La low-cost long-courrier French Blue se lance sur Tahiti

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  866  mots
Les autorités polynésiennes ont accordé à French Blue les droits de trafic pour la desserte de la côte ouest américaine au départ de la Polynésie. Il lui reste à décrocher l'aval du département américain aux transports (DoT) pour les vols entre San Francisco et Paris.
Après Paris-La Réunion cet été, la low-cost long-courrier du groupe Dubreuil va ouvrir la ligne Paris-Papeete via San Francisco en mai prochain.

Baisse des tarifs aériens en vue entre Paris et Tahiti. C'est la perspective qui se profile sur cette route réputée chère avec l'arrivée l'an prochain de French Blue, la compagnie low-cost long-courrier du groupe Dubreuil, lequel détient également Air Caraïbes. C'est en effet sur la ligne Paris-Papeete via San Francisco (aucun avion n'a l'autonomie suffisante pour assurer des vols sans escale) que French Blue va positionner son deuxième Airbus A350, qui entrera dans sa flotte en avril prochain. Après l'ouverture de Paris-La Réunion en juin dernier, Paris-Papeete sera la deuxième ligne du réseau de la compagnie.

Deux à trois vols par semaine

Les autorités polynésiennes ont accordé ce mardi à French Blue les droits de trafic pour la desserte de la côte ouest américaine au départ de la Polynésie. Reste encore à obtenir le feu vert du département américain aux transports (DoT) pour les vols entre San Francisco et Paris. Celui-ci ne fait néanmoins aucun doute. La demande de French Blue s'inscrit en effet dans le cadre de l'accord de ciel ouvert entre l'Europe et les Etats-Unis, qui autorise des services aériens illimités entre les deux espaces économiques. Dans l'attente, French Blue ne peut communiquer ni sur les jours de rotation, ni sur les prix.

Pour autant, le président de French Blue, Marc Rochet, a confié à La Tribune que la compagnie assurera deux vols par semaine (trois en période de pointe) et que l'offre tarifaire s'annonce "sympathique". Selon Air Tahiti Nui, le prix d'un billet aller-retour entre Paris et Papeete tourne en moyenne autour de 1.500 euros en classe économique.

"Parmi toutes les routes que nous avons étudiées, celle-ci était la plus intéressante. C'est d'une part une route où les coefficients d'occupation et les tarifs sont assez élevés comme c'était le cas entre Paris et La Réunion, où notre arrivée a fait baisser les prix et augmenter le trafic de 17%. Par ailleurs, avec des étapes longues (entre la métropole et la côte ouest des Etats-Unis d'un côté, et entre San Francisco et Papeete de l'autre), c'est une route sur laquelle l'A350 sera très efficace. Enfin, elle nous permet de mettre un pied aux Etats-Unis", a expliqué à La Tribune Marc Rochet.

Une rotation, trois routes

Ce dernier connaît cette ligne sur le bout des doigts pour l'avoir eu dans son réseau du temps où il pilotait AOM entre 1992 et 1996, mais aussi pour avoir préparé le lancement d'Air Tahiti Nui entre Papeete et Paris en 2003 pour remplacer Air Lib, disparue quelques mois plus tôt sous la présidence de Jean-Charles Corbet. A la différence près que French Blue passera par San Francisco et non par Los Angeles, comme le fait aujourd'hui Air Tahiti Nui, l'unique opérateur sur cet axe, en partenariat avec American (sur Paris-Los Angeles) et Air France (sur un vol hebdomadaire).

Au final, avec une seule rotation, French Blue commercialisera trois routes complètement différentes. Si elle sera confrontée à Air Tahiti Nui sur l'axe Paris-Papeete, French Blue viendra se frotter à la low-cost Norwegian, Air France, et XL Airways sur la ligne Paris-San Francisco. Entre San Francisco et Tahiti, la jeune low-cost française sera en revanche la seule à opérer.

Coup dur pour Air Tahiti Nui

Le coup s'annonce rude pour Air Tahiti Nui, la compagnie du Territoire de Polynésie. De passage à Paris en début d'année, Mathieu Bechonnet, directeur général d'Air Tahiti Nui ne cachait pas sa crainte face à l'hypothèse de l'arrivée d'une compagnie low-cost long-courrier entre Paris et Papeete. Citant Norwegian, il estimait qu'un tel scénario aurait un impact sur la rentabilité de la compagnie. Il avait dans le même temps attiré l'attention sur l'impact sur le tourisme de la saturation des capacités hôtelières en Polynésie.

Aussi, avec l'arrivée de French Blue avec un A350 de plus de 400 sièges, la question se pose de savoir s'il y a de la place pour deux opérateurs sur cette ligne. Prenant l'exemple de La Réunion, où "Air Austral n'a pas perdu de passagers depuis l'arrivée de French Blue", Marc Rochet estime que la stimulation tarifaire entraîne une induction de trafic.

Montée en gamme

Dans son duel avec French Blue, Air Tahiti Nui aura néanmoins de sérieux atouts à faire valoir. L'arrivée de son nouveau rival va intervenir au moment où elle aura commencé le renouvellement de sa flotte avec l'arrivée au cours des prochaines semaines de deux B787-9 neufs (deux autres suivront par la suite) équipés d'un nouveau produit à bord (siège convertible en lit plat en classe affaires, wifi...). Ce dernier traduira la stratégie de montée en gamme souhaitée par la compagnie, comme l'ont fait Air Austral et Corsair. Air Tahiti Nui peut également compter sur une solide politique d'alliances qui porte ses fruits sur le plan commercial.

Lire ici : Corsair répond aux low-cost long-courriers avec du caviar Petrossian à bord

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