Le Crédit Agricole fait des émules en Arménie

La saison des assemblées générales de caisses locales vient de finir, les comptes de la banque ont été approuvés, et les administrateurs, tous agriculteurs, sont satisfaits d'avoir mis en réserve l'intégralité des bénéfices de 2008 (9,6 millions d'euros) dans les fonds propres de l'établissement. En Arménie, la banque Acba, qui depuis trois ans a adjoint à son nom celui de Crédit Agricolegricole, est une sorte de réplique en miniature de l'établissement français d'il y a trente ans : une banque mutualiste dédiée aux agriculteurs. En treize ans d'existence, la banque a parcouru beaucoup de chemin. Elle est, parmi les 22 banques que compte le pays, la première en termes de fonds propres, de nombre d'agences, et la troisième par le total de bilan et de résultat.Née de la volonté de l'Union européenne (UE), au début des années 1990, de soutenir des programmes de développement dans les pays de l'Est (dit programme Tacis), Acba constitue son socle, en 1996, sur 60 associations villageoises présentes dans trois régions d'Arménie. Moyennant une cotisation équivalente à 2 dollars, les agriculteurs deviennent administrateurs. Des fonds propres sont apportés par une subvention de l'UE et sont renforcés régulièrement par des subventions de caisses régionales de Crédit Agricolegricole. Celles-ci sont aussi un vecteur de formation pour les cadres de l'établissement arménien.du microcrédit...Lorsqu'elle se lance, la banque fait du microcrédit. Jamais plus de 500 dollars par personne. La première année, 6.000 prêts sont distribués. Jusqu'en 1999, 95 % de la clientèle sont des agriculteurs. Puis, le temps de la diversification arrive. La banque ouvre de nouvelles agences, notamment en zone urbaine (36 aujourd'hui), installe des distributeurs automatiques (elle en a 100, son premier concurrent en a 50), est la première banque en 2005 à introduire une carte de paiement (elle a 70.000 cartes Visa en circulation aujourd'hui). Elle innove aussi en lançant dans le pays la première activité d'affacturage.L'accélération des affaires est notamment permise par l'entrée du Crédit Agricolegricole au capital en 2006 : en investissant 18 millions d'euros, Crédit Agricolegricole SA et les caisses régionales détiennent 28 % d'Acba et lui accordent le droit d'utiliser le nom Crédit Agricolegricole. Un « deal » est passé : pendant sept ans, la Banque verte ne percevra aucun dividende. Pourtant, avec un coefficient d'exploitation de 47 %, la banque est très rentable. D'ailleurs, Stepan Gishyan, directeur général de la banque arménienne, n'a pas trop d'inquiétude pour ses actionnaires français : « Quand ils sont entrés au capital en 2006, le total de bilan était de 50 millions d'euros. Aujourd'hui, il s'élève à 270 millions. En cinq ans, ils auront triplé leur investissement. »... à la diversificationSi Acba a grossi et élargi sa clientèle au point que les agriculteurs ne représentent plus que le tiers de ses 300.000 clients, la banque a conservé ses règles d'origine. Le premier prêt à un client ne dépasse jamais 600 dollars alors que la moyenne des prêts est de 1.600 dollars aujourd'hui. L'association villageoise, comme pour les caisses locales de Crédit Agricolegricole, élit un conseil d'administration qui fait office de comité de crédit, et établit des statistiques sur la solvabilité de ses emprunteurs. À cet égard, le président du conseil d'administration porte un ?il attentif à ses administrés, car si d'aventure un emprunteur faisait défaut, il serait déchu dans la foulée. Une recette qui, comme dans le microcrédit en général, génère des taux de défaut quasi nuls.
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