Face à la grève SNCF, une seule solution : le télétravail ?

Par Audrey Fisne  |   |  730  mots
D'après une enquête réalisée par le "Comptoir mm de la nouvelle entreprise" de Malakoff Méderic, 56% des salariés non télétravailleurs aimeraient bénéficier du dispositif si leur entreprise le permettait. Le chiffre augmente chez les Franciliens (69%) et chez les cadres (68%). (Crédits : Reuters)
Le télétravail est-il une alternative pour travailler, s'il n'y a pas de train ? C'est ce que semble penser Valérie Pécresse, la présidente de la Région Ile-de-France, qui incite les salariés et les employeurs franciliens à user de ce dispositif pendant la grève de 36 jours annoncée par les syndicats de la SNCF.

La grève annoncée par les syndicats de la SNCF est une "mauvaise nouvelle, une mauvaise chose pour les 4,5 millions de Français qui prennent le train tous les jours", a estimé, jeudi 15 mars, au JT de TF1, Guillaume Pépy numéro 1 du réseau ferroviaire. Comment les usagers vont-ils pouvoir s'organiser pour se déplacer durant ces 36 jours de grève annoncés - du 3 avril au 28 juin -, en alternant "2 jours de grève-3 jours d'activité normale"?

A cette interrogation, Valérie Pécresse a peut-être la solution pour les Franciliens : le télétravail. Interrogée sur RTL, la présidente d'Ile-de-France, qui potentiellement devrait être la région la plus impactée par les mouvements sociaux à la SNCF, a annoncé que la région mettra à disposition 600 lieux de télétravail, répertoriés sur son site.

Depuis septembre 2017, la Région a d'ores et déjà expérimenté le télétravail pour ses agents. Il a été généralisé dès ce début d'année, "après quelques mois de succès", pour des raisons d'économie du temps de transport et de préservation de l'environnement. La moitié des agents d'Ile-de-France est en télétravail deux jours par semaine toute l'année.

Souhaitant pousser la réflexion plus loin encore, Valérie Pécresse a expliqué avoir reçu les directeurs des ressources humaines de grands groupes de la région afin de les inciter à augmenter le télétravail au sein de leurs entreprises.

(Capture d'écran de la carte réalisée par la Région Île-de-France des Tiers lieux de travail)

| Aller plus loin : la carte des espaces de télétravail et coworking réalisée par la Région Ile-de-France

"Une équation à deux gagnants"

Face aux complications de déplacement à venir, le télétravail pourrait constituer une solution pour plusieurs raisons. D'une part, il faut rappeler que les ordonnances réformant le Code du travail ont assoupli le dispositif. Grâce à cela, les salariés d'une entreprise, si les tâches le permettent, peuvent travailler à domicile en conservant les mêmes droits que leurs collègues postés dans les locaux. Le cadre (modalités d'acceptation, de contrôle, plages horaires) est fixé par une charte élaborée par l'employeur, après consultation du Comité social économique ou dans le cadre d'un accord collectif. Les ordonnances favorisent également le recours au télétravail en obligeant l'employeur à justifier un refus en cas de demande d'un salarié.

Car ce dispositif rencontre un certain succès chez les employés. D'après une enquête réalisée par le "Comptoir mm de la nouvelle entreprise" de Malakoff Méderic, 56% des salariés non télétravailleurs aimeraient recourir au télétravail si leur entreprise le permettait. Le chiffre augmente chez les Franciliens (69%) et chez les cadres (68%).

"Pour les deux partis, employeurs comme salariés, on y observe des intérêts. C'est une équation à deux gagnants finalement", assurait déjà à La Tribune, Anne-Sophie Godan, directrice innovation de Malakoff Méderic.

Pour rappel, en 2016, selon le cabinet RH Kronos, seuls 16,7 % des Français effectuaient du télétravail plus d'une journée par semaine (dont 64% le faisaient de chez eux et 21% dans des bureaux mis à disposition par leur entreprise). Un petit effort de communication est sans doute encore nécessaire.

Le covoiturage gratuit

Outre le télétravail, pour limiter les inconvénients dus à la grève SNCF, Valérie Pécresse a également annoncé que la Région allait encourager le covoiturage.

"Les jours de grève, l'Ile-de-France instaurera le covoiturage gratuit, avec huit partenaires. (...) Et ça commence le 22 mars", jour de la mobilisation de la fonction publique à laquelle s'associeront le syndicats de cheminots.

Par ailleurs, outre ceux qui empruntent le train pour aller travailler, ceux qui partent en vacances vont également être concernés. La période de grève comprendra en effet les vacances de printemps et les différents ponts du mois de mai.