Les universités sont de plus en plus convaincues des vertus de l'apprentissage

S'il fut un temps où apprentissage rimait en France avec échec scolaire, il est révolu. Depuis une dizaine d'années, les universités s'y sont mises, conscientes de l'appétence des entreprises pour des formations immédiatement opérationnelles. Certes, les IUT (instituts universitaires de technologies), qui font la part belle à l'alternance, ne datent pas d'hier. De 13 en 1966, ils sont 116 aujourd'hui (134.000 étudiants). « Ils sont les mieux placés pour l'alternance, à côté des écoles d'ingénieurs et de certains mastères », estime Jean-François Mazoin, le président de l'Adiut (association des directeurs d'IUT). Contrats d'apprentissage ou de professionnalisation garantissent des taux d'insertion tournant autour des 90 %.Mais le mouvement s'accélère et se diversifie. Nombre d'universités ont aujourd'hui leur centre de formation d'apprentis (CFA) ou leur école d'ingénieurs. « Nous avons ouvert avec l'université Pierre et Marie Curie (Paris VI) notre première école d'ingénieurs en 1993, Polytech'Paris UPMC, indique Bruno Bouniol, vice-président de la chambre de commerce et d'industrie de Versailles (CCIV). 2.700 de nos apprentis (sur 6.000) le sont en partenariat avec les universités UPMC, Versailles-Saint-Quentin, Cergy, Nanterre. » Même les universités de sciences humaines s'y mettent. élargissementAinsi de Rennes II Haute-Bretagne qui, après avoir débuté il y a deux ans avec la filière Staps (Sciences et technique des activités physiques et sportives) propose aujourd'hui des mastères professionnels en alternance en psychologie cognitive ou en infocom. « Nous souhaitons ouvrir d'autres diplômes à l'alternance, mais il est vrai que cela reste difficile dans les disciplines telles que l'histoire, la sociologie ou les lettres », explique Olivier Desoubry, vice-président de Rennes II.Loin des idées reçues, les universités françaises ne sont donc pas en reste en matière de professionnalisation. « Elles sont plus avancées qu'en Allemagne ou en Italie, indique Simone Bonnafous. La question est plutôt celle de la capacité des entreprises à intégrer et professionnaliser des étudiants issus de filières générales. » Pour la vice-présidente de la conférence des présidents d'université (CPU), ce débat est surtout dû « au modèle dual français » qui a favorisé la suprématie des grandes écoles en matière de professionnalisation. « Ce n'est pas le cas en droit ou en médecine, car les universités ont gardé le monopole dans ces disciplines. » Reste un enjeu pour les universités, la formation continue. Mais, prévient Simone Bonnafous, cette nouvelle priorité n'est pas sans conséquences sur le métier d'enseignant-chercheur, l'organisation de la collecte des fonds, et l'adaptation des universités à une plus grande modularité de leurs enseignements.
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