L'Etat dévoile un plan ambitieux pour diminuer l’empreinte carbone, il reste à l'appliquer

Par latribune.fr  |   |  928  mots
Emmanuel Macron vendredi, en Conseil des ministres, qui a assuré qu'il présentera d'ici la « fin de l'été » sa stratégie complète pour la planification écologique pour le pays. (Crédits : Reuters)
Le Secrétariat général à la planification écologique (SGPE) a publié, ce lundi, une note détaillant les objectifs chiffrés de réductions des émissions de gaz à effet de serre de plusieurs secteurs d’activité. Ce document dévoilé par un organe de l’État doit permettre de réduire de 50% les émissions de la France d’ici à 2030, par rapport à 1990.

L'horloge tourne et le gouvernement ne veut pas être en retard sur ses objectifs de réductions de 50% de ses émissions de gaz à effet de serre (GES) d'ici à 2030, par rapport à 1990. Dans cette optique, le secrétariat général à la planification écologique (SGPE) a établi un « tableau de bord » détaillant les objectifs de réduction de CO2 de nombreux secteurs, ce lundi.

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Cette publication fait suite à l'annonce d'Emmanuel Macron vendredi, en Conseil des ministres, qui a assuré qu'il présentera d'ici la « fin de l'été » sa stratégie complète pour « la planification écologique pour le pays, qui touchera tous les secteurs (et) qui donnera de la visibilité en termes de changement, en termes d'investissements et qui a été le fruit d'un très gros travail ces derniers mois ». Cette feuille de route devait initialement être détaillée début juillet mais avait été reportée en raison des émeutes. Ce lundi, le nouveau « tableau de bord » publié par le SGPE répartit ces économies de façon plus fine qu'auparavant dans l'objectif de faire baisser les émissions de gaz à effet de serre de la France de 403,8 millions de tonnes de CO2 équivalent (Mt CO2e) en 2022 à 270 millions en 2030.

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Ces premiers indicateurs « seront complétés, dans le courant de l'année, par des indicateurs plus complets, y compris pour couvrir les autres enjeux de la planification écologique (biodiversité, adaptation, ressources naturelles, etc.) », précise le SGPE.

La production et la consommation d'énergie au centre du programme

Toujours est-il que dans sa note publiée ce lundi, l'organisme affirme que la part totale des énergies renouvelables dans l'ensemble de la production électrique devra passer de 26% à 34% d'ici 2030. L'énergie solaire devra être multipliée par trois, l'éolien offshore par près de quatre, tandis que l'éolien terrestre devra progresser de plus 55%. Le biogaz devra passer de 8 térawatt-heures en 2020 à 50 en 2030.

Les usines d'acier, de ciment ou d'autres industries devront fortement réduire leurs émissions, via notamment le captage de CO2, une technologie encore embryonnaire, mais pas seulement. Les 50 sites les plus émetteurs hors raffinage devront ainsi passer de 43 Mt CO2e émis en 2022 à 25, et le reste de l'industrie de 33 à 20. La réindustrialisation verte de la France est le principal cheval de bataille du président. « La bataille pour la réindustrialisation est clé sur le plan économique, est clé sur le plan géopolitique, est clé sur le plan politique et sur l'unité de la nation », avait annoncé Emmanuel Macron lors d'un discours-fleuve au palais de l'Élysée le 11 mai dernier, dans lequel il avait détaillé les grands axes de la politique industrielle de l'économie française.

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Dans le tertiaire, se serrer la ceinture sera aussi une nécessité! Le secteur devra aussi apprendre à se passer de fioul (plus de 80% de baisse demandée) et de gaz (environ -40%) via ses chaudières, alors que le gouvernement français s'interroge sur l'opportunité d'interdire l'installation de toute nouvelle chaudière à gaz neuve.

Plus de voitures électriques et de covoiturage

Le gouvernement prévoit que 66% des voitures neuves vendues en 2030 soient électriques, contre 15% aujourd'hui (en 2035, selon une loi européenne, ce sera 100%). Il table aussi sur une explosion du covoiturage, source énorme d'économies: alors que le nombre de trajets covoiturés par jour est en 2023 de 21.000, il devra passer à 196.000 en 2030.

Le nombre de pistes cyclables devra atteindre 150.000 kilomètres en 2030 contre 61.000 à fin 2023, tandis que les parts des voyages effectués en train et en transports en commun urbains devront également croître, de 20 milliards de km-voyageurs pour le premier et de 15 milliards pour le second.

Le gouvernement reconnaît cependant que le trafic aérien ne pourra pas être réduit. En métropole, il passera de 237 milliards de passagers kilomètres transportés en 2019 à 265 en 2030 (une hausse un peu moindre qu'entre 2015 et 2019).

Le logement et l'agriculture aussi ciblés

D'autres secteurs vont aussi devoir faire des efforts. C'est par exemple le cas du bâtiment. Les émissions annuelles domestiques de la construction de logements vont devoir être réduites de plus de moitié, avec deux grands leviers. D'une part, le gouvernement espère voir décupler le nombre de rénovations globales de logements via MaPrimeRenov, jusqu'à 900.000 par an en 2030. Pour rappel, selon l'Agence nationale de l'habitat (Anah), seules 65.939 rénovations globales ont été effectuées sur les dernières années. La rénovation énergétique de 669.890 logements a permis au total 5,2 TWh d'économies annuelles d'énergie. Le SGPE veut aussi voir la part des résidences principales chauffées au fioul être divisée par trois entre 2020 et 2030, pour atteindre 3,6%. Aucun mot concernant la réduction du gaz dans le logement cependant.

Concernant l'agriculture, le secrétariat anticipe 21% de surfaces en bio en 2030 contre 11% en 2022, ce qui réduira les volumes d'engrais azotés (dont l'ingrédient principal est le gaz fossile). Le SGPE souhaite aussi voir moins de tracteurs au diesel, et le doublement des cultures de légumineuses, dans les prochaines années. Au niveau de l'élevage, les émissions de méthane (les rots de vaches) devront être ramenées à 32,5 millions de tonnes par an contre 36,9 en 2022, sans qu'aucun objectif de réduction de la consommation de viande ne soit donné.

(Avec AFP)