L'expansion des banques se recentre sur l'Europe

Le terrain de jeu des banques européennes s'est considérablement étendu depuis dix ans, avec une accélération depuis quatre ans. À tel point, souligne une étude du cabinet Eurogroup, que « le centre de gravité du développement s'est déplacé en dehors du marché domestique ». Elle en veut pour preuve qu'au cours des deux dernières années, les neuf principales banques européennes ont ouvert 3.500 agences à l'international contre 900 à l'intérieur de leurs frontières. Et de citer l'exemple de Société Générale et de BNP Paribas (avant même la prise en compte du rachat de Fortis), qui disposent de davantage d'agences en dehors de France. Pourtant, après quelques années de dépenses effrénées, et souvent dans des pays lointains, la crise change la donne. Comme le souligne Antoine Oliveau, associé d'Eurogroup, « le premier mouvement des banques françaises a été de se déployer loin de leurs bases, principalement dans les pays émergents. Avec la crise, les banques sont susceptibles de privilégier les opérations européennes par rapport à des acquisitions plus lointaines, selon une logique d'opportunité ou de second marché domestique. Cette stratégie repose sur une logique de recherche de synergies beaucoup plus poussée. »désillusionsMais surtout, il apparaît que les stratégies d'acquisitions lointaines, portées par des espoirs de croissance et le sous-équipement bancaire dans les pays émergents, ne se sont pas révélées aussi payantes qu'espéré. « Les eldorados lointains (Chine, Algérie, Inde) s'ouvrent à un rythme beaucoup moins rapide que prévu. Ces pays sont aussi désormais touchés par la crise, mais leur potentiel en termes d'équipement de produits financiers et bancaires reste considérable et donc toujours attractif », souligne Antoine Oliveau.Ce contexte et les valorisations élevées des prix d'acquisition ont conduit les banques à développer des stratégies alternatives. La première, dite du « greenfield », consiste à s'implanter et grossir par croissance organique. Cette méthode a été systématiquement appliquée par la banque autrichienne Raiffeisen, qui dispose aujourd'hui de 973 agences dans les pays d'Europe de l'Est. La seconde stratégie consiste à se développer à l'étranger en s'appuyant sur un autre métier, en particulier les métiers spécialisés, comme la plupart du temps le crédit à la consommation mais aussi le leasing (crédit-bail), la banque privée ou la gestion d'actifs. Comme le note le consultant, « sur certains marchés, les acteurs privilégient la prise de position via des partenariats. C'est une position d'attente, avant que le marché bancaire ne s'ouvre. Dans ce cas, les banques s'appuient sur l'un des métiers spécialisés du groupe, ce qui permet généralement d'être plus réactif que sur la banque de détail. » C'est par exemple ce qu'a fait le Crédit Agricole en Pologne, Société Générale dans les pays de l'Est ou BNP Paribas en Inde. Des logiques d'embuscade qui portent leurs fruits, comme le souligne Antoine Oliveau : « Dans les métiers spécialisés, il y a souvent des opportunités fortes dans les pays émergents, grâce notamment au développement et à l'enrichissement des classes moyennes. C'est entre autres ce qui explique le succès du crédit à la consommation à l'international. » n
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