L'Algérie décourage les investisseurs étrangers

conjonctureL'un après l'autre, les groupes étrangers quittent l'Algérie. La crise économique mondiale qui ralentit voire fige les projets, mais aussi le durcissement des conditions d'investissement refroidissent leurs ardeurs. Dernière mesure gouvernementale en date, hier la Banque centrale d'Algérie a adressé une note aux banques interdisant aux sociétés détenues par des étrangers à plus de 70 % d'effectuer des opérations d'importation. Des groupes comme Michelin, Renault, Schneider sont concernés. Pour certains observateurs, le gouvernement cherchent à décourager les groupes étrangers qu'il accuse de privilégier leur enrichissement et de ne pas contribuer suffisamment au développement national.Côté entreprises, un premier signal ambigu a été émis au deuxième trimestre par le français Bouygues Construction qui a vendu son matériel de construction faute de nouveaux chantiers. « Mais nous maintenons notre présence commerciale là-bas », insiste l'entreprise. Début juillet, c'est le géant émirien de l'immobilier Emaar qui a fait savoir son souhait de partir. Le groupe avait alors annoncé la fermeture officielle de son bureau à Alger « faute d'avancées dans ses projets immobiliers dans le pays ». Emaar devait investir entre 5 et 28 milliards de dollars dans l'immobilier de luxe, les loisirs, la santé et le tourisme à Alger, mais il n'a pas réussi à obtenir les terrains nécessaires pour réaliser ses investissements. « Emaar espérait obtenir des terrains à des prix symboliques pour réaliser des appartements de grand standing et les vendre à prix élevés », ironise une source proche du gouvernement. Le fonds émirien EIIC s'apprête à quitter le pays à son tour, faute de progrès dans son projet de réaliser un parc de loisirs à l'ouest d'Alger pour plus de 5 milliards de dollars.Chez les Français, Colas Rail (filiale de Bouygues) a lui aussi fait ses bagages, prétextant des retards considérables dans le lancement des grands projets ferroviaires. Le cimentier Lafarge a gelé la construction d'une nouvelle cimenterie de 2,5 millions de tonnes près de Constantine (Est) et le groupe Alstom a quasiment renoncé à son usine de montage de rames de métro et de tramway à Annaba (Est). Les deux groupes se plaignent du flou qui entoure les règles d'investissement. Seuls les Chinois, qui s'imposent peu à peu dans le pays grâce à leurs conditions extrêmement compétitives, semblent pour l'instant échapper aux pressions gouvernementales.mesures protectionnistesDepuis le discours prononcé fin juillet 2008 par le président Abdelaziz Bouteflika sur l'échec de la politique d'investissement étranger, le gouvernement a multiplié les mesures protectionnistes et durci les conditions d'installation et d'investissement des étrangers. Les opérateurs internationaux sont ainsi tenus de céder la majorité (51 %) des nouveaux projets à des partenaires locaux et de présenter une balance de paiement excédentaire en faveur de l'Algérie. Ces deux dispositions sont entrées en vigueur il y a à peine une semaine.Le gouvernement s'est également octroyé le droit de préemption sur les cessions d'actifs opérées par les étrangers. Alger souhaite nationaliser leurs entreprises, ce qui permettrait de réduire les transferts de devises sous forme de dividendes, estime un économiste. C'est dans ce contexte qu'Alger a fait fermer pendant quarante jours (du 11 juin au 26 juillet) l'usine locale du groupe saoudien Savola (agroalimentaire) pour « non-conformité avec la réglementation en vigueur ». Et de nombreuses filiales locales de groupes étrangers font l'objet d'enquêtes fiscales diligentées par le gouvernement.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.