Air France va lancer un nouveau plan de départs volontaires

Air France va annoncer le 13 mai prochain lors d'un comité social et économique central extraordinaire un plan de départs volontaires pour le personnel au sol. Il devrait être ciblé sur le personnel travaillant sur les escales françaises (aéroports) et concerner plus de 400 personnes (465 exactement).
Fabrice Gliszczynski
(Crédits : Reuters)

Article modifié le 7 mai avec l'ajout du nombre exact de personnes concernées par le plan de départs volontaires.

Apaisé depuis l'arrivée en septembre 2018 du Canadien Ben Smith à la tête d'Air France-KLM, le climat social va-t-il à nouveau se tendre à Air France? Car après avoir ramené le calme au sein de la compagnie française en signant plusieurs accords avec les syndicats sur des hausses de salaires et la réintégration des hôtesses et stewards de la filiale Joon au sein d'Air France où les conditions de travail et de rémunération sont meilleures, Ben Smith et la directrice générale d'Air France, Anne Rigail, vont maintenant entrer dans le dur en s'attaquant notamment à la restructuration de l'activité dite de "point-à-point" sur le réseau court et moyen-courrier d'Air France-HOP.

185 millions d'euros de pertes opérationnelles en 2018

Cette partie du réseau est l'un des talons d'Achille du groupe avec des pertes opérationnelles d'environ 185 millions d'euros affichées l'an dernier, selon plusieurs sources. Un trou énorme dû à l'incapacité non seulement de lutter contre les compagnies à bas coûts et leTGV, mais aussi de régler des problèmes d'organisation de cette compagnie issue de la fusion entre Regional, Britair, et Airlinair, sans oublier les conséquences financières et opérationnelles du départ de nombreux pilotes à Air France. Manquant de pilotes en raison du temps nécessaire pour recruter et former ceux qui doivent remplacer les pilotes allant à Air France, Air France HOP a dû affréter en masse pour faire passer le programme de vols.

Réduction de voilure

Selon plusieurs sources, pour inverser la tendance la direction envisage de réduire le nombre de rotations de 10 à 15% sur le réseau court-courrier de pont-à-point entre la saison hiver 2019 et la saison été 2020. Plusieurs lignes transversales (entre deux villes régionales) devraient être supprimées. De facto, ces mesures vont générer un sureffectif au sein des personnels d'Air France travaillant dans les aéroports (il n'y a plus de salariés HOP pour ces fonctions).

Selon nos informations, pour le résorber, un plan de départs volontaires sera annoncé à l'occasion d'un comité social et économique central (CSEC) extraordinaire (anciennement le comité central d'entreprise ou CCE), prévu le 13 mai prochain. Il doit porter sur plus de 400 postes (465 exactement) et concerner le personnel au sol des escales françaises (ceux qui travaillent dans les aéroports). Les suppressions de postes par escale seront donc précisées le 13 mai. Depuis plusieurs années, les escales corses, de Marseille, de Nice et d'Alsace sont souvent citées en interne pour leur sureffectif. Par ailleurs, 200 départs naturels ne devraient pas être remplacés.

Ce plan de départs volontaires fera donc suite aux huit PDV qui ont été menés à bien depuis dix ans, lesquels ont contribué à réduire les effectifs de près de 11.000 personnes.

La convocation à ce CSEC du 13 mai est néanmoins plus large puisqu'elle fait état d'un «programme de réduction des effectifs du personnel au sol (sans spécifier donc le personnel en escale), fondé sur le volontariat et sur les mesures d'accompagnement envisagées ». Pour autant, pour l'heure, ce PDV semble bien ciblé sur les escales françaises et non à d'autres activités au sol d'Air France.

Ce plan de départs doit s'accompagner de propositions de mobilités internes en fonction des bassins d'emploi. Reste à savoir quel sera le rôle de Transavia France la filiale low-cost d'Air France. Souvent évoquée, la reprise de certaines lignes par Transavia, n'est pas pour l'heure d'actualité. Les négociations entre la direction et les pilotes sur le développement de Transavia au-delà du seuil de 40 avions aujourd'hui fixé dans les accords, n'ont pas débuté.

La direction présentera également le 13 mai la gestion prévisionnelle de l'emploi et des compétences (GPEC) du groupe, qui vise à anticiper les besoins de personnels pour les prochaines années en fonction de la stratégie mise en place. En parallèle au plan de départs volontaires, Air France va recruter 1.000 personnes en 2019. Et après ? Mystère. Selon certaines sources une partie du sureffectif dans certaines entités de l'entreprise pourra être comblé par un grand nombre de départs naturels au cours des prochaines années en raison d'une pyramide des âges élevée à Air France. Notamment au siège parmi les cadres.

Audit externe

Ces annonces en vue interviennent alors que la direction a fait appel en mars au cabinet Mc Kinsey dans le but d'auditer "les forces et les faiblesses" d'Air France, selon les propos d'Anne Rigail tenus dans un courrier envoyé aux salariés le 21 mars dernier. "Ils se concentreront sur plusieurs axes : efficacité opérationnelle, simplicité de l'organisation, meilleure utilisation de nos actifs. Leur connaissance pointue du milieu de l'aérien et de l'aéronautique, mais aussi des pratiques dans les grandes entreprises françaises, nous aidera à comprendre les leviers sur lesquels nous appuyer", écrivait alors Anne Rigail. Là aussi, une amélioration des process engendre potentiellement des sureffectifs.

Interrogée, la compagnie n'a pas souhaité faire de commentaires

Lire aussi : Air France-KLM a perdu plus de 3 millions d'euros par jour au premier trimestre

Fabrice Gliszczynski

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 6
à écrit le 03/05/2019 à 12:17
Signaler
Comme dans de nombreuses GRANDE ENTREPRISES il y a trop de personnels administratifs , dans le secteur aéronautique les exigences de l'EASA obligent de remplir de nombreux documents pour assurer la Navigabilité et ce par des spécialistes aéronautique...

à écrit le 03/05/2019 à 12:04
Signaler
AF ferait mieux de faire appel à l'innovation volontaire....partagé et open avec leurs clients

à écrit le 03/05/2019 à 11:37
Signaler
Après avoir fait vivre durant des années le cabinet de conseil BCG, qui avait pondu JOON. Maintenant, ils font appels à son concurrent McKinzey... De très gand cabinet de conseil, mais qui ne connaisse rien au monde de l'aeronautique... sauf à ...

à écrit le 03/05/2019 à 11:17
Signaler
Ben Smith a distribué aux pilotes des augmentation de salaire sans en avoir les moyens. Sans compter le sureffectif au siège social d'AF. En gros AF a beaucoup trop de de cadres administratifs (finance, marketing, communication, RH...) trop payés et ...

le 03/05/2019 à 20:42
Signaler
Tout à fait d'accord avec le commentaire de Louis . Ben Smith est arrivé en disant qu'on allait voir ce que l'on allait voir . Il a commencé à mettre le feu à KLM (autrement plus rentable qu'AF) Il a augmenté les salaires des pilotes , ( ce devait...

le 04/05/2019 à 11:09
Signaler
@bibi vos impôts n’ont pas renfloué Air France depuis 25 ans et ne le feront plus puisque l’entreprise est désormais majoritairement privée. Mieux encore, Air France est une des rares entreprises françaises à payer intégralement toutes ses infrastruc...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.