Air France-KLM a-t-il mangé son pain noir ?

Si sa situation s'améliore, Air France-KLM, et encore moins Air France, n'a pas comblé l'écart de compétitivité avec ses concurrents au profil comparable (Lufthansa, IAG).
Fabrice Gliszczynski

Deux ans après le lancement du plan Transform 2015, un plan de restructuration destiné essentiellement à sauver Air France, la principale filiale du groupe, Air France-KLM retrouve progressivement la santé. Les résultats s'améliorent. En 2013, le groupe présidé par Alexandre de Juniac a dégagé un bénéfice d'exploitation de 130 millions d'euros, contre une perte de 336 millions d'euros en 2012. Et vise une amélioration de ses résultats en 2014, notamment une hausse de 645 millions de son Ebitda, à 2,5 milliards d'euros. Selon le nouveau directeur financier, Pierre-François Riolacci, cette amélioration proviendra des économies sur des mesures déjà engagées (entre 300 et 400 millions) d'une baisse de la facture carburant de l'ordre de 100 millions et des initiatives commerciales (plus de 200 millions).

 Après 2014, le développement sera la priorité

Dans une interview accordée à La Tribune, le PDG d'Air France-KLM, Alexandre de Juniac, estime que, " fin 2014, le redressement sera terminé" et que, "une fois la situation financière rétablie, le groupe pourra se concentrer pleinement sur son développement". "Ce sera l'axe central de notre stratégie, même s'il faudra continuer de se remettre en question et de faire des efforts soutenus de productivité", explique-t-il.

Lancé en janvier 2012, le plan Transform 2015 entre dans sa dernière année. Ce plan triennal vise à réduire l'endettement de deux milliards, à 4,5 milliards d'ici à fin 2014, par la génération de deux milliards de cash flow (hors investissements). Pour rappel, pour y parvenir, le groupe a lancé une multitude de mesures d'économies (réductions d'effectifs, amélioration de la productivité…) dans le but d'améliorer de 20% son efficacité économique par rapport à 2012. L'automne dernier, l'objectif de baisse reduction de dette a été repoussé d'un an, à 2015.

Ecart de compétitivité

 Aujourd'hui, Alexandre de Juniac précise que le plan se déroule comme prévu. "Ils ont fait du bon boulot. Au lancement de Transform, beaucoup doutaient de la capacité de la direction de mettre en œuvre ce plan", explique Yan Derocles, analyste chez Oddo Securities. Pour autant, "l'écart de compétitivité avec les concurrents, n'a pas été totalement comblé, car les autres compagnies ont également réduit leurs coûts, parfois de manière plus forte comme IAG avec Iberia", ajoute-t-il.

"A la fin du plan Transform, nous aurons rattrapé l'écart avec nos comparables (Lufthansa, IAG, ndlr)", assure Alexandre de Juniac. Ce dont doutent néanmoins un grand nombre d'experts et de personnes en interne à Air France. La compagnie française, la plus grosse filiale d'Air France-KLM, part en effet de très loin. Au début de la restructuration en 2012, les coûts pilotables des hôtesses et stewards étaient environ un tiers plus élevés que ceux de Lufthansa et British Airways, les coûts à l'heure de vol des pilotes parmi les plus élevés de la planète et les coûts dans les escales, largement au-dessus de ceux des concurrents. Néanmoins, "en 2013, la baisse de coûts unitaires a été plus forte que ses concurrents, a fait valoir Frédéric Gagey, le PDG d'Air France.

Mesures complémentaires?

 D'où l'éternelle question. Faudra-t-il prendre des mesures complémentaires de réductions de coûts ? "Sauf embellie extraordinaire, cela risque d'être nécessaire, peut être pas cette année parce qu'il y a le plan de départs volontaires en cours, mais plutôt en 2015", assure un bon connaisseur de l'entreprise. Et de citer l'exemple des coûts d'escales d'Air France. "Même si la productivité a augmenté pour se situer au niveau de celui des concurrents, Air France se retrouve toujours avec un écart résiduel défavorable car le salaire moyen à Air France est supérieur à celui du marché".

Six années de pertes consécutives pour Air France

Chez Air France, on admet que les efforts ne vont pas s'arrêter là, même s'ils s'annoncent  moins violents que ceux demandés depuis deux ans (sauf dégradation de l'environnement économique, le gel des salaires a de fortes chances d'être levé). Si Air France a amélioré ses résultats (non communiqués), la compagnie n'en demeure pas moins déficitaire en 2013 pour la sixième année consécutive, avant un retour aux bénéfices espéré en 2014. L'essentiel de la perte enregistrée sur l'activité court et moyen-courrier (-620 millions d'euros), lui est largement imputable (néanmoins, KLM est également déficitaire sur cette partie du réseau).

De manière plus globale au niveau de l'activité cargo d'Air France-KLM, les mesures complémentaires de redressement seront dures à éviter si la situation continue de se détériorer, a prévenu Alexandre de Juniac.

Génération de recettes

Pour autant, Alexandre de Juniac a bien conscience que, outre les coûts, il y a aussi la génération de recettes. La montée en gamme l'illustre très bien. Un produit à forte valeur ajoutée constitue en effet la meilleure garantie pour maintenir une recette unitaire historiquement plus élevée que celle de beaucoup de ses concurrents. Dans le même temps, le groupe a la ferme intention de développer les recettes annexes. "Si elles représentaient 5% du chiffre d'affaires dans deux ou trois ans, ce serait très bien", explique Alexandre de Juniac. "Nous sommes un peu interpelés par KLM qui nous pousse à regarder davantage du côté des recettes", explique un administrateur. Cette année, Air France a prévu beaucoup de nouveautés sur le plan commercial.

Relais de croissance

Air France-KLM doit d'autant moins baisser la garde que la situation concurrentielle est toujours aussi forte. Les low-cost continuent de mettre la pression sur l'activité court et moyen-courrier et la concurrence des compagnies du Moyen-Orient ne fait que s'accentuer.

"La question des relais de croissance est donc fondamentale", explique un expert. Autrement dit, Air France-KLM doit trouver des partenaires qui ouvrent leur marché, dans les pays émergents, à l'image de la coopération avec Delta. "La coopération avec China Southern et China Eastern ne rapporte pas assez. Il faut aller plus loin", poursuit-il.

En attendant, c'est au Brésil qu'Air France-KLM vient de s'assurer un excellent relais de croissance. En signant un partenariat stratégique avec Gol (consolidé par un investissement d'un montant de 52 millions de dollars dans le capital de la compagnie brésilienne), le groupe français s'ouvre grand le marché brésilien à très fort potentiel. Il marque ainsi un point important face à Lufthansa pénalisé par le départ de son partenaire TAM, l'autre poids lourd du ciel brésilien, pour Oneworld (British Airways-Iberia...). 

Par ailleurs, Air France-KLM compte approfondir sa coopération avec la compagnie d'Abu Dhabi Etihad Airways et a repris ses discussions avec la compagnie indienne Jet Airways, qui a été rachetée en partie par Etihad.

 

 

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 10
à écrit le 04/03/2014 à 1:47
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Juste une question pour Fabrice : Vous travaillez pour Air France ? Je vous passe le merci d'Alexandre, et aux autres presses également, vu que les salariés de cette entreprise apprennent les news internes via vos articles et non pas la com AF, q...

à écrit le 22/02/2014 à 9:40
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Cela montre qu'un plan de réformes difficile peut porter ses fruits. Il faudra aller plus loin (baisse salaires pilotes....) pour sauver cette belle compagnie mais c'est du positif. Et c'est pas avec le mauvais esprit de certains commentateurs que le...

à écrit le 21/02/2014 à 18:45
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cette compagnie arrogante soit disant la perle de la france, aurait du disparaitre depuis longtemps, mais c'était un monopole nationaliste et financé par les impots français, alors elle est encore là , dommage, vive la concurrence, moi air france, ja...

le 21/02/2014 à 22:41
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cette compagnie fait vivre 100000 personnes cher monsieur alors partez ailleurs voir comment cela se passe et ne revenez pas nous nous passerons de vos avis negatif délétères et sans intérêt

le 22/02/2014 à 6:30
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AF a beneficie de l'aide de l'etat une seule fois en 1993 et a rapporté beaucoup plus à l'etat en termes d'impôts ,alors avant de poster des balivernes , informez vous.

à écrit le 20/02/2014 à 22:21
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Étonnant, et comme toujours du "french bashing".... Je vole à l'international sur toutes les bonnes compagnies et sans conteste AF en fait partie. Quand j'ai le choix, je préfère AF, y compris par rapport à Lufthansa ou BA... Il est vrai que.... J'ai...

le 21/02/2014 à 9:34
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Tout aà fait d'accord avec toi Maduf… Allez AF!!!

le 21/02/2014 à 13:38
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+1

à écrit le 20/02/2014 à 20:13
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Rien de neuf en fin de compte ... malheureusement, dans 5 ans, 10 ans, 20 ans ... le même genre d'article ressortira

le 20/02/2014 à 20:18
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On s'en fout,tant que dans 5 ans,10 ans,20 ans cette compagnie continuera à porter haut et loin le nom et les couleurs de notre pays dans le monde entier...

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