Coup de gueule du chef de la BEI contre le secteur industriel, jugé trop lent face au changement climatique

Par AFP  |   |  546  mots
"Il y a certains patrons de sociétés qui devraient se demander s'ils ne se sont pas endormis à la barre" de leurs entreprises, s'est agacé Werner Hoyer. (Crédits : Reuters)
Werner Hoyer, chef de la Banque européenne d'investissement, a tenu des propos très durs à l'encontre du secteur industriel, et notamment les constructeurs automobiles qui auraient mis trop de temps à passer du moteur à combustion polluant à des voitures électriques propres. Mais la transition vers une économie neutre en carbone peut réussir "si la volonté existe", a-t-il ajouté.

Le président de la Banque européenne d'investissement (BEI) a vivement critiqué la lenteur des entreprises industrielles à réagir au changement climatique, estimant que certains patrons ne se rendent compte de rien.

Dans une interview à paraître ce lundi dans le groupe de presse allemand RND, le chef de cette Banque qui relève de l'Union européenne, Werner Hoyer, a affirmé comprendre les inquiétudes au sujet de la perte d'emplois dans les industries traditionnelles.

"Mais il y a certains patrons de sociétés qui devraient se demander s'ils ne se sont pas endormis à la barre" de leurs entreprises, a-t-il dit, en soulignant que la lutte contre le réchauffement climatique rendait inévitable le fait d'évoluer.

Il a estimé en particulier que les constructeurs automobiles avaient mis trop de temps à passer du moteur à combustion polluant à des voitures électriques propres.

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Il était "parfaitement clair il y a 15 ans ou même 20 ans" que cette transition aurait "un impact considérable notamment sur les constructeurs automobiles", a-t-il dit.

"Mais au lieu d'y faire face, de nombreux [industriels] n'ont pas réagi, et ont préféré attendre".

L'Allemagne en perte de vitesse

M. Hoyer a tenu ces propos alors que son pays d'origine, l'Allemagne, première économie d'Europe, connait un plongeon de son activité manufacturière, en raison des tensions commerciales, d'une faible croissance mondiale et des incertitudes entourant le Brexit.

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Le secteur crucial de l'automobile en Allemagne a été durement frappé par le ralentissement économique, qui intervient au moment où les finances des constructeurs sont alourdies par les énormes investissements nécessaires pour produire les véhicules propres et autonomes de demain.

Des entreprises de premier plan comme Volkswagen, Daimler et Continental ont annoncé la suppression de dizaines de milliers d'emplois dans les prochaines années.

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M. Hoyer a fait un parallèle avec les difficultés éprouvées par les mineurs de charbon dans la région industrielle allemande de Rhénanie du Nord-Westphalie au cours des décennies passées, au moment où les mines fermaient les unes après les autres.

Si la "volonté existe", la transition est possible

"Nous devons tracer une nouvelle route", a-t-il estimé. "Personne ne passe du jour au lendemain d'un travail de mineur à la direction d'une startup numérique".

Mais la transition vers une économie neutre en carbone peut réussir "si la volonté existe", a-t-il ajouté.

La Banque européenne d'investissement, dont le siège est au Luxembourg, a annoncé à la mi-novembre qu'elle allait arrêter de soutenir les projets liés aux énergies fossiles, y compris le gaz, à partir de 2022.

Cette nouvelle politique répond notamment à un appel de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen à devenir une véritable "banque du climat".

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la BEI prévoit aussi de débloquer jusqu'à 1.000 milliards d'euros d'investissements dans l'action pour le climat et le développement durable au cours de la prochaine décennie.