Le plan de relance de Pékin fait débat

À l'heure du lancement, aujourd'hui, de la réunion de l'Assemblée nationale populaire chinoise, le débat fait rage en Chine autour du plan de relance de 4.000 milliards de yuans (460 milliards d'euros) annoncé par le gouvernement en novembre. Même si plus de la moitié des dépenses de ce plan (2.100 milliards de yuans) avaient déjà été prévues dans le plan quinquennal 2006-2010, la Chine possède-t-elle les moyens de ses ambitions?? « Je n'ai aucun doute sur cette question » assure Andy Rothman, stratège macroéconomique de la société financière CLSA. « À l'inverse de ses homologues, le gouvernement chinois n'a aucune contrainte financière, son déficit public ayant été limité à 0,4 % de son PIB en 2008. Et comme il n'a pas non plus la moindre contrainte politique, légale et idéologique, il dépensera autant que sera nécessaire. » Soit aussi bien 2.000, 4.000 que 6.000 milliards de yuans, selon l'économiste. La marge de man?uvre de Pékin est d'autant plus grande que les dettes de l'État chinois ne dépassent pas 21 % du PIB. Conséquence immédiate, le déficit public devrait exploser en 2009. Les autorités ont déjà annoncé viser un dérapage de 950 milliards de yuans, contre 111 milliards en 2008, bien au-delà du précédent record de 309,69 milliards enregistré en 2002. La baisse des rentrées fiscales (? 16,7% en janvier) devrait en effet s'ajouter aux dépenses exceptionnelles. Ces dernières seront supportées et attribuées par le gouvernement central, les gouvernements locaux et les banques. Ce partage des tâches provoque justement l'inquiétude d'une frange importante du Parti communiste. transparenceSelon le « New York Times », un groupe de députés libéraux a envoyé une lettre à la direction du Parti pour lui signifier l'impérative nécessité de transparence dans la répartition et l'utilisation des aides afin d'empêcher une nouvelle vague d'enrichissement et de corruption des cadres aux dépens de la population. Prétextant des milliers de requêtes d'Internautes sur cette même question, la Commission nationale de réforme et de développement a décidé de publier l'intégralité du plan de relance sur Internet dès le vote de l'Assemblée nationale passé. Un numéro de téléphone et de fax et une adresse e-mail seront également disponibles afin d'obtenir des renseignements sur la totalité des projets financés dans le pays.Les inquiétudes ne se limitent pas à la question de transparence. Les crédits accordés par les banques (+ 35 % sur un an pour les mois de janvier et février) sont en effet avant tout dirigés vers les projets d'infrastructures attribués à des entreprises d'État. Or, celles-ci sont réputées pour ne pas rembourser leurs crédits. Les allocations de la manne publique doivent donc être surveillées de près pour ne pas engendrer une nouvelle hausse du taux de créances douteuses des banques nationales.Tristan de Bourbon, à Pék
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