Écart historique entre taux allemands à 2 et 10 ans

Une saga chasse l'autre. C'est l'écartement historique des rendements à 10 ans entre pays de la zone euro qui faisait la « une » financière ces derniers temps ? les fameux « spreads » qui ont agité jusqu'au président Sarkozy lors de son interview de jeudi dernier. Ces écarts qui avaient atteint le record de 57 points de base entre les bunds allemands et les OAT (obligations assimilables du Trésor) françaises au plus fort des tensions de la dernière décade de janvier, mais jusqu'à 296 points de base entre rendements grecs et allemands à 10 ans, commencent à se résorber. Même s'ils restent exceptionnellement élevés au regard des dix ans d'histoire de la zone euro, aujourd'hui élargie des onze membres initiaux à seize, avec la Slovaquie comme dernier impétrant.En ce début de semaine, c'est un autre « spread » qui retient l'attention. Jamais depuis la naissance de l'euro l'écart entre rendements à 2 ans et à 10 ans sur les emprunts d'État de référence allemands, n'avait été aussi élevé. Pour la première fois hier, le différentiel entre les échéances courtes de la courbe obligataire ? le schatz à 2 ans ? et la plus traitée ? le bund à 10 ans ? a franchi le cap des 200 points de base. Ce spread était inférieur de plus de moitié début décembre, puisqu'il s'élevait à moins de 100 points de base. Comment en est-on arrivé là en un si court laps de temps ? Il y a d'abord eu le formidable gonflement des besoins d'emprunts du secteur public dans la plupart des pays de la zone euro, rendu incontournable pour financer les plans de relance des économies et de recapitalisation des banques. Quelque 1.600 milliards de dollars d'émissions obligataires ayant la garantie de l'État, un record absolu, assureront les besoins de financement de la seule Europe. Une véritable indigestion de bons du Trésor et autres titres de la dette publique guette les investisseurs, qui jusque-là se gavaient d'emprunts d'État, dans une course effrénée vers la qualité procurée par ce papier hautement liquide. L?accueil glacial réservé à la première adjudication de l'État allemand cette année en a été le premier révélateur : alors qu'il souhaitait lever 6 milliards d'euros de dette souveraine à 10 ans le 7 janvier dernier, il n'avait réussi à en placer que 4 milliard. Depuis lors, les taux à long terme ? ils évoluent à l'inverse des prix ?, qui avaient connu une détente spectaculaire, ont recommencé à se tendre. Le rendement du bund allemand à 10 ans est remonté d'un plancher absolu de 2,89 % à 3,41 % hier.La partie la plus courte de la courbe obligataire est, elle, particulièrement sensible à la politique monétaire de la Banque centrale européenne et aux anticipations sur les taux directeurs. La poursuite du cycle d'assouplissement de la BCE, qui devrait ramener le loyer de l'argent de 2 % à 1,5 % le mois prochain, étant désormais une quasi-certitude, les rendements à 2 ans ont suivi une trajectoire inverse de leurs homologues à 10 ans. Ils ont enregistré une forte détente dès avant la dernière ouverture du robinet monétaire par la BCE en janvier, pour refluer de 2,30 % début décembre à 1,35 %, au plus bas, la semaine dernière. Le marché réclame, on le voit, un geste fort de la BCE le 5 mars, date du « rendez-vous important » fixé par Jean-Claude Trichet. n
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