Air France coupe dans son réseau intérieur sous la pression du TGV et des low-cost

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  506  mots
(Crédits : Christian Hartmann)
La direction annonce officiellement ce lundi la suppression de 465 postes dans ses escales françaises pour accompagner la réduction de capacités de 15% sur son réseau intérieur dit de point-à-point. Avec l'accélération du TGV et des low-cost, Air France-HOP a creusé ses pertes en 2018, à 185 millions d'euros.

C'est ce lundi 13 mai, à l'occasion d'un comité social et économique central (CSEC), que la direction d'Air France présente officiellement aux représentants du personnel son plan de départs volontaires (PVD). Celui-ci porte sur 465 postes, tous ciblés sur les treize escales du réseau intérieur dit de "point-à-point" (par opposition aux vols en correspondance).

Soit plus de 13% des 3.400 personnes qui travaillent sur ces aéroports français essentiellement pour le compte de l'activité "Air France-HOP". Celle-ci regroupe les opérations d'Air France de la "Navette" (entre l'aéroport parisien d'Orly et les grandes villes régionales, Nice, Marseille, Toulouse, Bordeaux) avec des avions de la famille A320, et celles de sa compagnie régionale HOP entre Orly et de plus petites villes de province (Clermont-Ferrand, Toulon...) et entre villes de province entre elles.

Doublement des pertes

Cette réduction d'effectifs est la conséquence d'une baisse de capacité de 15% prévue d'ici à 2021 pour redresser les comptes et "atteindre l'équilibre économique". En 2018, l'activité court-courrier de "point-à-point" s'est en effet enfoncée dans le rouge en doublant quasiment ses pertes : - 185 millions d'euros, une centaine de millions de plus qu'en 2017. Depuis 2015, cette partie du réseau a perdu des centaines de millions d'euros. La grève l'an dernier à Air France et les conséquences de la pénurie de pilotes de HOP en raison de transferts à Air France ont certes impacté négativement les comptes.

Mais c'est surtout la concurrence croissante des compagnies low-cost étrangères comme Easyjet, Volotea ou Ryanair, et le développement du TGV vers l'Ouest de la France et de son entité à bas coûts Ouigo qui plombent les comptes d'Air France HOP. A elles trois, Easyjet, Volotea, et Ryanair (qui vient de débarquer sur le réseau "province-province") comptent désormais plus d'avions basés en France qu'Air France-HOP : 40 cet été contre 36 pour Air France HOP. L'essentiel du réseau d'Air France-HOP est désormais en concurrence avec ces compagnies qui dominent aujourd'hui le transport français régional. Cette pression concurrentielle du train et des low-cost fait chuter les recettes unitaires.

Baisse d'offre

En baissant son offre de 15%, Air France entend couper ses principaux foyers de pertes. Selon nos informations, les trois-quarts des pertes se concentrent sur 20% des sièges kilomètres offerts (SKO). La direction aura d'autant moins de scrupules à supprimer ces lignes que celles-ci ne génèrent que 14% des recettes provenant de la clientèle professionelle d'Air France-HOP.  Plusieurs lignes vont être supprimés, à la fois au départ d'Orly (Agen, Lorient, Quimper) et entre les villes régionales (Nantes-Montpellier, Strasbourg-Lille...).

Sur certaines lignes au départ d'Orly, la baisse d'offre passera par l'utilisation d'avions plus petits. Sera-ce suffisant ? La direction réfléchit à positionner Transavia en région. Pour autant, si des vols de la compagnie à bas coûts d'Air France sont pertinents sur des vols moyen-courriers, reste à savoir s'ils le seront sur le réseau régional. Et s'ils le sont, reste à savoir s'il n'est pas déjà trop tard.