Air France-KLM et Lufthansa repassent dans le vert, IAG reste à la traîne

Les majors européennes ont retrouvé des couleurs pendant l'été. Les groupes Air France-KLM, Lufthansa et IAG ont augmenté leur activité et largement amélioré leurs résultats. Les deux premiers ont même signé leurs premiers résultats opérationnels positifs depuis le début de la pandémie du Covid-19, grâce à la performance de leurs compagnies low cost. Et les perspectives s'améliorent avec la réouverture imminente du marché transatlantique. Cela ne suffira pourtant pas pour repasser dans le vert sur l'année.
Léo Barnier
Le groupe IAG s'est montré moins performant que Lufthansa et Air France-KLM cet été.
Le groupe IAG s'est montré moins performant que Lufthansa et Air France-KLM cet été. (Crédits : John Sibley)

Si les chiffres sont encore loin de ceux connus en 2019, les grands groupes de transport aérien européens redressent la tête. A la lumière de la crise qui a frappé le secteur depuis mars 2020, Air France-KLM, Lufthansa et IAG ont connu un bon été malgré des déconvenues comme le maintien des restrictions de voyage par les Etats-Unis. Si une amélioration générale est largement palpable, des différences existent tout de même : Lufthansa et Air France-KLM semblent avoir pris le pas sur IAG.

Bien que l'été soit traditionnellement la meilleure période de l'année pour le transport - tant en volume qu'en rentabilité - une véritable accélération de la reprise s'est faite sentir durant ce troisième trimestre 2021. Les trois groupes ont vu leurs revenus croître de 85% par rapport à la même période en 2020. En trois mois, ils ont ainsi engrangé près de 12 milliards d'euros, soit quasiment autant que lors des six premiers mois de l'année.

Cela se traduit par une amélioration des résultats financiers. Certes Air France-KLM, Lufthansa et IAG ont enregistré une perte nette cumulée de plus de 800 millions d'euros sur ce troisième trimestre qui remplissait habituellement les caisses, mais ce déficit est sans commune mesure avec les 5,3 milliards d'euros perdus un an auparavant.

Malgré une forte amélioration, IAG reste en retrait par rapport à ses concurrents. A lui seul, le groupe, qui comprend British Airways, Iberia, Aer Lingus, Vueling et Level, représente plus des deux tiers des 800 millions d'euros perdus au troisième trimestre. Cet écart se ressent aussi dans les résultats opérationnels : là ou Air France-KLM et Lufthansa ont dégagé de premiers bénéfices d'exploitation - 132 millions d'euros pour le groupe français et 17 millions pour son homologue allemand - IAG affiche un déficit de 452 millions d'euros. Fortement dépendant de l'axe transatlantique, le groupe a ainsi été fortement marqué par les restrictions mises en place par le Royaume-Uni progressivement assouplie à partir de fin juillet et les Etats-Unis.

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Les low cost sont devenues indispensables

Si Air France-KLM et Lufthansa s'en sortent mieux, c'est en grande partie grâce à la bonne tenue des leurs entités à bas coût. Transavia Holland et Transavia France ont dégagé une marge opérationnelle de plus 20% au troisième trimestre pour atteindre un résultat d'exploitation cumulé de 105 millions d'euros, soit plus des trois quarts du bénéfice d'exploitation du groupe. De son côté, Eurowings a généré un résultat de 108 millions d'euros, là où les compagnies traditionnelles (Lufthansa, Swiss, Austrian Airlines et Brussels Airlines) perdait 450 millions d'euros.

La bonne tenue du trafic loisirs, en particulier vers l'Europe du Sud, et la levée des restrictions pour les voyages intra-européens ont permis à ces trois compagnies de remonter en puissance plus rapidement. Pendant l'été, Eurowings a déployé une capacité en siège au kilomètre offert représentant plus de 60% de celle de 2019, là où les autres compagnies du groupe Lufthansa plafonnaient à moins de 50%. Le constat est encore plus frappant pour Transavia, qui a atteint 85% de son niveau de 2019, soit plus de 20 points au-dessus d'Air France et KLM. La compagnie verte devrait continuer de monter en puissance jusqu'à l'été 2022, tirée par la croissance de la flotte de Transavia France.

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Vueling à l'équilibre, Iberia en pointe

Le constat est moins glorieux pour Vueling, en dépit d'une bonne tenue du marché domestique espagnol et de l'attractivité touristique du pays cet été. Au troisième trimestre, la compagnie low cost du groupe IAG a retrouvé une capacité de l'ordre de 68% du niveau de 2019, ce qui est mieux qu'Eurowings et moins bien que Transavia. Elle a aussi affiché un taux d'occupation de l'ordre de 80% comme ses concurrentes. Pourtant, Vueling n'a pu faire mieux qu'atteindre l'équilibre financier opérationnel, là où Eurowings et Transavia ont rapporté plus d'une centaine de millions d'euros chacune.

Le groupe IAG continue tout de même à renforcer Vueling, notamment au départ d'Orly où elle a récupéré 18 créneaux, contrepartie demandée par Bruxelles pour valider la recapitalisation d'Air France par l'Etat français. Ce sera aussi le cas pour Iberia, qui a été la seule compagnie du groupe à dégager un bénéfice opérationnel cet été, de l'ordre de 21 millions d'euros. Sur le quatrième trimestre, les deux compagnies espagnoles retrouvent les trois quarts de leur capacité de 2019, ce qui les placent 15 points au-dessus de la moyenne du groupe.

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La promesse transatlantique

Si la part du bas coût est essentielle dans le redressement des groupes européens, c'est bien la réouverture complète du trafic avec les Etats-Unis qui est aujourd'hui au centre de toutes les attentions. Elle doit se concrétiser ce 8 novembre. Air France a déjà annoncé la couleur : d'ici mars 2022, elle veut avoir remis en ligne 90% de sa capacité de 2019, contre 50% cet été. La compagnie va ainsi opérer jusqu'à 122 vols par semaine vers 11 villes aux Etats-Unis, sans compter KLM.

IAG se montre plus prudent. Alors que quatre de ses cinq compagnies desservent les Etats-Unis, elle n'alignera que 63% de sa capacité de 2019 sur les Etats-Unis cet hiver. Seule Iberia montera à 77%. La véritable remontée en puissance doit s'opérer à l'été 2022, où British Airways, Aer Lingus et Iberia égaleront, voire dépasseront (à quelques pourcents près) leur niveau de 2019. Level devrait quant à elle tripler son offre.

Ce redéploiement sera crucial pour le groupe, en particulier pour British Airways dont une très large partie des revenus dépend du marché nord-américain. C'est moins prégnant pour Iberia dont le réseau est largement orienté vers l'Amérique latine.

Tous ont en tout cas connu une forte reprise des réservations dès l'annonce en septembre de la réouverture des Etats-Unis pour les passagers européens. Après un petit creux, la confirmation en octobre de la date du 8 novembre a donné un second coup de fouet aux ventes. Selon l'Association internationale du transport aérien (IATA), le niveau de réservation à fin octobre est équivalent à 80% de celui de 2019.

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Un déficit annuel inévitable

Cela devrait permettre de réduire encore un peu les pertes par rapport à l'an passé. Cependant, même en cas de très bonne fin d'année, le premier semestre a été encore trop déficitaire pour l'ensemble des trois groupes pour pouvoir espérer passer dans le vert à la fin de l'année.

Seul Air France-KLM se projette sur un possible Ebitda positif pour l'ensemble de l'exercice (il est pour l'instant déficitaire de 78 millions d'euros sur les neuf premiers mois de l'année). En revanche, le résultat opérationnel (-1,8 milliard d'euros sur neuf mois) et le résultat net (3,2 milliards) resteront déficitaires.

Lufthansa et IAG ont annoncé plus précisément leurs prévisions en la matière. Le groupe allemand s'attend à une perte opérationnelle comprise entre 2 et 3 milliards d'euros en 2021 (deux fois moins qu'en 2020), tandis que le groupe britannico-espagnol table sur une perte de 3 milliards d'euros.

Léo Barnier

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