Le Trésor et la Banque de France tranchent

La Commission bancaire rend un verdict rassurant sur le Crédit Foncier et Natixis. Dans les différents scénarios testés par le régulateur bancaire, les risques semblent maîtrisables. Christian Noyer somme alors les Caisses d'Épargne et les Banques Populaires de réaliser une fusion complète ou de renoncer à s'unir. Fragilisé au sein même de son groupe, Philippe Dupont voit poindre à l'intérieur de son propre camp la menace d'un homme providentiel, Stève Gentili, le patron de la Bred. Il abat sa dernière carte : l'entrée de l'État au capital du futur groupe. Une option à laquelle l'Écureuil est opposé. Mais pour l'y contraindre, les Banques Populaires exigent que le futur groupe soit doté de fonds propres supérieurs aux exigences du régulateur. L'État comprend alors qu'il va lui falloir apporter une aide supplémentaire, au-delà de celle prévue pour les « rouges » et les bleus » dans le cadre du plan de soutien au secteur bancaire. Donnant, donnant, François Pérol annonce à Bernard Comolet et Philippe Dupont que le patron du futur groupe ne sera ni un « rouge », ni un « bleu » mais un violet, c'est-à-dire une personnalité extérieure. Les pronostics sont ouverts et plusieurs noms commencent à circuler, dont ceux de François Pérol et de Stéphane Richard, le directeur de cabinet de Christine Lagarde à Bercy.Le lendemain, vendredi 13 février, le Trésor reçoit les travaux réalisés par les banques-conseils des Caisses d'Épargne (Lazard accompagnée de BNP Paribas et HSBC) et des Banques Populaires (Rothschild aidée par Deutsche Bank et Société Généralecute; Générale). Hervé de Villeroché, sous-directeur du Trésor en charge des banques, doit rendre les derniers arbitrages pour trouver un compromis sur les pommes de discorde que sont les valorisations des actifs de part et d'autre et le périmètre de la fusion. Il mandate au pied levé la banque d'affaires Citigroup pour l'épauler. À l'époque, le scénario pressenti est celui d'une entrée de l'État pure et simple au capital du nouvel ensemble. Mais, durant tout le week-end, d'autres options sont étudiées. Les Caisses d'Épargne ne veulent pas que l'État entre à leur capital. Les Banques Populaires sont plus souples sur le sujet. « Philippe Dupont a su jouer très tôt la carte de l'État pour se démarquer des Caisses d'Épargne », estime l'un de ses proches. Après un week-end complet à échafauder tous les scénarios, le Trésor et Citigroup proposent une solution intermédiaire : la souscription à des actions de préférence sans droit de vote, mais convertibles en actions d'ici à trois ans. Cette option a le mérite d'être un modus vivendi entre l'entrée directe et le simple prêt. Et la convertibilité met les deux banques sous pression. Ce sera la solution retenue.
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