Bras de fer autour de la publicité alimentaire

L'examen de la loi sur l'hôpital, qui commence aujourd'hui à l'Assemblée nationale, va être l'occasion d'un bras de fer autour de la publicité alimentaire à la télévision et à la radio. De nombreux amendements s'opposant à ces spots viennent d'être adoptés par la commission des Affaires culturelles et sociales. Ainsi la commission a interdit la diffusion de spots pour les produits « avec ajout de sucre, de matière grasse, ou d'édulcorant de synthèse » avant, pendant et après les programmes jeunesse. Une interdiction proposée par le rapporteur de la loi, Jean-Marie Rolland (UMP), et le président de la commission, Pierre Méhaignerie (UMP). À l'origine, cette idée avait été avancée il y a un an par la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot elle-même.taxe obligatoireLa commission veut aussi imposer aux publicités alimentaires d'indiquer le nombre de calories du produit, et de diffuser systématiquement un message sanitaire via un bandeau en bas de l'écran. Autres desiderata : la diffusion gratuite de messages de l'Inpes (Institut national de prévention et d'éducation pour la santé). La commission veut aussi obliger l'audiovisuel public à mener « des actions » sur la nutrition et à diffuser des messages sur le sujet dans les créneaux libérés par la suppression de la pub. Enfin, elle veut porter de 1,5 % à 3 % la taxe sur la pub alimentaire et la rendre obligatoire. En effet, aujourd'hui, les annonceurs peuvent s'en exonérer en diffusant les bandeaux d'information. Selon le rapporteur, « cette taxe connaît un rendement très faible : 100.000 euros en 2007. Le budget publicitaire de l'Inpes s'élève à 5 millions par an, contre 2 milliards pour l'agroalimentaire ».Évidemment, les chaînes et le ministère de la Culture sont vent debout contre ces amendements et plaident plutôt pour une autorégulation. Ils ont donc proposé mi-2008 une charte d'engagements volontaires. Mais sa signature, qui a failli avoir lieu mi-décembre, tarde. Une nouvelle réunion sur le texte s'est tenue hier après-midi rue de Valois. Le ministère de la Culture se veut optimiste : « On espère signer la charte dans les jours qui viennent, car il ne reste que peu de points de blocage. » Mais certaines chaînes sont très pessimistes : « Nous doutons de la réelle volonté du ministère de la Santé de signer cette charte qui, de toute façon, n'empêchera pas le vote des amendements, qui sont soutenus par des députés déterminés. »règles déontologiquesLe principal point de blocage dans la charte concerne les spots de l'Inpes : doivent-ils bénéficier d'un tarif réduit (65 %) ou être diffusés gratuitement ? « Jamais les chaînes n'ont diffusé de campagne gratuitement, peste l'une d'elles. C'est un chantage inacceptable ! »Selon la charte, les règles déontologiques concernant les spots ciblant les enfants seront aussi « réévaluées », en tenant compte du Programme national nutrition santé (PNNS). En outre, les chaînes diffuseront des émissions « sur l'alimentation et l'activité physique ». Enfin, les industries agroalimentaires financeront « des programmes courts d'éducation pour favoriser les bons comportements ». Ces programmes et les publicités seront contrôlés par le CSA. n Lire l'interview deRoselyne Bachelot page 4.
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