Le groupe de presse turc Dogan remporte son bras de fer contre le fisc

Le Conseil d'État a tranché en faveur du principal groupe de média de Turquie qui continue toutefois de vouloir vendre ses actifs.
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Dogan Yayin Holding (DYH) peut souffler. En moins d'une semaine, le conseil d'État a rendu deux décisions favorables au principal groupe turc de presse indépendante dans son bras de fer qui l'oppose à l'administration fiscale. La plus Haute cour administrative du pays a cassé une première décision de justice forçant DHY à verser 1,8 milliards de livres turques (840 millions d'euros) de taxes et intérêts pour évasion fiscale entre 2005 et 2007. Enfin vendredi, c'est une amende de 443 millions de livres turques - 679 millions avec les intérêts - qui a été annulée.

En 2009, DYH dirigé par le « self-made man » Aydin Dogan, avait écopé de l'amende la plus importante jamais infligée à une entreprise turque (4 milliards de livres turques soit 1,8 milliards d'euros). Pour certains, on assiste à une « mise à mort » orchestrée par le gouvernement du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan avec qui Dogan Yayin Holding est en conflit ouvert. « Les sanctions financières visent non pas à le faire taire mais à discipliner le groupe Dogan » commente Mehmet Ali Birand, présentateur vedette de la chaîne Kanal D. « Nous pouvons parler de pressions diverses sur la presse d'opposition. »

Ces décisions du conseil d'État, que les autorités turques peuvent contester, ne marquent pas la fin du processus judiciaire car DHY attend d'autres décisions concernant le reste des amendes. Elles sont toutefois de bon augure pour la compagnie, valorisée à 1,4 milliards d'euros, qui a décidé de céder ses actifs dans les médias.

Plusieurs candidats

Avec 35 % des parts de marché en terme de circulation de journaux et 22 % de parts d'audiences avec les seules chaînes de télévision Kanal D et Star TV, Dogan Yayin Holding est le leader du secteur en Turquie. Il possède 7 chaînes de télévisions, 8 quotidiens, 4 radios, plusieurs dizaines de magazines et est aussi présent dans l'édition et l'internet. En 2009, DHY faisait état d'un bénéfice net de 46 millions de livres turques (26 millions d'euros) pour sa branche publication et de 384 millions pour l'audiovisuel. Selon Soner Gedik, membre du conseil d'administration, DYH est en discussions avec plusieurs candidats pour la vente de Kanal D et Star TV auxquelles devraient s'ajouter certains journaux. Toutefois, le « groupe ne quittera pas totalement les médias » a ajouté Soner Gedik. Le puissant quotidien « Hürriyet », qui tire à 440.000 exemplaires par jour et qui est contrôlé à 60 % par DYH, ne devrait pas faire partie de cette première charrette.

Parmi les candidats en lice se trouvent Time Warner et les fonds d'investissements américains TGP et KKR. Ils devront trouver une manière de s'adapter à la loi turque qui limite à 50 % la part des investisseurs étrangers dans le secteur des médias. KKR semble avoir trouvé une solution. Début février, le groupe turc Yildiz, propriétaire des biscuits Ulker et des chocolats Godiva, a annoncé la création d'un consortium entre sa société financière Gozde et KKR. Reste un autre défi à relever pour les candidats en lice : s'assurer d'une entente minimale avec le gouvernement turc.

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