La Banque d'Angleterre tire sa dernière cartouche

En abaissant hier son taux directeur à 0,5 %, contre 5 % il y a seulement six mois, la Banque d'Angleterre a pratiquement épuisé sa marge de man?uvre. Elle a donc décidé de recourir à ce qui s'apparente à l'arme nucléaire de la politique monétaire : l'« assouplissement quantitatif », ce qui revient à faire tourner la planche à billets. Bien sûr, il ne s'agit pas d'imprimer des billets de banque. La Banque d'Angleterre va acheter des bons du Trésor britanniques avec de l'argent qui n'existe pas, et qu'elle crée électroniquement pour l'occasion, augmentant au passage la masse monétaire en circulation. L'institut d'émission de Londres se portera essentiellement acquéreur de gilts, les titres de la dette publique à 10 ans, dont les rendements devraient se détendre, aiguisant l'appétit pour le risque pour les banques et des entreprises. Ce qui devrait inciter les institutions financières à augmenter leurs prêts et à relancer l'économie. Le marché l'a bien compris, où le taux des gilts a reflué de? 40 points de base hier, jusqu'à 3,24 %.expansion monétaireInitialement, 75 milliards de livres (85 milliards d'euros, soit 5 % du PIB) vont ainsi être injectés, à partir de mercredi prochain et dans un délai de trois mois. Mais la Banque d'Angleterre a l'autorisation du gouvernement britannique de doubler cette somme à 150 milliards. Les 75 milliards ne seront pas entièrement dépensés en bons du Trésor. Une partie ? un maximum d'un tiers ? portera aussi sur des obligations du secteur privé.L'expansion monétaire provoque immédiatement des comparaisons avec les pires expériences, comme le Zimbabwe ou l'Allemagne sous Hitler. Inversement, au Japon, une politique similaire récente n'a eu que peu d'effets. « Au mieux ce n'est pas efficace, au pire, cela provoque de l'hyperinflation », attaque George Osborne, le leader conservateur en charge de l'économie. Mais les analystes ont plutôt bien réagi à l'annonce. « Le délai entre l'augmentation de la masse monétaire et le retour de la croissance est incertain, mais cette longue et difficile route commence ici », estime Stuart Thomson, économiste à Ignis Asset Management. Il espère que la prochaine étape viendra d'une action similaire de la Fed aux États-Unis.Mais les marchés commencent à redouter une forte poussée d'inflation d'ici à quelques années. La sortie de crise sera donc essentielle pour la Banque d'Angleterre. « Si elle se retire trop tard [en vendant les bons du Trésor, Ndlr], l'inflation va s'envoler, mais si elle le fait trop tôt, cela réduira l'efficacité de son intervention », prévient Douglas McWilliams, directeur du Centre for Economic and Business Research. Éric Albert, à Londre
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