Tensions sociales en Nouvelle-Calédonie

outre-merLorsque la Nouvelle-Calédonie tousse, la métropole s'inquiète. C'est le cas depuis que lundi, 27 gendarmes mobiles ont été blessés au nord de Nouméa lors d'affrontements avec les sympathisants de l'Ustke (Union syndicale des travailleurs kanaks et des exploités), un syndicat indépendantiste. Hier, les gendarmes sont intervenus pour dégager cette fois les abords d'une zone industrielle au nord de Nouméa, bloquée par des manifestants. Une trentaine de membres des forces de l'ordre ont été blessés et une dizaine de manifestants interpellés. Sur la côte est, un centre administratif a aussi été pris pour cible.Depuis plus d'une semaine, l'Ustke a déclaré la grève générale et multiplie les blocages d'entreprises. « On va vers l'asphyxie totale de l'économie », a déclaré, hier à l'AFP, la présidente de la CGPME calédonienne. Le patronat a d'ailleurs appelé à une contre-manifestation pour dénoncer l'attitude de l'Ustke.une terre fragileÀ l'origine des troubles, un conflit social au sein d'une petite compagnie aérienne locale qui a débouché, le 25 juin, sur la condamnation à un an de prison ferme de cinq responsables du syndicat reconnus coupables de violence lors du conflit. « La Nouvelle-Calédonie reste une terre fragile et j'espère qu'on trouvera une porte de sortie qui évitera les drames », a affirmé hier matin sur RTL, Yves Jégo, l'ancien secrétaire d'État à l'Outre-mer. Son successeur, Marie-Luce Penchard, présente en fin de semaine dernière à Nouméa avec Bernard Kouchner pour assister au sommet France-Océanie, n'a pas voulu rencontrer les représentants de l'Ustke.Venant quelques mois après les événements antillais, ce début de conflit est pourtant suivi de près à Paris, qui redoute un embrasement. De son côté, le député écologiste européen, José Bové, très proche de l'Ustke, a accusé, hier dans « Libération » le haut-commissaire de la République sur le territoire, Yves Dassonville, de « jeter en permanence de l'huile sur le feu ».Cette agitation survient alors que la Nouvelle-Calédonie (260.000 habitants) connaît pourtant une situation économique nettement moins dégradée qu'ailleurs en outre-mer?: le chômage est inférieur de dix points à celui des Antilles ou de la Réunion. Le taux de couverture des importations par les exportations atteint 73 % contre 10,4 % en Polynésie. Mais, à cinq ans du référendum sur l'autonomie, les problèmes entre Européens, dont le nombre augmente, et Kanaks, nettement plus touchés par le chômage à l'origine des événements des années 1980, resurgissent dangereusement. Patrick Coquidé
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