Médiateur du crédit : la bonne adresse pour sortir la tête de l'eau

Depuis sa création fin 2008, le dispositif de médiation du crédit a permis de traiter plus de 30.000 dossiers de sociétés en situation financière précaire et de déboucher sur un accord bancaire dans près de deux cas sur trois. Cela représente 4 milliards d'euros de crédits débloqués et près de 280.000 emplois préservés.
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C'est un fait. Jamais les entreprises n'auront eu à faire face à une situation comptable aussi tendue qu'au cours des quatre dernières années. De financière en 2008, la crise est devenue économique, dégradant au passage la solvabilité des structures les plus fragiles, notamment du côté des PME. Selon une étude réalisée par l'assureur-crédit Coface, le nombre de défaillances d'entreprises devrait augmenter de 4% cette année et avoisiner les 60.000.Dans ce contexte, le dialogue entre les chefs d'entreprise et leurs banques n'est pas toujours facile. Surtout lorsqu'il s'agit de couvrir des besoins de financement à court terme. Les résultats du dernier baromètre KMPG-CGPME daté d'octobre et portant sur un échantillon de 402 dirigeants représentatif des entreprises françaises de 10 à 500 salariés en attestent : 36°% des sondés (contre 29% en juin) font état d'une réduction des crédits ou des facilités de trésorerie alors que 40% d'entre eux (36% en juin) manifestent des besoins de financements d'exploitation (trésorerie, escompte, etc.). Face à ce constat, le rôle de la Médiation du crédit prend toute son importance.
Créé en novembre 2008, au moment où l'État apportait son soutien aux banques pour éviter le risque systémique généré par la faillite de Lehman Brothers, ce dispositif fut mis en place pour lutter contre la menace de resserrement brutal du crédit (credit crunch) et s'assurer que les fonds prêtés aux banques étaient effectivement mobilisés pour le financement de l'économie. Depuis, la Médiation du crédit a traité plus de 30.000 dossiers, avec un taux de réussite supérieur à 60%, représentant une enveloppe de crédits débloqués de 4 milliards d'euros et près de 280.000 emplois préservés. Elle s'adresse à « tout chef d'entreprise, artisan, commerçant, profession libérale, créateur ou repreneur d'entreprise, entrepreneur individuel qui rencontre avec sa ou ses banques des difficultés pour résoudre ses problèmes de financement ou de trésorerie ».

Bâle III, un choc culturel chez les banquiers

Dans la pratique, le médiateur constitue très souvent l'ultime recours pour éviter à une société en situation financière précaire de faire défaut. « La grande majorité des sociétés qui sollicitent la Médiation du crédit ont des fondamentaux dégradés, mais parfois certaines peuvent rencontrer des difficultés ponctuelles ou des problèmes de garantie. D'une manière générale, il s'agit d'une population d'entreprises qui sont arrivées au bout de leurs possibilités après plusieurs années difficiles », note un bon connaisseur du sujet.
Dès lors se pose la question du champ d'intervention du médiateur du crédit. De fait, un banquier est censé connaître mieux que quiconque le profil de risque de son client et donc les raisons l'ayant conduit à lui refuser l'octroi d'un crédit ou d'une facilité de caisse. Mais la réalité n'est pas aussi simple. Bien souvent, l'entreprise se voit notifier une fi n de non-recevoir lorsque le dialogue est rompu avec son partenaire financier, notamment à cause d'un manque de transparence ou d'un déficit d'information. « À la vérité, l'examen de ces dossiers révèle plus souvent une incompréhension mutuelle qu'un manque de volonté ou une incapacité à financer le projet de l'entreprise », écrivait Gérard Rameix, le médiateur du crédit, nommé début août à la tête de l'AMF, en avant-propos d'un guide à destination des chefs d'entreprise.
Le gros du travail des équipes de la Médiation du crédit consiste donc à établir un diagnostic des relations avec les partenaires financiers, accompagné, le cas échéant d'un audit externe de façon à étayer le jugement des principales parties prenantes au dossier. Les mesures d'accompagnement ne s'arrêtent pas là. Alors que les entreprises ont tendance à saisir la Médiation du Crédit de plus en plus tard, une aide est apportée à ces dernières en collaboration avec les réseaux professionnels (CCI, Medef, etc.) dans la présentation de leur activité, l'élaboration de leur « business plan » ou encore le suivi de leur situation financière. « Le dirigeant d'entreprise doit être attentif à la fonction financière et se montrer proactif avec ses partenaires financiers afin d'éviter une rupture de confiance », souligne Bernard Cohen-Hadad, président de la commission financement de la CGPME.
Toutefois, la tâche reste ardue. Et pour cause. Il est de plus en plus compliqué pour les sociétés de disposer d'un fonds de roulement suffisant pour financer leur bas de bilan. Le durcissement des règles prudentielles liées à Bâle III s'est traduit par un vrai choc culturel pour les acteurs du monde bancaire qui accordent de moins en moins de prêts à court terme.

L'espoir suscité par la BPI

Les statistiques de la Banque de France en témoignent. De septembre?2011 à septembre?2012, les encours de crédits à court terme ont reculé de 5,3% après avoir déjà baissé de 3,5% à fin août sur un an glissant. Conséquence, les banques vont chercher des cofinancements auprès de structures comme Oseo dans une logique de partage des risques. Bernard Cohen-Hadad espère d'ailleurs dans ce sens que « la Banque publique d'investissement constituera un nouveau mode de financement complémentaire ».Ce soutien se révèle d'autant plus indispensable qu'il est de fait difficile pour une PME de se financer autrement qu'auprès de sa banque. « Plus de 60% des entreprises dont le chiffre d'affaires est inférieur à 2 millions euros disposent d'une seule banque », rappelle Bernard Cohen-Hadad. Dans certains cas, la Médiation du crédit peut également inciter les actionnaires à remettre de l'argent au pot, mais cette alternative reste onéreuse. Car, comme l'explique Bernard Cohen-Hadad, « le coût du capital revient plus cher qu'un prêt bancaire ».

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