Pékin prend Airbus en otage pour s'opposer aux règles CO2 de Bruxelles

Hostile au système européen d'échanges de quotas d'émissions de CO2 pour l'aérien, la Chine menace l'Europe de représailles.
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Le procédé est brutal. Mais il a le mérite d'être clair. Hostile au système d'échanges de quotas d'émissions de CO2 pour l'aviation que Bruxelles a prévu de mettre en oeuvre le 1er janvier 2012 (voir ci-dessous), la Chine tape du poing sur la table. Les autorités chinoises, soucieuses de ne pas pénaliser leurs compagnies aériennes en pleine croissance, menacent de représailles plusieurs industriels européens si l'Union européenne n'accommodait pas le règlement pour les compagnies aériennes chinoises. Celles-ci estiment le surcoût du système de quotas à 80 millions d'euros en 2012.

Airbus est particulièrement visé . « Il y a eut une réunion avec les responsables chinois il y a deux semaines environ et ils nous ont clairement dit que si nos plans étaient maintenus, il y aurait des conséquences pour Airbus », explique un proche du dossier en Europe, cité par l'agence Reuters. Les enjeux sont colossaux pour le constructeur aéronautique, fortement implanté en Chine tant sur le plan commercial qu'industriel.

En raison de leurs commandes actuelles et celles à venir, les compagnies chinoises - qui doivent avoir l'aval de Pékin - sont stratégiques pour Airbus. Surtout à moins d'un mois du salon aéronautique du Bourget, toujours faste en contrats.

Interrogé vendredi à Pékin par « La Tribune » pour savoir si Airbus faisait l'objet de menaces des compagnies chinoises, Tom Enders, le président de l'avionneur européen, a indiqué : « Je n'ai reçu de menaces de personne. Mais je suis d'accord avec la position chinoise qu'un système juste pour plafonner les émissions de carbone doit passer par une solution globale plutôt que par une mesure régionale comme entend le faire l'Europe. » Et son directeur de la communication Rainer Olher, d'ajouter : « Les autorités chinoises nous ont dit qu'elles menaçaient Bruxelles d'actions légales (...) Elles considèrent Airbus comme un symbole de l'Union Européenne et s'attendent à ce qu'on fasse du lobbying en leur faveur. »

Transporteurs européens visés

A Bruxelles, on se refuse à tout commentaire, soulignant que pour l'instant aucune plainte officielle n'a été déposée. Les transporteurs européens sont eux aussi dans le collimateur. Un dirigeant d'une compagnie aérienne européenne basé à Pékin avoue lui aussi avoir reçu des pressions de la part des autorités chinoises, qui menacent selon lui de lever une taxe sur les compagnies aériennes européennes opérant en Chine. Si le cadre légal de telles mesures de représailles n'est pas clair, l'industriel avoue être préoccupé. « L'affrontement n'est pas bon pour nous. Il est clair que le contexte de crispation touche tous nos dossiers en cours. Toutes les négociation peuvent être affectées », explique-t-il. De passage vendredi à Pékin, Pierre Lellouche, le secrétaire d'État français au Commerce s'est dit confiant sur la possibilité de trouver une solution à l'amiable.

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