Le géant brésilien Vale se dote d'un patron équilibriste

Murilo Ferreira prend les rênes du numéro un mondial du minerai de fer, semi-public. Il promet de contenter à la fois les marchés financiers et le gouvernement brésilien.
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Six semaines après sa nomination, Murilo Pinto de Oliveira Ferreira a pris dimanche la tête de Vale, le géant minier brésilien, remplaçant ainsi Roger Agnelli qui a dirigé pendant dix ans la compagnie partiellement privatisée. Avec la fin de la « telenovela » sur la succession à la tête du numéro un mondial du minerai de fer, les actionnaires espèrent que le titre reprendra des couleurs en Bourse. Les turbulences avaient commencé avec l'élection présidentielle, à la fin 2010. Dilma Rousseff, la nouvelle présidente, est sur la même longueur d'ondes que son prédécesseur Lula da Silva : les champions parapublics doivent participer de la politique économique de l'État. Comme Lula, Dilma n'oublie pas qu'en 2009, suite à la crise économique, Agnelli a annoncé des milliers de licenciements, alors que la compagnie était bénéficiaire. La priorité de l'ancien PDG était alors claire : sauvegarder les dividendes sans s'occuper des préoccupations du gouvernement pour sa part résolu à lutter contre la récession en limitant le chômage pour relancer la demande interne.

Trois mois après son arrivée au pouvoir, Dilma annonce qu'Agnelli ne sera pas reconduit. Dans la foulée, elle somme la compagnie d'hydrocarbures Petrobras, dont l'État est l'actionnaire majoritaire, de ne pas répercuter sur le prix de l'essence à la pompe l'envolée des cours du pétrole, afin de contenir l'inflation. Les actionnaires enragent : Petrobras est l'une des seules majors internationales à ne pas profiter de la hausse du baril !

Dans le cas de Vale, le fait que le choix de Ferreira ait été fait en 24 heures a surpris les opérateurs de marché. L'homme est certes un vétéran de l'entreprise où il a été directeur pendant onze ans de plusieurs départements dont l'aluminium, les métaux non ferreux, la sidérurgie, l'énergie et les fusions-acquisitions. C'est d'ailleurs à ce dernier poste qu'il s'est fait remarquer en pilotant, en 2006, le rachat du groupe canadien Inco, pour une valeur de 18 milliards de dollars. Mais la principale inconnue pour les investisseurs reste la future relation entre Ferreira et les autorités : aura-t-il la liberté de définir sa propre stratégie pour l'entreprise ou devra-t-il systématiquement se plier au exigences de Dilma Rousseff ?

Choix géographiques

L'envolée des cours des matières premières, dont le Brésil est un grand exportateur, ainsi que la valorisation du real menacent d'accélérer la désindustrialisation du pays. Pour limiter le processus, les autorités incitent les entreprises à augmenter la valeur ajoutée de leur production et à investir dans les infrastructures. Dans le cas de Vale, cela signifie ne pas se cantonner au minerai de fer, la poule aux oeufs d'or du groupe, et s'impliquer dans la sidérurgie, l'énergie hydroélectrique, voire les chemins de fer. Les choix seront également géographiques : Vale va-t-il poursuivre son expansion à l'international, et notamment en Afrique - Mozambique, Zambie, Guinée - ou se recentrer sur le Brésil ? Vendredi, Ferreira a rassuré les investisseurs en confirmant le programme d'investissement de 24 milliards de dollars en 2011, tout en promettant que le groupe assumerait ses responsabilités économiques nationales.

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