Des enseignants-chercheurs trop et mal évalués

Trop d'évaluation tue l'évaluation. Un rapport de l'Académie des sciences sur « l'évaluation individuelle des enseignants-chercheurs en sciences exactes et expérimentales » publié en juillet juge qu'« il y a paradoxalement trop d'évaluations [plutôt] que pas assez dans le système français actuel : recrutement, listes de qualification, changements de corps, promotions au cours de la carrière, demandes de financement, etc.. » tout est prétexte à évaluation par les commissions des organismes (CNRS, Inserm?) et du Conseil national des universités (CNU). Ce qui, in fine, « nuit à l'évaluation elle-même ». De quoi conforter les enseignants-chercheurs qui se sont élevés ce printemps contre la réforme de leur statut, et notamment, leur évaluation individuelle.Après moult négociations et quelques concessions de la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche (évaluations tous les quatre ans, par les pairs, en partie au niveau national et pas seulement localement par les universités?), les décrets ont été publiés fin avril. Pour autant, avance Jean-François Bach, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences et coordonnateur général du rapport, plusieurs points restent à améliorer et ces décrets « n'empêchent pas la mise en ?uvre de nos mesures », toutefois circonscrites aux seules sciences exactes.Tout d'abord, « l'évaluation ne doit pas être considérée comme une sanction mais donner l'opportunité de recevoir des conseils ». Dans le premier projet de décret, il avait été initialement prévu que les « mauvais » chercheurs fassent plus d'heures d'enseignement. Une disposition depuis abandonnée. « Il faut certes évaluer l'enseignement, mais il ne faut pas le voir comme une sous-activit頻, insiste Jean-François Bach. Par ailleurs, pour que l'évaluation soit acceptée, « elle doit s'appuyer sur les trois principes fondateurs de compétence, de transparence et d'éthique ». Or la déontologie fait défaut, « trop de conflits d'intérêts sévissant au sein des comités d'évaluation ». Les évaluateurs sont en effet couramment membres eux-mêmes des organismes dont ils évaluent les chercheurs?. Sans compter le manque de transparence et d'éthique.D'où l'idée de raccourcir leur mandat à trois ans avec renouvellement des comités par tiers chaque année. Enfin, le rapport insiste sur la compétence des évaluateurs dont « il arrive même qu'ils soient d'un niveau scientifique inférieur aux évalués », note Jean-François Bach, évoquant la nécessité de prérequis (les évaluateurs devront être évalués) et non seulement de titres.Les rapporteurs feront valoir leurs recommandations auprès de Valérie Pécresse en septembre, sachant qu'elles devront être adaptées à chaque discipline. Et s'inscrire dans un « contexte universitaire difficile ». La conférence permanente du CNU a déjà demandé en juin le report de l'évaluation des enseignants-chercheurs afin qu'un consensus se dégage sur leur finalité et leurs procédures. nLes évaluateurs sont couramment membres d'organismes dont ils évaluent les chercheurs...
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