour « l'ensemble, ou la quasi-totalité, de ses obligations à mesure qu'elles arrivent à échéance ».

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Fitch a aussi déclaré en début de semaine le distributeur en défaut de paiement « restrictif », constatant, comme ses consœurs, l'absence de remboursement d'intérêts sur sa dette dus mi-juillet. Moody's avait été la première à réagir, dès le 18 août. « Ce n'est pas une surprise, la situation est clairement connue et assimilée par le marché » réagissait alors Aurélien Buffault, directeur de la gestion obligation de Delubac Gestion.

Le « délai de grâce » pourrait durer « jusqu'au 25 septembre »

Le non-paiement d'intérêts est habituel dans un processus de restructuration de dette. Pour Casino, « le tribunal de commerce de Paris a temporairement suspendu toute obligation de paiement », indique S&P. Ce « délai de grâce a été demandé par les conciliateurs pour la durée de la procédure, qui pourrait durer jusqu'au 25 septembre ou, en cas de prolongation, jusqu'au 25 octobre », précise l'agence de notation.

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Dans le cadre d'un plan de reprise de Casino par les milliardaires tchèque Daniel Kretinsky et français Marc Ladreit de Lacharrière, adossés au fonds britannique Attestor, un accord de principe a été trouvé avec les créanciers. Cet accord prévoit que les créanciers signataires du plan s'engagent à s'inscrire dans le processus de restructuration de la dette du groupe. Le placement en procédure de sauvegarde accélérée, annoncé pour octobre, devrait permettre ensuite d'embarquer, même malgré eux, les créanciers restants.

La restructuration bouclée au premier trimestre 2024

L'offre des repreneurs prévoit l'apport de 1,2 milliard d'euros d'argent frais, ainsi que la réduction de près de 5 milliards d'euros de dette du groupe. Il est prévu aussi de céder les activités de Casino en Amérique latine - notamment au Brésil - pour lesquelles travaillent les trois quarts des salariés du groupe. La restructuration doit être bouclée au premier trimestre 2024, moment où le nouveau PDG Philippe Palazzi, un ancien dirigeant du distributeur Metro, prendra les rênes de Casino.

Il aura fort à faire : les parts de marché françaises des différentes enseignes du groupe (1,5% pour Monoprix, 1,4% pour les supermarchés Casino, 1,4% pour les hyper, 1,1% pour Franprix, 0,6% pour la proximité, selon le dernier pointage de Kantar) apparaissent bien faibles à l'heure où les grands groupes du secteur semblent lancés dans une course à la taille.

Casino a essuyé une perte nette massive de 2,23 milliards d'euros au premier semestre, en partie due à un impressionnant recul de ses ventes dans les hyper et supermarchés au deuxième trimestre, respectivement -17% et -14%. En outre, sa trésorerie fond à grande vitesse. Les liquidités devraient tomber à moins de 600 millions d'euros à la fin de l'année, contre 2,1 milliards fin 2022. Sur cette somme, il faudra encore rembourser à l'Etat le passif fiscal et social d'environ 300 millions d'euros.

(Avec AFP)