
Les difficultés continuent pour Casino dont le défaut est « imminent » selon l'agence de notation S&P Global Ratings qui a abaissé la note du distributeur d'un cran à « CC ». Une décision justifiée selon l'agence par le fait que le défaut, une « quasi-réalité », pourrait se produire alternativement par le non-paiement d'intérêt sur la dette, ou son absence de remboursement. S&P Global Ratings abaissera la note à « D », c'est-à-dire défaut, « si Casino met en place la restructuration envisagée, ou si le groupe cesse de rembourser sa dette selon le calendrier initial ».
Car pour l'agence de notation, le risque de défaut de Casino est imminent si l'accord de reprise du distributeur alimentaire par le milliardaire Daniel Kretinsky va à son terme. Le 28 juillet, le groupe français a, en effet, annoncé un « accord de principe » avec « certains de ses principaux créanciers » sur l'offre formée par le duo Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière adossés au fonds britannique Attestor. « L'Accord de Principe a été approuvé par le Conseil d'administration de Casino sur recommandation unanime du comité ad hoc », avait ainsi précisé le distributeur dans un communiqué.
Procédure de sauvegarde accélérée à l'automne
Une décision qui permet « l'ouverture d'une procédure de sauvegarde accélérée au mois d'octobre 2023 et la réalisation effective de toutes les opérations de restructuration au cours du premier trimestre 2024 », avait-il indiqué. L'accord prévoit la signature courant septembre d'un « accord contraignant » dans lequel les signataires s'engagent à s'inscrire dans le processus de restructuration. Casino devrait ensuite être placé en procédure de sauvegarde accélérée « au mois d'octobre », ce qui devrait permettre d'embarquer, même malgré eux, les créanciers restants.
L'offre des repreneurs prévoit l'apport de 1,2 milliard d'euros d'argent frais ainsi que la réduction de près de 5 milliards d'euros de dette du groupe. Il est prévu aussi de céder les activités de Casino en Amérique latine - notamment au Brésil - pour lesquelles travaillent les trois quarts des salariés du groupe.
Soutien de l'Etat
De son côté, l'Etat doit veiller à « la solidité du projet industriel » et à l'avenir des plus de 50.000 salariés du groupe en France, a affirmé Bruno Le Maire, début juillet. Les repreneurs ont promis de maintenir le siège social historique à Saint-Etienne, et de préserver l'emploi en France. Un point crucial pour le gouvernement. Ils prévoient par ailleurs de renforcer des équipes (magasins et entrepôts), mais aussi d'accélérer la conversion en franchise des magasins détenus en propre « quand c'est possible », afin d'externaliser des coûts.
L'Etat a aussi accepté de geler quelque 300 millions d'euros de dette fiscale et de cotisations sociales. Via le Comité interministériel de restructuration industrielle (Ciri) qui fait partie de Bercy, il a supervisé les négociations avec les créanciers, en étroite concertation avec les conciliateurs Aurélie Perdereau et Marc Sénéchal. En outre, l'Etat a exercé une « saine et belle pression depuis des années » sur les banques, sans quoi elles « auraient lâché depuis longtemps » Casino, selon une source bancaire.
(Avec AFP)
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