TUI mandate la banque Rothschild pour vendre Corsair

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  600  mots
Depuis septembre déjà, Corsair est commercialisée sur le site Internet de la compagnie britannique à bas coûts, easyJet.
Selon nos informations, le géant du tourisme a décidé de relancer la vente de sa filiale Corsair, plus de deux ans après l'échec de la vente au groupe Dubreuil. TUI a engagé la banque d'affaires française Rothschild pour trouver un repreneur.

Les grandes manœuvres continuent dans le ciel français. Après le rapprochement l'an dernier de XL Airways et de La Compagnie et les récents chamboulements capitalistiques chez Aigle Azur avec l'arrivée dans un actionnaire de poids, une autre compagnie française pourrait également changer de mains. Selon des sources concordantes, le groupe touristique TUI a en effet engagé la banque d'affaires Rothschild pour vendre sa filiale Corsair, une compagnie aérienne qui transporte 1,2 million de passagers par an avec ses 7 gros porteurs et emploie 1.200 salariés.

Echec en 2015 de la vente au groupe Dubreuil

Il s'agit d'une nouvelle tentative après l'échec en 2015 de la vente de la compagnie au groupe Dubreuil, propriétaire d'Air Caraïbes, mais aussi de la low-cost long-courrier French Blue lancée quelques mois après l'échec des négociations avec Corsair afin de mener une stratégie "stand alone". A ce moment-là, il en était de même pour Corsair. La compagnie créée par Jacques Maillot dans les années 80 n'était plus officiellement à vendre selon sa direction, même si de nombreux observateurs estimaient que le groupe TUI n'allait pas mettre en sommeil bien longtemps sa volonté de se désengager de cette compagnie qui, depuis l'entrée du groupe touristique dans son capital au début des années 2000 (Preussag à l'époque), a plus souvent été dans le rouge que l'inverse.

Renouvellement de la flotte

TUI revient donc à la charge en prenant cette fois les services d'une banque d'affaires, qui plus est de renom. Aujourd'hui, en raison de la relative faiblesse du prix du carburant qui rendent les trois B747-400 de plus de 500 sièges (déjà amortis) extrêmement performants pour ce qui des coûts au siège, Corsair reste néanmoins fragile. La compagnie est en effet confrontée à une concurrence de plus en plus rude avec l'arrivée sur le marché des low-cost long-courriers French Blue et Norwegian. Sa flotte peut très vite devenir un fardeau en cas de remontée du prix du baril. La décision de se séparer de Corsair intervient alors que la question du renouvellement des 3 B747, qui doivent sortir de la flotte d'ici à 2020-2021, doit être tranchée d'ici à deux ans.

Si TUI a continué à financer les investissements comme la reconfiguration en cours des cabines avec la mise en place d'une classe affaires pour mener à bien la stratégie de montée en gamme lancée en 2012 par le PDG Pascal de Izaguirre, le groupe n'a probablement pas envie de s'engager sur un investissement largement plus lourd.

Accord en vue avec Easyjet sur des correspondances

Reste à trouver un repreneur. Ce ne sera pas facile. Pour beaucoup d'observateurs, TUI devra probablement financer la restructuration de l'entreprise comme il était prêt à le faire en 2015 lorsqu'il négociait avec le groupe Dubreuil, et tenir compte dans le "deal" la question du renouvellement de la flotte. A l'époque, Qatar Airways et le groupe IAG (British Airways, Iberia....) aurait regardé le dossier, selon certaines sources.

Malgré la concurrence, la compagnie a notamment l'avantage de détenir des positions fortes sur l'Outre-mer, des créneaux à Orly et de disposer également d'un gros portefeuille de droits de trafic. En outre, sa stratégie de montée en gamme est plutôt convaincante et les partenariats signés cette semaine avec Aigle Azur, et demain peut-être avec easyJet sur des correspondances à Orly, lui permettent de muscler son jeu. Depuis septembre déjà, Corsair est commercialisée sur le site Internet de la compagnie britannique à bas coûts.