Après l'année noire, Air France, Lufthansa et IAG vont-elles renouer avec la rentabilité au 3e trimestre ?

Lufthansa retrouve des couleurs dans le sillage d'une industrie entière qui redécolle doucement, à la faveur de la saison estivale et de l'assouplissement des restrictions sanitaires sur les trois derniers mois. Chez la première compagnie européenne ainsi qu'au sein d'Air France-KLM et IAG, les pertes d'exploitation se réduisent mais restent abyssales. Toutefois, le groupe franco-néerlandais et son homologue allemand pourraient retrouver leur rentabilité dès cette année. Reste à savoir si ce rebond attendu se confirmera lors des prochains mois.
(Crédits : RALPH ORLOWSKI)

C'est une petite innovation d'usage qui résume bien l'impact de l'hiver économique sur l'activité des compagnies aériennes suite à la pandémie. Cette semaine, Lufthansa, le premier groupe européen du transport aérien, a présenté une offre de couchette en classe économique. Pour combler le faible taux de remplissage de ces appareils, désertés ces derniers mois pour cause de Covid-19, le transporteur allemand propose désormais à ses voyageurs de transformer un rang entier en lit éphémère, moyennant un surcoût allant jusqu'à 229 euros. Tout est bon, en effet, pour réduire des pertes abyssales, 5,5 milliards d'euros de pertes d'exploitation en 2020 pour le géant allemand.

Mais quelle que soit la réussite de cette nouveauté, le salut du secteur passera inévitablement par la reprise à grande échelle du trafic de passagers. Et sur ce point, la compagnie européenne commence à retrouver des couleurs, dans le sillage d'une industrie entière qui redécolle doucement à la faveur de la saison estivale et de l'assouplissement des restrictions sanitaires sur les trois derniers mois.

Les réservations estivales portent les compagnies aériennes

Selon les données d'Eurocontrol, le trafic européen est remonté en juillet, à 65% du niveau de 2019. Ainsi, Lufhtansa annonce sur les trois prochains mois une hausse du trafic à 50% du niveau d'avant-crise. La tendance est encore plus ambitieuse chez Air France-KLM, qui a porté son offre en sièges en juillet à plus de 60% de la même période de 2019. En conséquence, le groupe a amélioré ses hypothèses de trafic pour le troisième trimestre, entre 60% et 70% des niveaux d'il y a deux ans (contre 55-65% précédemment).

Toutefois, ce rebond ne profite pas à toutes les grandes compagnies européennes. Le britannique IAG (British Airways) table pour l'instant sur une capacité de passagers de 45% comparé à 2019.

La reprise du trafic au premier semestre 2021 a permis aux acteurs du secteur de limiter leurs pertes. Le leader allemand a divisé par deux sa perte nette au deuxième trimestre. Entre avril et juin, l'entreprise a affiché un résultat net de -756 millions d'euros contre -1,5 milliard sur cette période l'année dernière. Toutefois, la perte d'exploitation était encore de 1,18 milliard d'euros sur la période contre 1,52 milliard un an auparavant.

Du coté d'Air France-KLM, la perte d'exploitation a été une nouvelle fois très lourde au deuxième trimestre (-752 millions d'euros), mais elle est également inférieure à celle du premier trimestre (-1,2 milliard d'euros). La perte nette est du même niveau : 1,5 milliard d'euros, mais celle-ci est impactée négativement par des éléments exceptionnels, dont un changement de régime de retraites chez KLM. Le groupe avait perdu 7,1 milliards en 2020.

Quant au Britannique IAG, sur les six premiers mois de l'année 2021, il a réduit de moitié sa perte d'exploitation mais qui reste élevée, passant de 4,052 milliards d'euros à 2,035 milliards d'euros. En ressort, un résultat net en perte de 2,05 milliards d'euros sur le semestre, contre 3,81 milliards d'euros sur la même période un an plus tôt. Le chiffre d'affaires reste déprimé et en baisse de 60% sur un an à 2,2 milliards d'euros. IAG met toutefois en avant de "solides liquidités de 10,2 milliards d'euros à la fin du deuxième trimestre".

Retour de la profitabilité au troisième trimestre 2021

A l'image d'IAG, Air France-KLM (recapitalisation par l'Etat français) et de Lufthansa, les compagnies aériennes ont été sauvées par la puissance publique tout en réduisant leur coût. IAG avait supprimé autour de 10.000 emplois chez British Airways, soit un quart des effectifs, et 500 chez Aer Lingus. Lufthansa subit pour sa part une vaste restructuration qui passe par une réduction du nombre d'avions dans la flotte. 30.000 emplois sur 130.000 ont déjà été supprimés, entraînant 1,1 milliard d'euros d'économies sur les 1,8 milliard visés. Air France et KLM ont pris également des mesures drastiques, engageant des plans de départs volontaires qui auront concerné 14.000 personnes au total d'ici à la fin de 2022 et réduisant leur flotte d'appareils (-7% entre 2019 et 2022). Le groupe vise toujours un retour aux capacités de 2019 en 2024.

Au regard de l'amélioration des prévisions et trafic et des baisses de coût, le retour à l'équilibre est envisagé par Lufthansa dès le 3e trimestre 2021, pour la première fois depuis mars dernier. De son côté, IAG ne donne pas de perspectives financières, en raison de l'incertitude liée à la résurgence de la pandémie de Covid-19. Quant à l'alliance franco-néerlandaise, tant KLM qu'Air France visent un retour à la rentabilité opérationnelle au troisième trimestre 2021, pour la première fois depuis le début de la crise sanitaire. Toutefois, le groupe ne se prononce pas sur les perspectives du quatrième trimestre de l'année.

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Commentaires 4
à écrit le 06/08/2021 à 12:04
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Ce ne sont pas les écologistes qui nuisent au transport aérien ! Il était déjà mal en point en 2019, le covid l'a achevé en 2020. Les raisons ? Un modèle économique imbécile, le «bas-coût/bas-prix» (low-cost). Les prix des billets étant inférieurs au...

à écrit le 06/08/2021 à 2:47
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Vu l'exigence de passe et trucs machins, ce sera sans moi cette annee encore.

à écrit le 05/08/2021 à 17:55
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Déjà !!???

à écrit le 05/08/2021 à 14:09
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Le retard de retour à l'activité d'IAG s'explique aussi par le blocage des vols transatlantiques par l'administration américaine !! IAG tirait avant le covid, l'essentiel de son activité dans les vols transatlantiques !

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