Le chef de la diplomatie ukrainienne appelle à boycotter les supermarchés Auchan

Par Michel Cabirol  |   |  550  mots
"Partir serait imaginable sur le plan économique mais pas du point de vue humain", a estimé le PDG d'Auchan Retail International, Yves Claude, dans une interview publiée dans le Journal du Dimanche. (Crédits : EVGENIA NOVOZHENINA)
Le groupe Auchan a annoncé vouloir rester en Russie. L'Ukraine appelle au boycott de l'enseigne.

Auchan est dans la tourmente de l'actualité internationale. L'enseigne de grande distribution prévoit de maintenir ses activités en Russie et en Ukraine, a déclaré le PDG d'Auchan Retail International, Yves Claude, dans une interview publiée dans le Journal du Dimanche. "Le plus important à nos yeux est de préserver nos collaborateurs et d'assurer notre mission première qui est de continuer à nourrir les populations dans ces deux pays", a-t-il expliqué. "Partir serait imaginable sur le plan économique mais pas du point de vue humain". Propriété de la famille Mulliez, Auchan exploite 40 supermarchés et compte environ 6.000 employés en Ukraine. Le groupe possède selon Yves Claude 231 magasins et des activités d'e-commerce en Russie.

En réponse à ces déclarations, le ministre ukrainien des Affaires étrangères a appelé au boycott des magasins Auchan et de tous leurs produits. "Apparemment, les pertes d'emplois en Russie sont plus importantes que les pertes de vies humaines en Ukraine", a twitté Dmitro Kuleba sur Twitter. Dans le JDD, Yves Claude explique le choix de rester en Russie par un souci "d'aider nos collaborateurs et les populations civiles". "Si Auchan part, nous privons d'emploi 30.000 personnes. Ils sont salariés et actionnaires pour 40% d'entre eux. Sans oublier l'impact sur leurs familles, que cette décision fragiliserait. Et nos clients nous demandent instamment de rester", explique-t-il.

Expropriation ?

Le président ukrainien Volodimir Zelensky juge nécessaire que toutes les entreprises occidentales quittent le marché russe, comme il l'a notamment fait savoir mercredi devant le Parlement français. "Renault, Auchan, Leroy Merlin doivent cesser d'être les sponsors de la machine de guerre de la Russie, arrêter de financer le meurtre d'enfants et de femmes, les viols. Tout le monde doit se rappeler que les valeurs valent plus que les bénéfices", avait-il lancé au monde.

"Si nous partons, nous risquons l'expropriation et nous exposons nos dirigeants locaux à des poursuites pénales pour faillite frauduleuse. Et si nous confions nos biens à un tiers, une autre option proposée, cela signifie qu'ils seront récupérés par des capitaux russes. Cela n'amènera pas la paix et sera au contraire contre-productif en renforçant l'écosystème économique et financier russe", explique Yves Claude. Pour Philippe Zimmermann, directeur général d'Adeo, maison mère des magasins Leroy Merlin, fermer en Russie serait "considéré comme une faillite préméditée, donnant lieu à des expropriations", a-t-il déclaré au quotidien régional. "Ce serait faire un cadeau de l'entreprise et de ses actifs au régime russe, et renforcer la guerre".

Adeo a déclaré avoir une "responsabilité d'employeur vis-à-vis de (ses) 45.000 collaborateurs et de leurs familles qui contribuent depuis 18 ans à la construction de Leroy Merlin Russie", où l'enseigne compte 113 magasins.

Pour sa part, Danone a déclaré mercredi que le groupe poursuivrait sa production locale en Russie de produits laitiers et de nutrition infantile essentiels, mais a coupé d'autres liens avec le pays en raison de la guerre en Ukraine. Enfin, Renault pourtant le plus exposé des constructeurs automobiles à la Russie, a déjà annoncé mercredi suspendre avec effet immédiat la production de son usine de Moscou et réfléchir à l'avenir de sa participation de contrôle dans le premier constructeur automobile russe, Avtovaz.