Paris lance le chantier de la sortie du plastique jetable en 2024

Par Giulietta Gamberini  |   |  614  mots
Les tables-rondes ont fait émerger la nécessité que les grandes entreprises jouent un rôle moteur, ainsi que celle de certifications permettant de choisir des alternatives véritablement vertueuses. (Crédits : Charles Platiau)
La mairie de la capitale vient d'organiser sa première "conférence annuelle" réunissant tous les acteurs concernés. L'objectif: identifier les freins et les leviers à cette "transformation olympique", afin de commencer à agir dès 2020.

C'était l'une des 20 promesses formulées par Anne Hidalgo en juin 2019 : les Jeux olympiques de 2024 seront l'occasion de transformer Paris en ville "sans plastique jetable". Un objectif ambitieux qui s'inscrit dans l'intention affichée par la maire de non seulement organiser des jeux "exemplaires sur le plan environnemental", mais aussi de profiter de l'événement pour accélérer la transition écologique de la capitale.

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Pour y parvenir, la ville vient de lancer la concertation, sur laquelle elle compte s'appuyer afin d'identifier les freins mais surtout les leviers de cette "transformation olympique". Lors de la première "conférence annuelle de sortie du jetable", l'ensemble des acteurs concernés étaient réunis mardi 5 novembre à l'Hôtel de ville: grande distribution, commerçants, recycleurs, ONG et startups porteuses d'alternatives.

Une feuille de route en quelques mois

Trois chantiers étaient notamment défrichés - dans des tables-rondes destinées à être pérennisées dans autant de groupes de travail: le renforcement du réemploi et du vrac, la suppression du plastique à usage unique dans les événements dès 2020 et l'élaboration dès 2021 d'alternatives aux contenants jetables dans la restauration hors domicile. "L'objectif est d'établir en quelque mois une feuille de route pour 2020 pour chaque sujet", puis d'organiser une deuxième conférence l'année prochaine, a expliqué Jean-François Martins, adjoint à la maire de Paris chargé du sport, du tourisme et des Jeux olympiques et paralympiques.

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Nombre d'obstacles à la sortie du plastique jetable se sont ainsi révélés être les mêmes dans l'ensemble des chantiers. C'est le cas notamment des contraintes liées à la sécurité sanitaire des aliments, de celles logistiques et réglementaires, mais aussi des coûts des alternatives à l'usage unique, souvent bien supérieurs à ceux des emballages jetables. Mais d'autres difficultés plus spécifiques aux diverses utilisations ont également émergé.

"Dans le cadre des événements, le remplacement du plastique jetable par des solutions durables est aussi freiné par la nécessité de déployer des infrastructures trop lourdes pour des manifestations très courtes", a par exemple noté Armelle Bernard, directrice des relations extérieures et du développement Eau de Paris, en résumant les conclusions de l'une des tables-rondes. "Sans compter les normes de sécurité qui imposent parfois de réquisitionner les gourdes", a-t-elle ajouté.

Les Parisiens sont prêts

Quant aux leviers, les premiers débats ont fait émerger plusieurs pistes, telles que la création d'un consortium entre les principales entreprises qui proposent déjà des emballages réutilisables, afin de faire émerger une "alternative industrielle" qui pourrait être soutenue par la mairie de Paris. Dans l'événementiel, "le choix du site, notamment par rapport à l'accès à l'eau, est aussi fondamental", a rappelé Armelle Bernard, avant de suggérer également à la mairie de Paris de mettre à la disposition des plus petits organisateurs un "kit 0 déchet".

Les tables-rondes ont également souligné la nécessité que les grandes entreprises jouent un rôle moteur, ainsi que celle de certifications permettant de choisir des alternatives véritablement vertueuses. Certains intervenants ont aussi appelé de leurs vœux une interdiction pure et simple du plastique à usage unique - dont quelques objets ont déjà été bannis par la loi nationale ou européenne. Un constat a également été partagé par tous les acteurs: les Parisiens semblent plutôt prêts à se passer du plastique jetable. Ils n'attendent donc que le déploiement de la feuille de route.

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