Mexico veut ouvrir le capital de la compagnie pétrolière Pemex

Le président mexicain Felipe Calderón envisage de réaliser une réforme pétrolière sur le modèle de celle réalisée au Brésil pour l'ouverture de capital de Petrobras.
Copyright Reuters

L'annonce a fait l'effet d'une bombe dans les milieux politiques mexicains : le 10 mai, le président Felipe Calderón a proposé d'ouvrir le secteur pétrolier aux investisseurs privés. Inspiré de l'expérience du géant brésilien Petrobras, son plan énergétique vise à modifier le statut de la compagnie nationale, Petroleos Mexicanos (Pemex), dont la production décline. La fin annoncée du monopole d'État depuis 73 ans ? Pas si sûr...

« Le futur du pétrole mexicain en dépend », a milité le président Calderón en visite à New York. Avec 150.000 salariés et 585 puits en opération, Pemex est la première entreprise du Mexique, septième producteur mondial. Cette nouvelle loi devrait être présentée au Congrès en septembre prochain alors que le groupe pétrolier s'apprête à émettre des « obligations citoyennes », réservées aux Mexicains. « Le schéma est similaire à celui suivi par Petrobras, voici dix ans », a précisé Felipe Calderón sans pour l'heure donner de détails sur le nombre d'obligations émises ou le pourcentage d'ouverture du capital. Ces questions devront être débattues au Congrès.

En 1995, le Brésil a ouvert son monopole d'État à la participation minoritaire d'opérateurs privés. Des actions Petrobras ont aussi été vendues sur le marché boursier. Onze ans plus tard, le pari semble gagné : le fleuron brésilien est estimé à 229 milliards de dollars. L'année dernière, Petrobras a levé 70,6 milliards de dollars en Bourse pour financer un plan record d'investissements de 224 milliards de dollars.

Avertissement du PRI

En face, Pemex fait grise mine avec une valeur négative estimée - car le titre n'est pour l'heure pas coté - entre 9,6 milliards et 11 milliards de dollars. Sa production a chuté en six ans de 3,4 à 2,5 millions de barils par jour, entraînant une perte nette de 3,8 milliards de dollars en 2010. Au point que le pays importe désormais 49 % de ses besoins en pétrole. « Pour doper ses moyens de production, le gouvernement veut nouer des joint-ventures avec des entreprises étrangères », explique Jose Luis de La Cruz, économiste à l'Institut technologique de Monterrey. Mais selon lui, « l'initiative n'est viable qu'accompagnée d'une réforme fiscale de fond. Pemex, qui finance 35 % à 40 % du budget de l'État, est asphyxié par les prélèvements fiscaux ».

D'autant que la modification de la Constitution semble délicate : « Oui à l'émission d'obligations citoyennes mais pas à l'ouverture du capital aux entreprises étrangères », avertit David Penchyna, député du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), opposition majoritaire à la Chambre des députés. Depuis la nationalisation du pétrole en 1938, le monopole de l'État est un facteur fort d'identité nationale défendu par le PRI. « Felipe Calderón s'en est déjà mordu les doigts », pointe Jorge Zarco, ancien directeur de la revue « El Mundo del petroleo ». Son premier projet de réforme énergétique a débouché en 2008 sur une loi a minima, autorisant juste des contrats de services avec les groupes étrangers et la possibilité d'émettre des obligations destinées aux Mexicains.

Cette nouvelle initiative aura-t-elle plus de chance d'aboutir ? Jorge Zarco en doute : « L'effervescence politique liée à l'élection présidentielle de juillet 2012 n'est pas propice aux réformes polémiques. »

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.