Wall Street n'est pas antidémocrate

Roosevelt, Hoover, Truman, Nixon, Bush : Wall Street est loin d'avoir réservé le même accueil à l'ensemble de ses présidents. Mais que Barack Obama se rassure. Si les sondages qui le donnaient gagnants ces derniers jours n'ont pas menti sur les intentions de vote des Américains, le marché n'est pas antidémocrate. Loin de là. Wall Street a connu ses années les plus fastes sous présidence démocrate. La première année d'un mandat, l'indice S&P 500 s'est apprécié en moyenne de 9 %, sur la période 1928-2008. Alors que les mandats républicains ont vu un recul de 2,8 % en moyenne sur la première année. Sur la totalité du mandat, les démocrates ont profité d'une progression annuelle moyenne de 10,1 %, tandis que les républicains n'ont connu un gain moyen de 3,2 %. Un seul locataire démocrate de la Maison-Blanche a connu une première année boursière difficile : Jimmy Carter a vu le S&P 500 trébucher de 11,5 % en 1977.providentiel RooseveltPour Wall Street, en pleine dépression après le krach de 1929, Franklin Delano Roosevelt restera sans nul doute comme l'homme de la providence. L'indice Dow Jones, qui n'a touché son point bas qu'en 1932 après avoir perdu près de 90 % de sa valeur sous la présidence du républicain Herbert Hoover, engrange près de 67 % l'année de l'investiture de l'instigateur du New Deal, en 1933. Son premier mandat sera d'ailleurs synonyme de 200 % de gains pour l'indice des trente valeurs vedettes. Pas un président n'a connu une telle envolée, ou rebond, du marché depuis. Bill Clinton devra cumuler deux mandats pour pouvoir se targuer d'une évolution comparable, avant l'explosion de la bulle Internet.La deuxième meilleure performance lors d'une première année d'un mandat présidentiel hors réélection revient à George Bush père, avec une hausse de 27 % du Dow Jones, devant John Fitzgerald Kennedy (+ 18,7 %). En revanche, les victoires de Richard Nixon, Ronald Reagan et George W. Bush fils ont été précédées de replis de 7 à 15 %.Mais la performance passée n'est pas une garantie des gains à venir. D'autant que l'équation est à plusieurs inconnues : l'avancée dans le cycle économique, la politique monétaire. 2009, en raison de la crise financière et de sa contagion à l'économie réelle, promet quelques difficultés. Restaurer la confiance prendra du temps. Ce contexte a, de fait, relégué au second plan, ces derniers mois, la campagne électorale, qui pousse habituellement les stratégistes à passer en revue les secteurs gagnants et les secteurs perdants, comme l'énergie et la défense en cas de victoire républicaine, ou les biotechnologies (en raison du développement des médicaments génériques, moins chers) et les centres de soins (en raison d'une prise en charge universelle) en cas de victoire démocrate.Volcker avec ObamaMais Wall Street, où le Dow Jones grimpait hier de 2,9 % à la mi-séance, a fait son choix. « Beaucoup étaient prêts à voter Obama, indique Sam Stovall, stratégiste chez Standard & Poor's. Le candidat a réussi à s'entourer de gens respectables, parmi lesquels Paul Volcker, l'ancien président de la Réserve fédérale. » Autres noms cités, ceux des ex-secrétaires d'État au Trésor, Lawrence Summers et Robert Rubin. En revanche, les intervenants semblaient plus sceptiques quant à la capacité de John McCain à gérer la crise. « Quant à la volonté du candidat démocrate d'augmenter les taxes, Wall Street est persuadé que le climat actuel ne lui permettra pas de passer à l'acte », poursuit Sam Stovall avant d'appuyer sur la nécessité d'un changement pour la place financière.
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