Air France-KLM a-t-il réduit l'écart avec Lufthansa et British Airways ?

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  842  mots
Si Air France-KLM a renoué avec un bénéfice d'exploitation en 2013, ses deux rivaux ont réalisé des résultats financiers très solides. La Tribune a comparé l'évolution de performances opérationnelles des trois groupes depuis 2011.

Si Air France-KLM est revenu dans le vert en termes de résultat d'exploitation, le groupe a encore du  pain sur la planche. Avec la publication jeudi 13 mars des comptes 2013 de Lufthansa, les résultats des trois poids lourds européens du secteur (Lufthansa, IAG, l'entité qui coiffe British Airways et Iberia et Air France-KLM) sont désormais connus. Globalement, en tenant compte de plusieurs critères (profit opérationnel, génération de cash, free cash flow -génération de cash après investissements-, endettement…), la compagnie allemande continue d'afficher la situation financière la plus saine et la plus solide par rapport à IAG et Air France-KLM, même si, en termes de marge opérationnelle (difficile à comparer en raison des différentes politiques d'amortissement des avions), c'est IAG qui affiche la meilleure performance avec près de 5,7% de marge opérationnelle.

La plus grosse marge pour IAG

Hors éléments exceptionnels, le bénéfice opérationnel de Lufthansa a en effet bondi de 62,1% à 1,04 milliard d'euros pour un chiffre d'affaires de 30 milliards, devançant ainsi IAG (770 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de 18,6 milliards d'euros) et Air France-KLM, qui est revenu dans le vert avec un bénéfice d'exploitation récurent de 130 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de 25,2 milliards. Au regard de son chiffre d'affaires largement inférieur, IAG dégage la marge opérationnelle la plus importante : 5,7% contre 3,3% pour Lufthansa, et 0,5% pour Air France-KLM.

Baisse des investissements d'Air France-KLM

En termes de génération de cash, Lufthansa fait la course en tête. Le groupe allemand a en effet dégagé un cash flow opérationnel de 3,3 milliards d'euros en 2013, quasiment deux fois plus qu'Air France-KLM (1,5 milliard) et près de trois fois plus que IAG (1,2 milliard). En incluant ses deux milliards d'investissement, la compagnie allemande a généré 1,3 milliard de free-cash flow, contre 538 millions pour Air France-KLM, lequel a fortement réduit ses investissements, à 1 milliard d'euros, contre plus de deux milliards en 2011.

Concernant l'endettement, Lufthansa n'affiche qu'une dette de 1,7 milliard pour le groupe allemand quand celle d'Air France-KLM s'élève à 5,4 milliards d'euros.

Evolution entre 2011 et 2013

Cette situation a-t-elle évolué ces dernières années ? Air France-KLM a-t-il réduit ou pas l'écart avec Lufthansa et IAG ?

En 2011, avant le début du plan de restructuration Transform 2015 du groupe français, annoncé en janvier 2012, la différence de performance opérationnelle avec Lufthansa était de 1,173 milliard d'euros au profit du groupe allemand (820 millions de profits contre 353 millions de pertes pour Air France-KLM) et de 838 millions avec IAG, en faveur de ce dernier.

Un an plus tard, en 2012, année de négociation du plan Transform 2015 chez Air France-KLM entre la direction et les syndicats (-336 millions de pertes), l'écart entre le groupe français et ses concurrents s'est réduit. La différence opérationnelle avec Lufthansa (524 millions de bénéfices en 2012) était de 860 millions, et de 313 millions avec IAG (23 millions de pertes).

2013, Lufthansa et IAG appuient aussi sur l'accélérateur

En 2013, en revanche, le groupe anglo-espagnol a appuyé fortement sur l'accélérateur et la différence de performance opérationnelle avec Air France-KLM s'est creusée à nouveau, à 838 millions d'euros. Même chose avec Lufthansa si l'on prend en compte son profit opérationnel hors éléments exceptionnels. La différence de performance opérationnelle grimpe à 910 millions d'euros. En conservant les éléments exceptionnels dans les résultats de Lufthansa, elle n'est plus que de 567 millions, légèrement supérieure à celle de l'année précédente.

Le tout avec des évolutions de chiffre d'affaires quasiment identiques pour les trois groupes (tous plus ou moins stables). 

 En résumé, si Air France-KLM a fait de sérieux efforts pour redresser la barre, ses deux rivaux ne sont pas restés non plus les bras croisés. Bien au contraire.

Le Plan Transform suffisant?

C'est le cas notamment de IAG, qui est passé d'une perte opérationnelle en 2012 à un profit opérationnel de 770 millions. Les accords signés avec les personnels d'Iberia pour diminuer la masse salariale et augmenter la productivité ne feront que renforcer la performance du groupe dans les années à venir. 

Willie Walsh, le directeur général de IAG, a relevé son objectif de bénéfice opérationnel de 200 millions d'euros, à 1,8 milliard en 2015 (dont 1,3 milliard réalisé par British Airways). Lufthansa a, elle aussi, révisé à la hausse son objectif pour la même année, à 2,6 milliards d'euros (contre 2,5 milliards initialement). Soit des résultats jamais atteints aujourd'hui dans le transport aérien, à l'exception de la compagnie américaine Delta (3,4 milliards de dollars en 2013). De son côté, Air France-KLM vise des résultats significatifs à partir de 2015, mais  ne donne pas de précisions chiffrées.

Pour beaucoup, en interne, le plan Transform 2015 sera insuffisant pour combler le retard face à ses rivaux comparables. En particulier pour Air France, toujours dans le rouge en 2013 (-176 millions) et qui vise un retour dans le vert en 2014. 

 Lire ici : Comment Air France en est arrivé là