Comment Alstom Power profite de la croissance brésilienne

Présent au Brésil dans l'hydroélectricité depuis 55 ans, le groupe français diversifie ses investissements pour accompagner les immenses besoins du pays en énergie.
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Januario Soares Dolores, 49 ans dont 35 de maison, est fier de son usine fraîchement repeinte et toute pimpante nichée au sein d'un parc luxuriant. Taubate, qu'il dirige en tant que responsable des opérations d'Alstom Hydro pour l'Amérique latine, est l'une des plus importantes de la branche hydroélectrique, avec celle de Tianjin (Chine) inaugurée il y a quelques mois. Sur 84.000 mètres carrés, 1.825 salariés y fabriquent turbines et générateurs hydrauliques pour l'exportation et l'immense marché brésilien. La production actuelle est destinée aux barrages de Jirau et de Santo Antonio, sur la rivière brésilienne de Madeira.

« Il faut compter deux ans pour fabriquer la première turbine (du sur-mesure pour chaque site, notamment au niveau des ailettes), puis on peut en produire une par mois », explique Januario Soares Dolores. Menacée de fermeture il y a près de 25 ans, Taubate est aujourd'hui l'une des usines hydrauliques les plus performantes du groupe. Elle entend bien le rester. L'hydroélectricité représente aujourd'hui 81 % du mix énergétique du pays, dont la consommation a crû d'un tiers en 10 ans. Depuis 55 ans qu'il y est implanté, Alstom (leader mondial du secteur avec 25 % de part de marché), a équipé 50 % des installations. Le groupe a notamment fourni la moitié des 20 turbines Francis de 700 MW du barrage d'Itaipu, le deuxième au monde par la capacité de production (14.000 MW) derrière celui des Trois Gorges en Chine (18.000 MW), qui utilisera également des turbines du groupe.

Situé sur la rivière Parana, à la frontière entre le Brésil et le Paraguay, Itaipu est régi par le traité éponyme de 1973, qui stipule notamment la répartition de la production (94 milliards de kWh en 2010) à parts égales entre les deux pays. Depuis son entrée en service en 1984, il fournit ainsi 19 % de l'électricité totale consommée au Brésil et 77 % des besoins de son voisin. Désigné comme l'une de sept merveilles du monde moderne par l'American Society of Civil Engineers en 1995, ce barrage collectionne les records (voir encadré).

Marché prometteur

Outre une activité de mise à niveau des centrales existantes lorsqu'elles auront un peu vieilli, le Brésil reste un marché très prometteur pour Alstom Power. Seulement 25 % du potentiel hydroélectrique seraient aujourd'hui exploités et 71 nouvelles installations sont prévues d'ici à 2017. De nombreux projets de toutes tailles actuellement en cours ont fait appel à des équipements Alstom, dont celui de Belo Monte, qui doit devenir à partir de 2015 la troisième centrale hydroélectrique la plus importante au monde (11.200 MW). Pour accompagner cette évolution, Alstom a aussi investi dans IMMA, une coentreprise inaugurée en mars 2010 avec son partenaire Bardella.

Mais pour produire les 33 GW supplémentaires annuels nécessaires à sa croissance, le Brésil ne compte pas seulement sur l'hydroélectricité. Comme l'a récemment confirmé la présidente Dilma Roussef, le pays se met aussi à l'éolien. Il a d'ailleurs attiré plusieurs leaders mondiaux du secteur. Fort d'un premier contrat de 90 MW à Bahia avec le groupe Engevix, Alstom y investit dans une usine d'assemblage, dont la capacité doit atteindre 300 MW à terme. Et compte également prendre sa part du gâteau sur les centrales au gaz, dont le Brésil possède d'importantes réserves offshore.

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