Grèce : non, les touristes ne sont pas concernés par les restrictions bancaires

Par Sarah Belhadi  |   |  734  mots
Depuis le dimanche 28 juin, les portes des banques restent closes. Mais les touristes ne sont pas directement impactés par les mesures relatives au contrôle des capitaux adoptées par le pays.
Alors que la Grèce est dans l'attente d'une décision de l'Eurogroupe sur un nouveau plan d'aide, la saison touristique débute dans le pays avec, en toile de fond, des mesures de contrôle des capitaux et de restriction des retraits bancaires. Mais les touristes ont-ils pour autant des raisons de s'inquiéter ?

En mars 2013, Chypre a déjà vécu ce scénario. De peur que les Chypriotes ne retirent massivement leur argent des banques, le gouvernement décide de mettre en place des restrictions sur les opérations bancaires. Les retraits sont alors plafonnés à 300 euros par jour. Dimanche soir, des mesures similaires ont été adoptées par Athènes. Le gouvernement a pris la décision de fermer les établissements bancaires jusqu'au 6 juillet inclus, et les retraits sont pendant cette période plafonnés à 60 euros par jour.

Les restrictions bancaires ne concernent que les Grecs

Cette mesure exceptionnelle ne concerne que les Grecs. En effet, les touristes, disposant d'une carte de crédit émise dans un pays étranger, ne sont pas soumis à cette limitation, précise dans une note la Fédération bancaire française. Ils peuvent donc retirer librement en Grèce en fonction de leur plafond de retrait autorisé par leur banque. Pour autant, il n'est pas à exclure que certains distributeurs soient à court de billets, nuance la Fédération bancaire française. De son côté, le Ministère des Affaires étrangères recommande aux touristes de se munir de liquidités suffisantes. S'il est peu probable que les touristes partent avec des valises d'euros, il est quand même nécessaire de rappeler que les sommes supérieures ou égales à 10.000 euros doivent être déclarées aux services des Douanes. Berlin et Londres ont également encouragé leurs ressortissants à partir avec une provision de liquide suffisante pour leur séjour.

Si les touristes n'ont in fine pas grand chose à craindre en terre hellène, la situation semble plus périlleuse pour les touristes grecs disposant d'une carte bancaire de leur pays d'origine, puisque leurs retraits sont bien entendu également limités à 60 euros par jour. L'agence de presse grecque ANA rapporte qu'ils peuvent néanmoins bénéficier d'une dérogation exceptionnelle. Les personnes concernées sont donc invitées à se rapprocher de leur ambassade car aucun autre détail n'a été communiqué. Et pour rappel, le paiement par carte fonctionne normalement.

Les paiements par carte et virements restent possibles

Les touristes en Grèce peuvent également régler leurs achat dans les commerces par carte bancaire, mais attention car une majorité d'hôtels, de pensions, et de restaurants n'acceptent pas ce type de paiement, en particulier si vous séjournez dans les îles. Des cas de refus de carte de crédit ont été constatés dans des supermarchés et des stations d'essence du pays.

Mais cette restriction bancaire engendre aussi ses petites révolutions : à l'instar de l'Acropole. Alors que jusqu'à présent, les touristes devaient payer leur ticket d'entrée de 12 euros en espèces pour accéder au site archéologique, le ministère de la Culture a fait savoir que le règlement par carte -réclamé depuis des années- est désormais accepté.

Par ailleurs, les opérations de virements vers les banques grecques ne sont pas impactées par les restrictions. Elles sont donc possible mais ... les bénéficiaires des virements ne pourront pas retirer le montant au guichet de leur établissement bancaire, et seront soumis aux mêmes restrictions de retrait, soit 60 euros par jour. En revanche, les virements effectués depuis la Grèce sont soumis aux contrôles des capitaux. Ils doivent être approuvés par la commission de validation des échanges bancaires qui dépend du Ministère des finances grec.

La Grèce veut rassurer ses touristes

En Grèce, les déclarations se multiplient pour rassurer les touristes. Selon Thrasy Petropoulos, porte-parole de la Confédération grecque du Tourisme, "la situation économique et politique n'entraîne pas pour le moment d'annulations massives". Mais à demi mots, il admet que "les nouvelles réservations sont peu nombreuses".

Constantinos Palaskonis, le secrétaire général du syndicat des professionnels du tourisme, assure de son côté que les "services fonctionnent normalement, tandis que les bus touristiques et les bateaux ne connaissent pas de pénurie de pétrole et ne la connaîtront pas !".

Pour le pays, il est impératif d'assurer sa saison touristique. En 2014, le nombre de touristes étrangers a grimpé de 23% atteignant 22 millions de personnes, contre 18 millions en 2013. Malgré sa situation économique, la Grèce pourrait bénéficier de l'annulation des séjours en Tunisie suite aux attentats de Sousse et du Bardo.