Plongeon historique

Il n'y aura pas de miracle. Vendredi, les chiffres que publiera l'Insee sur la croissance au dernier trimestre de 2008 seront très mauvais. L'institut de conjoncture a donné un avant-goût des statistiques de la fin de la semaine via la publication des données sur la production industrielle. Hors énergie, la production manufacturière s'est inscrite en recul de 2,8 % en décembre par rapport à novembre. Au quatrième trimestre, la chute est portée à 8,6 % par rapport aux trois mois précédents. Un tel effondrement trimestriel n'a jamais été observé depuis 1990, date à laquelle remonte la création de cette série statistique. À titre d'exemple, en 1993, dernière grande récession de l'activité industrielle, la production manufacturière s'était repliée de 2,2 % au premier trimestre. En regardant plus loin encore dans le rétroviseur, Cyril Blesson, économiste chez Seeds Finance, rappelle que « début 1975, en plein premier choc pétrolier la production manufacturière s'était contractée de 7,3 %. Seul mai 1968 avait fait pire?: une contraction de 15 % de la production manufacturière » d'un trimestre sur l'autre. Pour l'entourage de Christine Lagarde, cette évolution de la production manufacturière « n'est pas une surprise en soi ». La ministre de l'Économie s'attend à ce que les chiffres de la croissance au quatrième trimestre traduisent une contraction de l'activité « d'au moins 1 % ». Philippe Waechter estime que « de façon mécanique le PIB au quatrième trimestre pourrait reculer de 1,5 % » (soit deux fois plus que le plus fort recul de 1993). très préoccupantLe directeur de la recherche économique de Natixis Asset Management juge le mouvement à l'?uvre très préoccupant?: « On a l'impression que partout on a retiré la prise et que tout s'est arrêté. » À Bercy, le ton est plus nuancé. Les chiffres de la production industrielle traduisent, estime-t-on, des facteurs temporaires?: un déstockage très massif et un quasi-arrêt de la production automobile. Le premier trimestre de 2009 devrait donc être moins mauvais que le dernier de 2008. « Si l'on regarde les indicateurs, on a l'impression que l'on a touché le fond », estime-t-on. « Il faut organiser le redémarrage », ajoute l'entourage de Christine Lagarde. Elle n'échappera pas néanmoins à une révision drastique de sa prévision de croissance pour cette année. La question étant de savoir si elle la fera dans la foulée de la publication des chiffres de vendredi ou un peu plus tard.
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