À Saint Nazaire, début des travaux du premier parc éolien en mer français

Par Jérôme Marin  |   |  585  mots
L'installation des éoliennes devrait débuter l'été prochain. (Crédits : DR)
Ce parc offshore doit produire un cinquième de la consommation électrique de la Loire-Atlantique. Son entrée en service n'est pas attendue avant 2022.

Sur la plage de la Courance, à Saint Nazaire, une pelleteuse est à pied d'oeuvre. L'image peut paraître banale. C'est pourtant une étape cruciale pour la filière éolienne française. Ces premiers coups de pelles, donnés mercredi 27 novembre, marquent en effet le début des travaux du raccordement du premier parc offshore français - leur coût est estimé à 285 millions d'euros. "Enfin, le chantier démarre", se réjouit Carole Pitou Agudo, déléguée régionale de RTE, le gestionnaire du réseau de transport de l'électricité.

Et pour cause: l'appel d'offres pour la construction de ce champ en mer a été remporté en 2012 par Eolien Maritime France, une filiale d'EDF Renouvelables. Mais le projet a ensuite été retardé par de multiples recours devant la justice administrative. Ceux-ci n'ont été définitivement purgés qu'en juin 2019. Les travaux de raccordement, supervisés par RTE, devraient se terminer mi-2021. L'installation des éoliennes devrait débuter l'été prochain. La mise en service effective du parc, elle, n'est pas attendue avant 2022. Dix ans après l'appel d'offres.

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66 kilomètres de câbles sous-marins

Si la France affiche du retard sur ses voisins européens, les professionnels du secteur se veulent désormais optimistes. En plus de Saint Nazaire, trois autres parcs devraient bientôt être purgés de recours (Saint-Brieuc, Fécamp et Courseulles-sur-mer). Le gouvernement a par ailleurs promis de relever le rythme des appels d'offres à 1 gigawatt par an. Et il a publié, fin 2018, un décret pour réduire significativement les délais liés aux recours. La filière française espère ainsi parvenir à une puissance raccordée de 3.500 mégawatts d'ici à 2026.

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À Saint-Nazaire, le parc offshore comptera 80 mâts, pour une puissance totale de 480MW. De quoi produire un cinquième de la consommation électrique de la Loire-Atlantique. Pour raccorder les éoliennes au réseau électrique, RTE va tirer deux câbles sous-marins, chacun d'une longueur de 33 kilomètres. Ils relieront une sous-station électrique située en mer à la côte bretonne.

"Le trajet est le fruit d'une concertation, explique Carole Pitou Agudo. Il a été pensé pour minimiser l'impact sur l'environnement et sur l'activité maritime".

Opération complexe

Chaque câble, fabriqué en Finlande, comporte trois conducteurs qui permettent d'acheminer l'énergie, ainsi que deux fibres optiques pour transférer des données. D'un diamètre de 27 centimètres, ils sont lourds: 120 kilogrammes par mètre. Leur installation nécessite l'intervention d'un câblier, équipé d'une charrue qui creuse une tranchée d'une profondeur de 1,5 mètre. Cette opération, dite d'ensouillage, constitue un défi "complexe", reconnaît Hervé Macé, directeur du projet chez RTE. Et encore plus en raison des conditions météorologiques, parfois difficiles, de la région.

Sur la plage de Courance, une station enterrée sous 2,5 mètres de sable assurera la jonction entre les câbles sous-marins et le réseau électrique souterrain. Commence alors un autre travail pour RTE: tirer six câbles sur une distance de 27 kilomètres jusqu'à un poste électrique, également en construction, dernière étape avant les lignes à très haute tension. Cela implique notamment de creuser des tranchées en ville. Une tâche plus classique, mais fastidieuse. "On avance de 50 mètres toutes les semaines", souligne Hervé Macé.

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