Bruce Rockowitz lance Li & Fung à la conquête du consommateur chinois

Le nouveau directeur général du numéro un mondial du « sourcing », qui approvisionne notamment Walmart, veut désormais exporter vers la Chine des produits fabriqués en Asie.
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Je battrai les objectifs du plan triennal ! » À peine nommé directeur général du groupe hong-kongais Li & Fung la semaine dernière, Bruce Rockowitz, qui occupait déjà la fonction de président depuis 2004, s'est engagé à ne pas décevoir ses actionnaires. Et ce, en dépit des vents contraires soufflant sur les économies développées et le ralentissement anticipé dans les pays émergents. Li & Fung est le numéro un mondial du « sourcing », activité consistant à trouver les meilleures sources d'approvisionnement pour des clients, dans son cas des géants de la distribution tels Walmart, Marks & Spencer et Inditex. Entre 2011 et 2013, le groupe vise un résultat d'exploitation de 1,5 milliard de dollars, soit 500 millions de dollars de plus que l'objectif du plan 2008-2011, qui n'a pas été atteint en raison de la crise financière.

Lors d'une conférence à Hong Kong, William Fung, qui remplacera son frère Victor à la tête du conseil d'administration en 2012, a insisté sur le fait que Li & Fung privilégierait désormais la « croissance organique » pour se développer. Une vraie rupture après que le marché a sanctionné un résultat net 2010 de 527 millions de dollars, en hausse de 27 %, mais jugé décevant après les seize acquisitions réalisées l'an dernier, dont celle du géant chinois de la logistique Integrated Distribution Services (« La Tribune » du 5 avril).

Mais Bruce Rockowitz a rapidement tenu à clarifier les propos de William Fung. « Nous continuerons à réaliser des acquisitions dans des régions où nous voulons nous renforcer ou nous implanter », a déclaré le responsable sur Bloomberg TV. « Par exemple, nous souhaitons vendre en Chine des produits fabriqués en Asie. Alors qu'avant, nous nous contentions d'exporter depuis la Chine », a-t-il ajouté. En 2010, Li & Fung a réalisé 65 % de son chiffre d'affaires aux États-Unis, où, comme en Europe, la croissance demeure maussade.

Préserver les marges

Se tourner vers le consommateur de l'ex-empire du Milieu doit permettre à Li & Fung de bénéficier de l'essor du pays et d'ainsi préserver ses marges menacées par les pressions inflationnistes. « Les exportateurs chinois sont obligés d'augmenter les salaires sous pression du gouvernement », note Dominique Dwor-Frecaut, stratégiste pour les marchés émergents de RBS (Royal Bank of Scotland). « La période des exportations bon marché en provenance de Chine est révolue », avertit-elle. En début d'année, Bruce Rockowitz avait lui-même prévenu que les produits exportés de Chine augmenteraient de 10 % au cours du premier semestre 2011.

Dans les pays développés, Li & Fung, qui a repris l'italien Cerruti à la fin 2010, « digère » ses récentes acquisitions qui ont porté ses effectifs de 13.000 à 27.000 personnes... en six mois !

Mais Bruce Rockowitz, qui a piloté 34 acquisitions pour le groupe depuis 2004, se tient prêt à réaliser tout achat susceptible d'aider Li & Fung à profiter, une fois de plus, de la métamorphose en cours du commerce international. Et pour cela, il dispose d'un trésor de guerre de 1 milliard de dollars, a-t-il récemment prévenu.

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