Avec le Covid, IAG fait volte-face et renonce à acheter Air Europa

Par latribune.fr  |   |  881  mots
IAG et Globalia, propriétaire d'Air Europa, vont certainement résilier l'accord d'acquisition datant de novembre 2019, selon un communiqué. (Crédits : HANNAH MCKAY)
Deux ans après avoir trouvé un accord pour racheter 100% du capital d'Air Europa, IAG ne veut finalement plus de la compagnie espagnole. Bien que le groupe ne précise pas les raisons qui l'ont poussé à renoncer à ce projet, l'état du secteur frappé par la crise et des réticences de Bruxelles ont compliqué ce rachat.

La recrudescence du Covid-19 et les réticences de Bruxelles ont refroidi IAG. Le groupe aérien ne rachètera finalement pas Air Europa. La maison mère de British Airways et d'Iberia a en effet annoncé mercredi avoir engagé des "discussions" pour mettre fin à son projet de rachat de la compagnie espagnole.

IAG et Globalia, propriétaire d'Air Europa, vont ainsi certainement résilier l'accord d'acquisition datant de novembre 2019, selon un communiqué. IAG devait racheter 100% du capital de la troisième compagnie aérienne ayant la plus forte présence en Espagne après IAG lui-même et Ryanair. Le groupe avait trouvé un accord avec le groupe de tourisme espagnol Globalia Corporación Empresarial afin de lui racheter pour 1 milliard d'euros sa compagnie aérienne Air Europa. Ce prix avait toutefois été revu à la baisse à 500 millions d'euros en janvier 2020, à la suite des dégâts provoqués par la crise du Covid-19 sur le transport aérien. Et pour cause, selon les prévisions de l'IATA, les compagnies aériennes ont perdu près de 138 milliards de dollars l'an dernier, vont encore perdre 52 milliards de dollars cette année et 12 milliards l'an prochain. Le retour à l'équilibre n'étant attendu qu'en 2023. Ce sont ainsi 201 milliards de dollars qui auront été perdus en seulement trois ans, soit l'équivalent des bénéfices réalisés par les compagnies entre 2011 et 2019.

Omicron : une nouvelle menace pour le transport aérien

D'autre part, bien que le groupe ne précise pas les raisons qui l'ont poussé à renoncer à son projet d'acquisition, les incertitudes liées au variant Omicron font craindre à nouveau une "perte de confiance des voyageurs", a commenté auprès de l'AFP Susannah Streeter, analyste de Hargreaves Lansdown. Au Royaume-Uni par exemple, le gouvernement a de nouveau durci le ton face à la virulence du variant Omicron et imposé, dès le 7 décembre, un test Covid-19 négatif à présenter avant d'entrer sur le territoire. Cette mesure vient s'ajouter à l'obligation de faire un test à l'arrivée et à celle de s'isoler 48 heures, déjà imposée depuis le 26 novembre à tous les voyageurs se rendant outre-Manche. Un "coup de massue" supplémentaire pour les professionnels du voyage. "Il n'est donc pas surprenant, compte tenu de ces turbulences, que l'accord d'achat d'Air Europa semble avoir été retiré de la table", ajoute Hargreaves Lansdown. "Les nouvelles exigences en matière de tests (...) pourraient avoir de sévères répercussions sur les taux de réservations les mois prochains" et "la prudence semble être de mise" face au nouveaux développements de la pandémie.

"N'importe quelle compagnie aérienne hésiterait à se lancer dans des fusions et acquisitions dans l'environnement actuel", a abondé Russ Mould, analyste de AJ Bell. "Le monde est très différent de 2019, lorsque l'accord avait été annoncé pour la première fois".

La frilosité de Bruxelles sur ce projet

D'autre part, le projet de rachat semblait aussi compliqué par les réticences de Bruxelles: la Commission européenne a ouvert en juin une enquête approfondie sur ce dossier, craignant une réduction de la concurrence sur le marché espagnol, susceptible d'entraîner "une hausse des prix" pour les passagers.

"IAG, qui exploite notamment les réseaux d'Iberia et de Vueling, et Air Europa sont des compagnies aériennes de premier plan en Espagne", avait expliqué dans un communiqué la commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager.

"Sur certaines liaisons, IAG et Air Europa étaient jusqu'à présent les deux seules compagnies aériennes présentes", s'était-elle inquiétée, citant notamment les vols "reliant Madrid aux États-Unis et à l'Amérique Latine".

IAG, qui contrôle aussi la compagnie irlandaise Aer Lingus, est le troisième groupe de transport aérien en Europe derrière Ryanair et Lufthansa.

Le groupe avait annoncé début novembre avoir fortement réduit ses pertes pendant l'été et disait espérer un retour aux bénéfices l'an prochain grâce à la réouverture des frontières américaines. Et British Airways a annoncé mardi le lancement en mars prochain de 35 destinations court-courrier "à prix compétitifs" via une nouvelle filiale spécialisée depuis l'aéroport londonien de Gatwick, un projet auquel elle avait d'abord renoncé devant l'opposition des pilotes, avec qui elle est finalement parvenue à un accord.

Air Europa de son côté desservait avant la crise 62 destinations, principalement en Europe et en Amérique du Sud. A la suite de cette annonce, IAG perdait plus de 4% dans la journée à la Bourse de Londres

Le groupe avait annoncé début novembre avoir fortement réduit ses pertes pendant l'été et disait espérer un retour aux bénéfices l'an prochain grâce à la réouverture des frontières américaines. Et British Airways a annoncé mardi le lancement en mars prochain de 35 destinations court-courrier "à prix compétitifs" via une nouvelle filiale spécialisée depuis l'aéroport londonien de Gatwick, un projet auquel elle avait d'abord renoncé devant l'opposition des pilotes, avec qui elle est finalement parvenue à un accord.

Air Europa de son côté desservait avant la crise 62 destinations, principalement en Europe et en Amérique du Sud. A la suite de cette annonce, IAG perdait plus de 4% dans la journée à la Bourse de Londres